La sourde compétition que se livrent Nicolas Sarkozy et Barack Obama n'est un secret pour personne. «Choc des ego», avait titré l'Express dans sa dernière livraison. Ce n'est pas un hasard si une partie de la presse magazine française s'est jetée sur le sujet avec une gourmandise mondaine. La sourde compétition que se livrent Nicolas Sarkozy et Barack Obama n'est un secret pour personne. «Choc des ego», avait titré l'Express dans sa dernière livraison. La crise afghane vient de démontrer encore une fois que la belle alchimie qui, jadis avait coloré les relations entre Nicolas Sarkozy et George Bush, n'est pas de la même qualité que celle qui tresse les liens entre le président de la République et le locataire de la Maison-Blanche. A la veille de l'annonce de la stratégie tant attendue de Barack Obama en Afghanistan et qui reposait essentiellement sur l'envoi de 30.000 hommes supplémentaires sur le terrain, Hillary Clinton avait téléphoné à son homologue français Bernard Kouchner pour discuter des forces que la France pourrait mettre à la disposition de la coalition en Afghanistan et lui demande 1.500 hommes supplémentaires. Cet appel fut suivi d'une conversation téléphonique entre Sarkozy et Obama sur le sujet. Résultat des courses, la France confirme sa décision de ne pas envoyer un soldat supplémentaire dans le bourbier afghan, même si Nicolas Sarkozy a redit son intention de ne pas bouger les 3.400 soldats français déjà engagés sur le terrain. Avec cet argumentaire plus destiné à la consommation domestique qu'à réduire la fracture de plus en plus grande entre lui et Obama sur le sujet : «Renoncer, ce serait laisser le champ libre au terrorisme et à la violence barbare des fanatiques (et) abandonner un peuple ami qui aspire à la paix ». A scruter la position française sur la manière avec laquelle la crise afghane doit être gérée en liaison directe avec le grand allié américain, une grande interrogation paralyse l'esprit : la grande hésitation de Nicolas Sarkozy à accompagner avec plus d'ampleur l'effort de guerre américain en Afghanistan, comme le fait le Premier ministre britannique Gordon Brown, est-elle le fruit d'une vraie divergence entre les deux hommes sur la thérapie envisagée pour cette interminable guerre ? Ou s'agit-il pour Nicolas Sarkozy d'une incapacité à surmonter un obstacle interne, celui de convaincre les Français de la pertinence politique et militaire d'envoyer davantage de soldats français en Afghanistan ? L'autre sujet de divergence entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama concerne le sommet de Copenhague sur le climat. Apprenant que le président américain ne participerait pas aux phases finales du sommet les 17 et 18 décembre pour cause du prix Nobel qu'il doit recevoir à Oslo aux alentours du 10, Nicolas Sarkozy est entré dans une colère fébrile : «si certains d'entre nous viennent au début, si d'autres viennent à la fin, à quel moment gèrerons-nous les décisions ? (..) Il faut que l'engagement se fasse au plus haut niveau (...) Il faut que les chefs d'Etat et de gouvernement soient présents les 17 et 18 décembre à Copenhague car c'est là que tout va se décider». Cet énervement de Nicolas Sarkozy à l'encontre de Barack Obama a été contré par Ségolène Royal qui s'est mue en avocate du président américain. Elle accuse le président français de «chercher une très mauvaise querelle» à son homologue américain avec cet argument : «c'est la première fois que les États-Unis d'Amérique s'engagent, malgré le lobby pétrolier, malgré le lobby de l'automobile, sur un objectif chiffré. C'est déjà un effort considérable». La relation entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama paraît à ce point sur le fil du rasoir que le monde attend avec impatience les clichés sur lesquels ils doivent figurer et simuler cette entente cordiale.