Le Procureur du Roi près la Cour d'appel de Settat a ordonné, dans la soirée du mercredi, le placement en détention provisoire du suspect impliqué dans le crime atroce qui a secoué la ville de Ben Ahmed. Le début de son procès à la Chambre criminelle de première instance est prévu par ailleurs pour le 20 mai. La présentation du suspect devant le procureur du Roi près la Cour d'appel de Settat était initialement prévue mercredi après-midi, mais a été finalement différée suite à la découverte de restes humains supplémentaires. Les résultats des analyses techniques et scientifiques réalisées sur les échantillons d'ossements découverts ont révélé que certains ne correspondaient pas à l'ADN de la première victime, laissant supposer l'existence d'une seconde victime. Un individu intable et violent Le suspect, un quinquagénaire réputé pour sa violence et son instabilité psychique, a été arrêté dimanche sur les lieux du crime, après la découverte de restes humains enveloppés dans des sacs en plastique dans les sanitaires de la grande mosquée de la ville. Alors que la police s'activait pour retrouver le reste du corps démembré, les recherches vont révéler la présence de restes humains éparpillés dans plusieurs endroits : les toilettes attenantes à la grande mosquée, des champs avoisinant l'école Al-Wahda, les sanitaires de la mosquée, ainsi que le domicile du suspect. Lors de la perquisition, les équipes de la police scientifique ont trouvé plusieurs armes blanches sur le lieu du crime et au domicile du suspect qui se trouvait dans un état anormal et portait des sous-vêtements tachés de sang. Une vidéo de son arrestation, le montrait dans un état second et récitant des versets coraniques. D'après les témoignages de ses voisins et des habitants de Ben Ahmed, le présumé tueur, était un revendeur de légumes avant de se convertir en « gérant de sanitaires » de la grande mosquée. « Très agressif et franchement dérangé, il est devenu intraitable et montrait des tendances extrémistes. Il s'attaquait aux gens, aux femmes et proférait des insanités et des menaces contre tout le monde. Il semait la terreur autour de lui », raconte un voisin du suspect. Plus de 50 plaintes ? Des propos qui sont confirmés par le grand nombre de plaintes portées contre lui par ses victimes. « 59 plaintes ont été enregistrées contre lui avant ce crime. D'ailleurs il a été interné à plusieurs reprises à l'hôpital psychiatrique d'Errazi à Berchid car présentant des signes de troubles psychiques mais au bout de 4 à 6 jours il était relâché pour réapparaitre dans son repère habituel à Ben Ahmed », raconte M. Smaâni, acteur de la société civile locale. Ce dernier note par ailleurs que le présumé tueur s'entrainait auparavant sur des animaux et qu'il a déjà tué des chats et des chiens errants. Un comportement typique de tueurs en série ?! « Mais le pire c'est que la veille de la découverte du premier corps démembré, le suspect a été aperçu avec un sachet contenant de la viande hachée et se dirigeant vers une gargote pour la griller. Lors des recherches, la police a même découvert un foie grillé partiellement consommé qui vraisemblablement appartenait à la première victime Rahal » détaille le témoin. Un fou doublé d'un cannibale ? Selon le témoignage des proches de la deuxième victime, Hicham, un quarantenaire père de deux enfants, disparu juste après Aid al Fitr, la police n'avait retrouvé que la tête et un doigt de son corps. Par ailleurs la piste des pratiques cannibales serait plausible vu l'état des restes humains et les membres désossés découverts par la police. Plusieurs témoignages affirment que ces derniers temps, le tueur se rendait régulièrement aux abattoirs de la ville et y passait un bon moment. Un véritable cauchemar pour la ville paisible et pour ses habitants qui depuis dimanche plongent dans la psychose. Une situation aggravée par les différents récits et par les soupçons d'une série de meurtres commis par le « cannibale de ben Ahmed ». Selon Youssef Merdi, un bolgueur de la ville, « la population ne dort plus, alerte et à l'affût de nouvelles. Tout le monde craint le pire et la découverte d'autres cadavres et d'autres victimes. C'est un véritable cauchemar pour tout le monde », conclut-il. Tueur en série de sang froid, individu souffrant de graves troubles psychiques ou fanatique aliéné ? Le suspect nie toujours son lien avec les deux meurtres. En attendant les conclusions finales de l'enquête policière, les hypothèses se multiplient et la ville vit sur les nerfs.