Les Israéliens, ne lésinant sur aucun superlatif, parlent alors du début d'une vraie histoire d'amour. Ce que Nicolas Sarkozy a mis sous le vocable de «véritable renouveau de la relation franco-israélienne». En foulant le sol de l'Etat d'Israël, Nicolas Sarkozy se trouve dans l'obligation de faire oublier deux images qui avaient lourdement marqué la relation franco-israélienne de ces dernières années. La première a eu lieu dans la vieille ville de Jérusalem en octobre 1996, lorsque, ceinturé avec zèle par les services de sécurité israélienne, Jacques Chirac exulta son célèbre «Do you want me to go back to my plane ? ». La seconde eut pour théâtre le parvis de l'université palestinienne de Bir Zeit en février 2000 lorsque le Premier ministre de l'époque, Lionel Jospin, dut quitter précipitamment les lieux; une pluie de pierres d'étudiants en colère lancées à propos de ses déclarations sur le Hezbollah. La visite de Nicolas Sarkozy aura donc à clôturer une longue parenthèse de méfiance et de défi entre Paris et Tel-Aviv. Aux fréquentes accusations d'antisémitisme adressées à la France pendant l'ère Ariel Sharon doublées d'une invitation insistante lancées aux Juifs de France d'immigrer en Israël, répondait une froide indignation française contre cet excès. La relation entre les deux pays atteignait souvent les limites de la rupture. Jusqu'à ce que Nicolas Sarkozy remporte la bataille présidentielle. Les Israéliens, ne lésinant sur aucun superlatif, parlent alors du début d'une vraie histoire d'amour. Ce que Nicolas Sarkozy a mis sous le vocable de «véritable renouveau de la relation franco-israélienne». Nicolas Sarkozy qui s'apprête à prendre la présidence de l'Union européenne, marche sur les pas de François Mitterrand. Son discours devant la Knesset prévu ce lundi fait écho dans les mémoires à celui prononcé le 4 mars 1982 par l'ancien président socialiste. Il évitera ceux de Jacques Chirac, friand de bains de foules démonstratifs. Mais c'est le contexte politique régional qui donne à ce déplacement une pigmentation particulière. La diplomatie française a cru déceler la présence d'«un nouvel esprit (qui) souffle dans cette région tant de fois endeuillée : accord de Doha sur le Liban, pourparlers indirects syro-israéliens, échange humanitaire entre Israël et le Hezbollah, et maintenant annonce de cette trêve à Gaza», selon les propres expressions du Quai d'Orsay. Autant d'indicateurs qui font de ce voyage un exercice diplomatique à hauts risques. Le comportement et les dires de Nicolas Sarkozy seront scrutés à la loupe par les capitales arabes invitées à s'investir dans le projet de l'Union pour la Méditerranée. D'abord sur la question palestinienne que la présidence française sait au cœur des réticences arabes à ce projet. Le président français sera partagé et son expression contrainte entre son désir de montrer une amitié et une solidarité sans limites avec les israéliens et l'obligation de lui dire quelques vérités pour les pousser à adopter une autre politique. Celle-ci, selon ses propres mots «nécessitera des compromis historiques et des sacrifices douloureux (…) le gel total de la colonisation (israélienne) qui est un obstacle à tout règlement final. La paix est à ce prix». Objectif affiché : «créer un choc de confiance auprès de la population palestinienne». Le président français, qui rencontrera le président palestinien à Bethléem et non à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, aura à cœur de décliner ce message. Les observateurs relèveront la moindre intonation pour comparer les anciennes approches avec la nouvelle attitude. La visite de Nicolas Sarkozy, qui a failli être reportée pour cause d'ennuis judiciaires du Premier ministre Ehud Olmert, se passe à un moment où Paris et Damas se livrent à un flirt endiablé. Bachar Al Assad est attendu à Paris à la mi-juillet pour concrétiser le grand marchandage entre Syriens et Israéliens sous parrainage turc avec le Golan comme monnaie d'échange. L'autre point de convergences entre Israéliens et Français touche essentiellement l'Iran et leur opposition absolue à son programme nucléaire militaire. Nicolas Sarkozy, qui ne rate aucune occasion pour décrire la dangerosité d'un monde où les Ayatollah posséderaient l'arme nucléaire, devrait profiter de cette visite pour redire avec force la détermination de Paris de tout mettre en œuvre pour empêcher l'Iran d'entrer dans le club très fermé des pays détenteurs de l'arme nucléaire.