Près d'un mois après la publication du sondage de l'IRI, le PJD revoit ses ambitions à la baisse. Ses leaders se démènent pour exclure un raz-de-marée islamiste en 2007. Un gouvernement PJD ? Abdellah Baha en doute fort. Il est difficile d'affirmer que le PJD (Parti de la Justice et du Développement) puisse être l'auteur d'un raz-de-marée lors des élections législatives de 2007 et cela semble encore improbable d'avoir un Premier ministre islamiste après cette échéance. C'est ce que l'on peut tirer de l'entretien accordé, jeudi 13 avril 2006, à la publication officieuse du PJD (Attajdid) par le député islamiste Abdellah Baha, bras droit de Saâd Eddine El Othmani. Pour le vice-secrétaire général du PJD, les projecteurs sont braqués sur le parti islamiste à cause des défaillances des autres formations partisanes qui meublent et qui ont longtemps meublé le paysage politique national. Le PJD se fait peur. Mais les attentes des citoyens, affirme le deuxième responsable de ce parti, lui font peur également. "Nous ne cherchons pas à vendre des illusions. Les attentes des citoyens n'ont pas trouvé réponse chez sept partis formant le gouvernement et elles dépassent ce que pourrait supporter une seule formation politique y compris le PJD", affirme Abdellah Baha. On pourrait lire ces précisions comme un appel aux électeurs potentiels du PJD à ne pas trop exagérer l'utilité du parti islamiste si toutefois il arrive aux affaires. Baha explicite encore plus son propos quand il affirme que le rôle d'opposition de son parti cristallise, en quelque sorte, ces attentes, surtout que le PJD n'a pas eu de véritable expérience en matière de gestion si ce n'est celles, "réussies et encourageantes", à la tête de quelques communes. "Notre parti est pleinement conscient de ses moyens, de ses capacités et de l'étape qu'il atteinte dans son évolution politique. (...) Toute prétention à détenir des solutions prêtes et extraordinaires renferme beaucoup d'exagération", précise le chef en second du parti islamiste. Selon Abdellah Baha, il faut aller au-delà des sondages et des clivages partisans pour servir un unique objectif : l'intérêt général de la Nation. C'est l'occasion aussi pour Abdellah Baha de s'en prendre à ceux qui avaient profité du sondage de l'IRI pour s'attaquer au PJD, une catégorie que le vice-secrétaire général du PJD qualifie d'"éradicateurs", terme à la mode chez les islamistes depuis le 16 mai 2003. Le PJD minimise ainsi les résultats du sondage de l'IRI le donnant largement vainqueur aux élections législatives si ces dernières arrivaient à être organisées maintenant. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que les responsables du PJD tiennent ce discours. Dans un précédent entretien de Saâd Eddine El Othmani à un hebdomadaire casablancais, ce dernier affirmait qu'"on a amplifié ce résultat qui ne veut rien dire sur le terrain". Le patron du PJD y déclare également que son parti n'est pas seul dans le paysage politique à être capable de mobilisation. Cela n'empêche pas le PJD de rejouer sur la corde de la moralisation, le respect de la démocratie et de la volonté des électeurs. En relation avec ledit sondage, Baha affirme que faire le lien entre ce dernier et la visite programmée aux Etats-Unis n'est que le fruit d'analyses superficielles et hâtives avant de rappeler tous les griefs que formule son parti à l'encontre de l'administration américaine. En mars dernier, l'IRI (Institut républicain international), que préside le sénateur John McCain, avait publié un sondage attribuant 47 % des voix aux élus PJD si le scrutin se tient avant 2007, contre 17 % pour les socialistes de l'USFP et 12 % pour le Parti de l'Istiqlal. C'est le résultat, pour nuancer, des réponses recueillies auprès des "indécis" qui représentent 78 % des 1.500 personnes sondées. Vote-sanction ? Tout porte à dire qu'il en sera question lors des législatives de 2007. Toutefois, il faudra attendre l'adoption de la nouvelle loi électorale et la fin des tractations entre divers partis politiques concernant les alliances possibles et envisageables. Car, comme dirait Abdelouahed Radi, en politique, rien n'est impossible. Le PJD, lui, semble penser au faisable dans un accès de soudaine lucidité.