La visite de Sarkozy à Washington était attendue depuis de longs mois en France puisque le président Sarkozy est le dernier grand dirigeant européen à être reçu à la Maison Blanche, bien après la chancelière allemande Angela Merkel ou le Premier ministre britannique Gordon Brown. La visite de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis vient à un moment-clé pour lui ainsi que pour Barack Obama. Le président français entend redorer son statut présidentiel après les élections régionales. Barack Obama, en revanche, est lui en position de force après avoir fait passer la réforme de la santé et avoir signé un accord sur le désarmement nucléaire avec la Russie. Les deux dirigeants se sont d'abord retrouvés dans l'après-midi pour un entretien qui a duré un peu plus d'une heure dans le Bureau ovale, avant de donner ensemble une conférence de presse dans la prestigieuse «East Room» de la Maison Blanche et non dans les jardins, menacés par la pluie. Barack Obama et Nicolas Sarkozy ont cherché à afficher leur complicité en échangeant quelques plaisanteries, avant de montrer la proximité de leurs analyses sur les sujets de préoccupation mondiale d'autant que le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN a été très apprécié à Washington. Les deux présidents, qui se sont appelés toujours par leurs prénoms, ont ensuite rejoint les appartements privés du couple Obama pour un dîner en compagnie de leurs épouses, donnant ainsi un retentissement particulier à cette rencontre. Le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN a été très apprécié à Washington. «Il existe des relations très solides entre les deux dirigeants», a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Robert Gibbs. Ce dernier était interrogé sur la possibilité que le tapis rouge déroulé au président français puisse compenser ce qui avait été considéré comme des manifestations de froideur du président américain vis-à-vis de Nicolas Sarkozy lors de visites en France l'année dernière. L'analyse des deux présidents sur les grands sujets de préoccupation mondiale est très proche, selon leurs entourages. Ils sont convaincus de la nécessité de renforcer les sanctions pour empêcher l'Iran d'accéder à l'arme nucléaire. Ils souhaitent également sortir le processus de paix au Proche-Orient de l'impasse, même si Barack Obama reste réservé sur l'idée de réunir une conférence internationale promue par Sarkozy. Concernant les relations strictement bilatérales, Obama n'a pas demandé au président français de renforcer le contingent de soldats français en Afghanistan, a indiqué Gibbs. Paris avait indiqué à l'avance que Washington se heurterait de toute façon à un refus. Les deux hommes évoqueront enfin le dossier controversé de l'appel d'offres pour la livraison d'avions ravitailleurs à l'armée américaine, jugé déloyal en Europe, dans lequel Airbus hésite à revenir défier Boeing. Le 12 mars, le président français avait critiqué le comportement des Américains lors de cet appel d'offres portant sur la fabrication et la livraison de 179 appareils, le nouveau cahier des charges ne permettant qu'à l'avionneur américain Boeing de l'emporter. Lors de sa visite, Nicolas Sarkozy a poursuivi l'offensive qu'il mène depuis la crise financière pour demander plus de régulation des marchés et qu'il défend à chaque sommet mondial, depuis le G20 jusqu'à Davos. Lors de ce dernier sommet, en janvier, il avait salué le plan Obama contre la spéculation des banques. Mais le président Obama ne s'est personnellement pas avancé pour faire adopter ce plan. Concernant l'après Copenhague, et pour relancer des négociations sur le climat, Nicolas Sarkozy a rencontré, mardi matin, le Sénateur démocrate John Kerry, qui porte le projet de législation «verte» américaine. «Si les Etats-Unis ne sont pas en mesure d'adopter une loi, alors comment pourrons-nous entraîner la Chine, l'Inde, le Brésil ?», plaide l'Elysée. Le président français a proposé à plusieurs reprises à ses collègues européens la mise en place d'une taxe carbone aux frontières de l'UE.