La plupart des éditorialistes de la presse française, parlant de l'installation de Barack Obama à la Maison-Blanche, se croient obligés d'établir une comparaison entre le nouveau président américain et Nicolas Sarkozy. Est-ce un effet de mode inévitable, un exercice de style obligé ou une vaste illusion qui caressent les ego dans le sens du poil, la plupart des éditorialistes de la presse française, parlant de l'installation de Barack Obama à la Maison-Blanche, se croient obligés d'établir une comparaison entre le nouveau président américain et Nicolas Sarkozy. Des comparaisons qui détaillent leurs cérémonies d'investiture, leurs premiers gestes, jusqu'à leur manière de marquer les premiers instants de leur gouvernance. Quand l'un accomplit en train un parcours historique jusqu' à Washington soulevant une vaste adhésion populaire, l'autre organisait un dîner sélect au très mondain «Le Fouquet's» avant de se précipiter à la Concorde pour un bain de foule et de lumière. Même si la démarche tournait à l'ouverture des portes ouvertes, il faut reconnaître à Nicolas Sarkozy d'avoir été parmi les premiers chefs d'Etat à sentir «publiquement» venir la victoire de Barack Obama. En pleine tournée de séduction européenne, le candidat Obama fait une escale à l'Elysée, l'occasion pour le tout nouveau locataire des lieux de lui donner du «mon copain» exagérément intimiste et des tapes amicales bien appuyées sur le dos. Histoire de montrer au monde que la relation entre Paris et Washington est non seulement chaudement rétablie sous l'ère Bush mais qu'elle est sur le point de connaître des pics d'amitié et de complicité rarement atteints. Et puis le temps de la communication faisant son œuvre, la presse française faisait sortir des effluves de jalousie du Palais de l'Elysée à l'encontre de Barack Obama attendu comme le Messie, le sauveur du chaos. Ces petites amertumes entre amis coïncidaient avec la présidence française de l' Union européenne qui se télescopait elle-même avec une longue mise en berne de la dynamique américaine. Le républicain G. Bush terminait lentement, pieds et poings liés, son mandat et le démocrate Obama préparait silencieusement sa prise de pouvoir. C'est la parenthèse choisi epar Nicolas Sarkozy pour monter au front de l'actualité mondiale. Le nouvel homme fort de l'Europe a surfé sur quatre grandes crises pour bien imposer sa marque. La première c'est la crise de la Géorgie où il s'est permis pour la première fois d'égratigner publiquement, non sans un brin de frime et de moquerie, l'indifférence des Américains à un conflit qui menaçait la sécurité du monde. La seconde fut la crise économique qui a permis à Nicolas Sarkozy de déployer, devant un G. Bush tétanisé, ses talents de manager réactif en convoquant et en organisant un sommet à Washington. La troisième est l'Afghanistan où la France a procédé à une augmentation de ses troupes au sol pour bien marquer sa présence militaire sur le terrain. La dernière occasion lui fut offerte par la guerre israélienne contre Gaza. En quelques heures, Nicolas Sarkozy réussit à faire venir à Charm El-Cheikh un prestigieux casting européen pour célébrer le cessez-le-feu unilatéral d'Israël et du Hamas. A cette occasion , Nicolas Sarkozy trouve le temps de tirer une dernière salve à l'encontre du nouveau leadership américain en cours de fabrication : «Bien sûr qu'on aura besoin des Etats-Unis d'Amérique. Personne n'a l'idée de les exclure mais personne ne doit attendre». Le vide international provoqué par la longue transition américaine a permis à Nicolas Sarkozy de jouer les meneurs de troupes. L'arrivée de Barack Obama et sa diplomatie active annoncée a de fortes chances de siffler la fin de la partie et de reprendre la main sur des dossiers que, par incapacité ou par choix, elle avait sous-traités aux Européens. La sanglante actualité de Gaza a imposé la résolution du conflit israélo-palestinien comme une priorité d'urgence absolue. Alors que Nicolas Sarkozy refuse toujours d'ouvrir publiquement un canal de communication avec le Hamas, la nouvelle administration américaine n'exclut pas de devoir inclure le Hamas dans le package de négociations d'une solution globale. De même qu'elle n'exclut pas d'ouvrir une voie de dialogue avec le régime iranien de Mahmoud Ahmadinejad là où Nicolas Sarkozy en était resté à la menace-sanction-isolement pour obliger les Iraniens à changer d'attitude.