Annoncé comme capable de réussir un raz-de-marée en 2007, le PJD tempère ses ardeurs pour se présenter en tant que parti "normal" qui accepte les règles du jeu. Loin semble être l'époque, pourtant récente, où l'IRI (International Republican Institute) créditait le PJD d'un raz-de-marée électoral avec les 47 % des voix aux prochaines élections législatives. Actuellement, le parti de Saâd Eddine El Othmani continue sur la voie de la "normalisation" et, s'il s'attache toujours à mettre en premier lieu l'Islam comme référentiel, sa nouvelle littérature avance comme mots-clés la défense de l'intégrité territoriale et la monarchie constitutionnelle. Mais aussi la défense du pluralisme et de la concurrence loyale. Plus encore, le "nouveau PJD" se dit prêt à assumer ses responsabilités au cas où il serait appelé à faire partie d'un gouvernement, avec des conditions dont un Premier ministre politique pour diriger un gouvernement "responsable" face à des institutions "crédibles" comme cela avait été formulé lors de l'une des dernières sorties médiatiques de Saâd Eddine El Othmani. Le PJD se veut rassurant sur les fondements de la société marocaine et pousse même l'"audace" jusqu'à émettre des signaux "inespérés" il y a peu de temps. Sinon, quelle lecture faire de la déclaration de l'un de ses jeunes dirigeants qui affirmait, il y a quelques jours à Marrakech, que son parti n'a nullement l'intention d'interdire les bars et les discothèques. Le MUR (Mouvement Unicité et Réforme, base arrière du PJD) se chargera des "sales besognes" comme cela est déjà le cas depuis que les deux ont instauré une sorte de partage des rôles. Aujourd'hui, le PJD, comme tout autre parti politique, a initié une course contre la montre pour accaparer une partie du gâteau de 2007. Ses dirigeants ont passé une bonne partie de l'été à sillonner les pays européens accueillant une forte communauté marocaine. Ces dernières semaines, les amis de Saâd Eddine El Othmani enchaînent meetings et ateliers pour encadrer et surtout renforcer leurs rangs. Le PJD, déjà en alliance avec "le parti Forces citoyennes, n'a pas encore arrêté tous ses choix et fait des appels du pied à tous les alliés potentiels en usant à leur endroit des qualificatifs, assez vagues, d'"honnêtes citoyens" et de "forces vives de la nation". En attendant le jour "J", le PJD semble aussi avoir trouvé le filon qui servira de dénominateur commun à sa campagne électorale : la critique des réalisations (et manquements) de l'équipe de Driss Jettou. Et pour pimenter le tout, des sorties médiatiques de temps à autre pour accuser d'autres partis ou l'Etat de "comploter" contre le PJD pour l'empêcher de percer. Les amis de Saâd eddine El Othmani sont déjà passés par un test qui a sa signification même à petite échelle. Aucun de ses candidats ayant concouru le 8 septembre dernier n'a été élu à la deuxième Chambre. Restent seulement les fraudes et autres procès pour corruption électorale qui servent de pain béni aux héritiers du docteur El Khatib.