Pour Nicolas Sarkozy, le sommet de Charm El-Cheikh a été l'occasion de fermer une longue parenthèse ouverte il y a presque trois semaines avec une tournée au Proche-Orient. alors que les bombardements israéliens de la bande de Gaza faisaient rage. Deux grandes images se sont télescopées dans l'actualité en l'espace de quelques heures et ont imposé une inévitable comparaison à forte connotation politique : celle du sommet de Doha où, autour de l'émir du Qatar, du président syrien Bachar El Assad et de l'Iranien Mahmoud Ahmadinejad, l'action résistante du Hamas en la personne de son chef Khaled Mechaâl a été sublimée et celle de Charm El-Cheikh, où autour de Nicolas Sarkozy, de Hosni Moubarak et des principaux dirigeants de l'Europe (Berlusconi, Merkel et Zapatero) ainsi que de Ban Ki-moon, la realpolitik prônée par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a été portée aux pinacles. Pour Nicolas Sarkozy, le sommet de Charm El-Cheikh a été l'occasion de fermer une longue parenthèse ouverte il y a presque trois semaines avec une tournée au Proche-Orient alors que les bombardements israéliens de la bande de Gaza faisaient rage. A cette époque, le président français avait mis tout son poids dans la balance pour convaincre Israël de procéder ne serait-ce qu'à une trêve humanitaire. Nicolas Sarkozy, toujours auréolé de son rôle de président de l'Europe, misait son indéfectible et sincère amitié à l'égard d'Israël qu'avait illustrée entre autre le forcing français contre l'avis de nombreux dirigeants européens d'octroyer à Israël un statut de relations privilégiées avec l'UE. Les responsables israéliens avaient sur le champ fait la sourde-oreille. Plus la guerre devenait monstrueusement meurtrière, plus s'épaississait l'ampleur du désaveu français, rendant aphone tout un continent européen dont les chefs voulaient se frayer un chemin de paix vers cette région et se construire un nouveau leadership sur les décombres de la guerre. En bon politicien, Nicolas Sarkozy voulait profiter de la vacance forcée du pouvoir américain, de la paralysie de la diplomatie américaine pour faire entendre la voix de l'Europe. Les trois semaines de guerre ont apporté un cinglant démenti à cette légitime ambition. Jusqu'à ce que le choix du cessez-le-feu unilatéral se soit imposé à Israël et au Hamas, fruit sans doute de la pression internationale conjuguée, de l'overdose de tueries de civils largement atteinte ou du calendrier américain qui ouvre la voie à l'investiture de Barack Obama. Il n'empêche que le cessez-le-feu demandé par l'initiatives franco-égyptienne au début de cette guerre semblait pointer ses lueurs à l'horizon. Un sommet à Charm El-Cheikh est organisé dans l'urgence. Maître de cérémonie incontournable, le président français Nicolas Sarkozy et en guest-star, une brochette de dirigeants européens avec Ban Ki-moon en prime, suivi d'un dîner très politique à Jérusalem à l'invitation du Premier ministre israélien Ehud Olmert. Et à Nicolas Sarkozy de donner le tempo de cette rencontre avec un langage qui se veut drapé d'un halo de vérité sur le ton «les amis doivent se dire les choses» : «Nous n'avons pas soutenu et approuvé l'intervention de Tsahal à Gaza. Nous connaissons et nous avons reconnu la faute initiale du Hamas, avec les roquettes qui ont conduit à l'interruption de la trêve. Mais nous pensons que la place de Tsahal n'est pas à Gaza». En plus de cette photo top qui se voulait une réponse des modérés au meeting des «radicaux» de Doha et avant celle prévue hier lundi des financiers de la reconstruction à Koweït, Nicolas Sarkozy a remis sur le tapis une autre idée qui a beaucoup de chance de faire jaser dans les deux camps : «Nous pensons qu'il faut (...) profiter de cette crise pour remettre sur la table l'idée d'une grande conférence qui permettrait de poser les bases d'une paix durable». Nicolas Sarkozy a par ailleurs profité de ce sommet pour expliquer la non ouverture de canaux de discussion avec le Hamas qui limite largement l'efficacité de sa diplomatie. Son entourage argumente : «Si on discute avec le Hamas maintenant, ça veut dire qu'on met le Hamas sur le même plan qu'Israël et alors le cessez-le-feu n'est plus possible». Un dialogue avec le Hamas «serait très imprudent» (car il) «tuerait politiquement» le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.