L'élection de Saâd Eddine Al Othmani à la tête du Parti de la Justice et du Développement n'a pas laissé indifférents les autres acteurs de la scène politique. Et de Abbas El Fassi à Ahmed Osman, en passant par Driss Lachgar et Mohamed Abied, chacun y est allé de son commentaire. Abbas El Fassi (P.I) : Le PJD partage nos valeurs La démocratie a joué. Saâd Eddine Al Othmani a été élu dans la transparence. Une nouvelle génération prend les rênes de la direction du PJD. Je ne peux m'empêcher de me rappeler l'histoire du Parti de l'Istiqlal. Nous avons été les premiers à donner l'exemple d'une démocratie interne au sein d'un parti politique. Un secrétaire général jeune a été élu par une majorité de voix à la place d'un autre. Le PJD se réclame d'ailleurs de nos valeurs. A ce sujet, dans son rapport moral, Saâd Eddine Al Othmani a cité les trois fondements de son parti : la référence à l'islam, l'intégrité territoriale et la monarchie. Ces trois composantes constituent la devise du parti de l'Istiqlal depuis sa création en 1933. Notre devise, c'est Dieu, la nation, le Roi. Celle-là même qui a été adoptée dans la Constitution du pays. Donc, je me réjouis de voir le PJD partager nos valeurs, à la seule différence que la référence à l'Islam est essentielle au Parti de l'Istiqlal, alors qu'elle est unique et exclusive pour le PJD. Driss Sentissi (MP) : Monopole J'ai assisté aux travaux d'ouverture du congrès du PJD. Personnellement, je trouve que Saâd Eddine Al Othmani est un homme modéré qui saura réussir sa mission de nouveau leader du parti. En fait, le Maroc a besoin de structures partisanes sérieuses et entreprenantes qui n'utilisent pas la religion, qui n'est un monopole de personne, à des fins politiques. J'étais également impressionné par la qualité de l'organisation de ces assises. Mais le pays a besoin, surtout, d'une action politique efficace et productive qui œuvre pour le règlement des problèmes des Marocains et de résorption des déficits, notamment dans les secteurs sociaux. Les beaux discours et les slogans vaseux n'ont jamais fait avancer une nation. Il faut travailler pour déboucher sur des résultats concrets. Driss Lachgar (USFP) : Une nouvelle page Je profite de cette occasion pour féliciter le Dr. Saâd Eddine Al Othmani pour son élection au poste de secrétaire général du PJD. C'est un parti national, ayant une présence sur le terrain. La réussite du congrès et le déroulement de ses travaux doivent absolument intéresser l'USFP. Nous les avons d'ailleurs suivis avec beaucoup d'intérêt. Le changement annoncé par le PJD est important. Le parti a affirmé que la référence islamique est celle de l'Etat et pas uniquement d'un seul parti politique. C'est un changement positif que nous encourageons. Aussi, on sent que le PJD considère désormais la démocratie comme un comportement politique et pas comme un moyen d'accéder à des fins politiques. Bien que nous n'ayons jamais fermé la page avec le PJD, nous espérons que ce parti œuvrera avec l'ensemble des formations démocratiques, pour l'intérêt général. Mohamed Abied (U.C) : Modéré, mais ferme M. Al Othmani est un homme modéré, très agréable, qui a toujours fait preuve d'un grand sens du dialogue. J'ai personnellement eu l'occasion de travailler avec lui au sein de l'opposition. C'est quelqu'un qui était préparé pour prendre les destinées du PJD et il en a toutes les qualités et les compétences. Son élection n'est pas une surprise pour nous, dans la mesure où il suscitait le consensus au sein de son parti depuis bien longtemps. Le consensus mais également l'attachement aux fondements de la nation. D'ailleurs, dès son accession au poste de secrétaire général du parti, il a tiré au clair certaines ambiguïtés quant aux positions du PJD. C'est un parti politique qui a le droit d'exister et d'exercer le rôle politique qui lui incombe, dans le respect de ses spécificités propres, mais également dans le respect de la Constitution et en parfaite conformité à la loi. Des principes que M. Al Othmani est engagé à respecter et faire respecter. Mahjoubi Ahardane (MNP) : Évolution Cette succession au niveau du Parti de la Justice et du Développement me paraît logique, d'ailleurs, je m'y attendais. Le docteur Saâd Eddine Al Othmani me paraît le meilleur successeur au docteur El Khattib. De toute façon, El Khatib reste toujours proche et continuera à être une référence pour le parti. Je ne peux que saluer le travail colossal qu'il a accompli à la tête du parti en particulier, mais surtout pour le paysage politique national depuis l'indépendance. De manière globale, le PJD a évolué de manière fantastique. Je me suis toujours entendu avec ses décideurs. Sur le plan du référentiel religieux, il est assurément un parti politique qui fait référence à la religion comme tous les autres partis marocains. Il ne me semble pas de ce fait plus musulman que vous et moi. Le référentiel religieux ne peut pas être l'affaire d'un seul parti. Je lui souhaite une longue marche en avant. Je ne manquerai pas de réétudier ma disponibilité d'œuvrer avec la nouvelle équipe, comme nous l'avons bien fait auparavant. Ahmed Osman (RNI) : Le PJD est un parti important J'ai appelé Saâd Eddine Al Othmani pour le féliciter de son élection à la tête du PJD. Nous avons beaucoup d'estime pour ce parti. D'excellentes relations nous lient au demeurant à ses dirigeants. Ce parti peut jouer un rôle positif dans la vie politique au Maroc. Je tiens à préciser que contrairement à d'autres partis qui se réclament de l'Islam dans le monde, le PJD tient un discours engagé en faveur de la modernité, du développement et du respect de la différence. Quant à la référence à l'Islam, la majorité des partis du pays respectent l'Islam. Cette religion donne l'exemple de la démocratie. La ‘choura' est l'exemple le plus éloquent de la pratique de la démocratie. Pour répondre à la question relative à une éventuelle coalition entre le RNI et le PJD, je commencerais par dire qu'on nous prête des intentions au sujet desquelles il y a beaucoup à dire. Je ne veux pas m'attarder là-dessus. Mais je dirais que tout le monde a le droit de participer au gouvernement et nous n'excluons personne. Le PJD trouve tout à fait sa place avec nous. D'ailleurs, les résultats qu'il a obtenus aux dernières élections législatives prouvent que c'est un parti qui a du poids au Maroc.