Le PJD a fini par s'exprimer sur sa déroute lors du dernier scrutin partiel. Ses piètres résultats prouvent, selon ses leaders, qu'il a réussi son "examen de l'honnêteté et de la transparence". Saâd Eddine El Othmani et plusieurs autres leaders du PJD ont tenu, mardi en fin d'après-midi, une rencontre avec la presse pour s'exprimer officiellement sur les élections du 8 septembre pour le renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers. Dans un communiqué diffusé à cette occasion, le PJD estime que ce scrutin partiel était une preuve supplémentaire de "l'incapacité du gouvernement à garantir l'honnêteté et la crédibilité des échéances électorales". En général, estime le PJD, ces élections partielles constituent une "grave régression" dans le processus de l'édification des institutions démocratiques dont le Maroc a besoin. Les islamistes considèrent également que le fait qu'ils n'aient obtenu aucun siège est une preuve de leur «ligne politique honnête» et de leur pratique électorale non moins honnête. Une illustration, poursuit le communiqué, de la fidélité du parti à ses principes et le refus de sa hiérarchie et de ses bases de recourir à des pratiques malhonnêtes. Saâd Eddine El Othmani a salué la "résistance" des siens parmi les grands électeurs à toutes les formes de "tentation" tout en affirmant que son parti a pris des mesures organisationnelles à l'encontre de trois conseillers communaux qui n'ont pas voté pour la liste PJD dans la région de Guelmim-Smara. Le secrétaire général n'a toutefois pas révélé les raisons qui ont poussé ses trois camarades à "bouder" la liste portant le symbole de la lampe. Le PJD justifie également sa déroute lors de ce scrutin en affirmant qu'il ne disposait pas d'une grande base électorale à cause des "pressions" exercées sur le parti lors des élections professionnelles et communales du 12 septembre 2003. Pour les islamistes, le gouvernement est responsable des dérives que connaît le champ politique national. Ils appellent donc à l'adoption d'une approche "courageuse" pour faire face à la corruption et aux corrupteurs. Le PJD appelle aussi à une révision de fond en comble de la Chambre des conseillers : prérogatives, structures, mode d'élections..., pour, en définitive, déboucher sur une institution démocratique et crédible. Le communiqué du PJD, contrairement aux multiples déclarations de ses leaders, n'appelle pas à la suppression de cette Chambre. Pour rappel, ce parti a présenté 42 candidats au scrutin du 8 septembre dont Abou Bakr Belkora, maire de Meknès qui était dans la course à l'un des sièges impartis à la région de Meknès-Tafilalet au titre du collège des collectivités locales. Les attaques du PJD contre le gouvernement ont commencé bien avant ce scrutin. Dans un entretien à ALM (cf. notre édition du 29 août 2006), Lahcen Daoudi déclarait que l'attitude à l'envers du gouvernement Jettou allait être clarifiée après les élections du 8 septembre. «Je pense qu'on avisera après les élections du 8 septembre 2006, le temps de voir la capacité de ce gouvernement à continuer à gérer les grandes échéances décisives dans notre pays», affirmait M. Daoudi en réponse à une question relative à la revendication par le PJD de la constitution d'un autre gouvernement pour préparer les élections de 2007. Au moment où ce parti fustigeait encore une fois le gouvernement, Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur, se réunissait de nouveau avec les partis de la majorité pour une évaluation du scrutin du 8 septembre ; rencontre à l'issue de laquelle Abbas El Fassi et Mohamed Elyazghi se sont dits satisfaits et rassurés pour les étapes à venir.