La guerre judiciaire entre le PJD et le PI déborde sur Marrakech où des islamistes ont décidé de porter plainte, pour diffamation, contre Abbas El Fassi. Une réaction aux deux plaintes de Chabat contre El Othmani et Daoudi. Des responsables du PJD (Parti de la justice et du développement) à Marrakech ont décidé de porter plainte, pour diffamation, contre Abbas El Fassi. Selon un responsable régional du parti islamiste, la plainte est prête et n'attend que "le feu vert de la hiérarchie du parti" pour être déposée auprès du Parquet près la Cour suprême. Abbas El Fassi, secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, est poursuivi en relation avec ses multiples déclarations concernant les poursuites judiciaires auxquelles avaient donné lieu les pratiques de fraude et de corruption qui avaient accompagné le scrutin partiel du 8 septembre 2006. Ils lui reprochent en particulier ses déclarations, début janvier 2007, à «Al Jazira», où il avait affirmé que la justice aurait dû poursuivre tous les candidats à ces élections partielles, car, a-t-il ajouté en substance, «tous avaient eu recours au pouvoir de l'argent pour acheter les voix des grands électeurs». Selon des sources PJD à Marrakech, l'avocat Younès Benslimane, candidat malheureux au scrutin du 8 septembre au titre du collège électoral des collectivités locales de la région de Tensift-El Haouz, avait déjà préparé une plainte similaire en compagnie de plusieurs autres avocats PJD, mais qui n'a pas eu de suites. «A l'époque, des contacts entre les directions des deux partis ont abouti à l'abandon de ladite plainte», affirme une source PJD. Pourquoi revenir à la charge actuellement, à quelques semaines des élections législatives ? La même source indique que la plainte contre Abbas El Fassi intervient en réaction aux deux plaintes déposées dernièrement par Hamid Chabat, pour diffamation également, contre Saâd Eddine El Othmani, S.G du PJD, et son adjoint Lahcen Daoudi. Le premier pour ses déclarations lors de son dernier passage à l'émission "Hiwar", le deuxième pour ses propos lors d'une conférence de presse tenue à la suite d'escarmouches ayant émaillé la visite, à Fès, d'un groupe de députés islamistes en mai dernier. Dans les deux cas, Hamid Chabat s'était vu reprocher un «recours aux services de milices» contre le PJD. «Je me sens diffamé par Abbas El Fassi qui a mis tout le monde dans le même panier, soit près de 600 personnes. Ces déclarations sont d'autant plus graves qu'elles émanent du secrétaire général d'un parti qui est en même temps ministre d'Etat et qui se permet de remettre en cause une institution constitutionnelle», précisait Me Younès Benslimane lors d'un précédent entretien à ALM. Abbas El Fassi sera poursuivi devant la Cour suprême, juridiction ayant la compétence pour traiter des affaires impliquant les commis de l'Etat bénéficiant du régime dérogatoire. A moins que les deux partis décident d'enterrer la hache de guerre comme cela avait été le cas en janvier dernier pour «oublier» la plainte des PJD de Marrakech. En effet, affirme un responsable PJD de la ville ocre, des contacts seraient en cours, actuellement, pour trouver une solution à l'amiable entre les deux formations. Cela passerait-il par des pressions sur Hamid Chabat pour qu'il retire les deux plaintes contre MM. Daoudi et El Othmani ? Abbas El Fassi avait défrayé la chronique avec ses déclarations sur l'usage de l'argent lors des élections du 8 septembre dernier. Mohamed Bouzoubaâ, ministre de la Justice, avait fait l'objet de plusieurs attaques de la part de l'Istiqlal dont des conseillers ont poussé l'acharnement jusqu'à arracher un vote contre le budget de ce ministère en commission à la deuxième Chambre du Parlement. Un précédent dans les annales de l'institution élue.