Le président français s'apprête à recevoir Netanyahou et Al Assad cette semaine. Ces rencontres interiviennent dans un contexte assez terni. C'est une séquence diplomatique assez intense que le président Nicolas Sarkozy s'apprête à vivre cette semaine. Une de ses parenthèses susceptibles de lui mettre du baume au cœur et de lui faire oublier les petits soucis domestiques que traduisent les sous-sols des sondages dans lesquels sa popularité est parquée depuis longtemps. Le casting est idéal. Deux incontournables vedettes de la politique du Proche-Orient vont prendre la photo avec lui sur le perron de l'Elysée. Il reçoit aujourd'hui mercredi le Premier ministre Benyamin Netanyahou et recevra à déjeuner vendredi prochain le président syrien Bachar Al Assad. Les deux rencontres interviennent dans un contexte régional assez terni, sous un ciel couvert et électrique. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s'apprête à jeter l'éponge faute d'espoir pour sortir sa cause de l'impasse. Et le dossier iranien traîne en longueur, en incertitudes et en lamentations de part et d'autre. Et c'est un Benyamin Netanyahou assez ombrageux qui pose pied à Paris. Sa rencontre avec le président Barack Obama et l'épaisse couche de discrétion qui l'a entourée, ont été interprétées comme le signe de la grande mauvaise humeur américaine à l'encontre de son allié stratégique. Les commentaires de la presse internationale déversaient leur acidité sur cette discrétion inédite dans les annales des relations entre responsables israéliens et américains. Benyamin Netanyahou qui, par calcul ou amour propre, refuse d'admettre qu'il a été reçu par la porte de service de la Maison-Blanche, va certainement essayer de se rattraper à Paris en présence de Nicolas Sarkozy. Sauf que le président français n'a pas beaucoup de cartes dans son jeu. Sans parler de la difficile relation que les diplomates français entretiennent avec l'appareil militaire israélien aux portes de Gaza comme l'illustrent de nombreux incidents, le souvenir est encore frais dans les mémoires de cette annulation spectaculaire de dernière minute de la visite de Bernard Kouchner en Israël et dans les territoires, à cause d'une réticence israélienne qui aurait aimé que le France vote contre le rapport Goldstone au lieu de s'abstenir. Sur le plan des effets d'annonce, Nicolas Sarkozy peut toujours sortir de sa manche sa valeureuse trouvaille qu'est l'Union pour la Méditerranée lancée en juillet 2008. Récemment encore, il a eu l'occasion de faire part de son rêve éveillé: «Je me demande si le (...) conflit entre Palestiniens et Israéliens n'est pas plus à même d'être réglé dans le cadre de cette Méditerranée qui nous est commune que dans d'autres enceintes, qui ont montré depuis 1949 leur incapacité à faire, en la matière, le moindre progrès». Et pour se préparer à toutes les éventualités, la diplomatie française ne se ferme devant aucune hypothèse, y compris celle diabolisée à outrance de prendre langue avec le Hamas. Un des porte-parole du ministère des Affaires étrangères s'est voulu cette semaine explicite sur le sujet: «nous serons disposés à entretenir un tel dialogue lorsque ce mouvement acceptera les principes du processus de paix». Nicolas Sarkozy aura à traiter en un espace très court avec deux grands acteurs de cette zone de tension qu'est le Proche-Orient : Netanyahou, l'usé et Assad le revenant. Les échecs américains à dévier le cours des événements entretiennent par ricochet cette grande illusion que la grande Europe emmenée par la France de Nicolas Sarkozy peut pallier à ce vide. Là où Barack Obama s'est cassé les dents en oubliant ses promesses, un homme comme Nicolas Sarkozy peut-il participer à faire bouger les lignes ? La réussite politique d'un tel stratagème dépend de ce fait : qu'un homme comme Benyamin Netanyahou, acculé, puisse feindre d'y croire.