Ahmed charai & hakim arif A Casablanca on a frôlé le report n'était le bon sens de certains élus et du maire réélu Mohamed Sajid. Les pijidistes ont tout fait pour saboter le processus. Ils ont réussi seulement à le retarder. Marrakech a vécu sa révolution féminine et c'est une avocate qui va présider aux destinées de cette ville internationale. Rabat a été enlevée par l'ancien ministre des Finances, l'économiste Fathallah Oualalou (USFP). La capitale ne pouvait espérer mieux. Un élu du PJD crut au début à sa bonne étoile, mais il n'a pas pu passer. A Fès, élection confortable pour celui qui se renforce de jour en jour. Hamid Chabat, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM), garde son siège de maire. Il n'a jamais été inquiété. Les Fassis lui sont reconnaissants pour ce qu'il a fait de leur ville, devenue plus agréable à vivre, plus accueillante et plus belle. Meknès a été enlevée par le PAMiste Omar Hilal qui a gagné haut la main. Il promet de faire beaucoup pour la ville. Les citoyens savent que le nouveau maire sait écouter. A Tanger, c'est le changement. Déjà le maire sortant n'a pas pu se faire réélire. Et c'est un PAMiste là aussi qui prend la mairie. Agadir restera sous la houlette de l'USFP avec Tarik Kabbaj qui y a officié six ans déjà. Lui aussi n'a pas démérité. Les élections ont cependant laissé parfois un goût amer. Le secrétaire général du PJD, qui a envoyé son parti au tapis, en est arrivé à utiliser un langage pas très politiquement correct à l'encontre de ses adversaires politiques. Personne ne lui a répondu. Par contre, les résultats lui ont montré qu'en politique il ne faut pas toucher les chefs de partis dans leur personne. Ils ne vont certes pas répondre, mais leur réaction coûtera cher à l'impétrant. Maintenant, A. Benkirane l'a appris à ses dépens. Plusieurs membres de sa formation lui en veulent et pensent qu'il y aura un jour pour rendre les comptes. Certains commencent à exiger un autre dirigeant. Ils regrettent la politesse et le style correct de Saâdedine Othmani, l'ancien secrétaire général. C'est un enseignement de ces élections. C'est aussi la plus importante des conséquences. Le PJD n'est pas un parti important au Maroc. Certes, il a gagné en nombre de sièges dans certaines villes, mais ce n'est pas suffisant. Encore faut-il être modeste pour faire des alliances. Ce que les élus du PJD ont fait à la wilaya du Grand Casablanca est une pure «Fawda» qui s'est retournée contre eux. Le manque de modestie et le mépris des autres partis, tous «moufsidoune», a fini par excéder tout le monde. Mohamed Sajid en a eu certainement assez de leur transcendance. C'est pourquoi il a préféré s'allier avec des partis «plus modestes». Le PJD avait également des visées sur Tanger, Meknès, Kénitra et d'autres villes. Il est rentré bredouille d'une chasse pour laquelle il avait pris les mauvaises munitions. On ne chasse pas le sanglier avec les cartouches qu'on utilise pour les perdrix. A part cet épisode cinglant de la dégringolade du PJD, les élections des mairies et des conseils de communes n'ont pas été innovantes par rapport aux élections précédentes. Les alliances sont toujours des énigmes pour les observateurs et les citoyens. Les méthodes utilisées et le manque d'ordre sont encore présents. Le PAM a certes apporté des nouveautés. C'est le parti qui compte la plus jeune présidente. C'est lui qui a intronisé une femme sur une des mairies les plus convoitées du pays, Marrakech. C'est lui, enfin, qui a mis fin à la vantardise du PJD. Mais ça, c'est un changement important. Analyse L'observateur neutre, surtout s'il est étranger aux arcanes de la politique marocaine, ne peut rien comprendre à ce qui s'est passé cette semaine. Des élections ont eu lieu, des résultats ont été proclamés, mais ils n'ont servi à rien. Rarement, très rarement, c'est la liste en tête qui a pris la présidence. On pourrait dire que c'est quand même la majorité qui choisit, ce qui est vrai, mais dans un contexte de balkanisation , cela en perd toute signification. On a aussi vu des élus voter contre celui-là même qui était tête de la liste sur laquelle ils ont été élus. Enfin, les alliances n'ont aucune cohérence. Le PAM avait affiché sa volonté d'exclure le PJD de la gestion des grandes villes, il y a réussi en grande partie. A Rabat, les islamistes ont intégré une alliance hétéroclite qui a mené l'USFP, pourtant grand vaincu, à la tête de la mairie. A Casablanca, Mohamed Sajid a changé de majorité en mettant hors-jeu le PJD, puis s'était obligé à accepter de nouveau cette alliance. Mais à Marrakech, le PAM l'a emporté, grâce au soutien des Islamistes ! Dans ces conditions, les analyses sont toutes faussées. L'on peut cependant tirer quelques enseignements généraux : L'alliance PJD-USFP, longtemps sujet tabou chez les socialistes qui avaient crié au scandale quand Driss Lachgar l'a évoquée, est maintenant une réalité. Lahcen Daoudi cédant sa place à Fathallah Oualalou, c'est tout un symbole. L'USFP n'est présent dans la gestion que quand il est allié au PJD. Cette réalité imposera une réflexion identitaire au sein des socialistes. Les résultats du PAM en ont fait l'arbitre numéro un. Il a réussi à imposer une femme et un jeune à Marrakech et Tanger. Il a changé la majorité de Sajid à Casablanca, même temporairement. Mais à Rabat il n'a pu assurer le maintien de Omar Bahraoui. Ce parti sera sans doute central dans la bataille pour les présidences de régions et auparavant dans les conseils provinciaux. Le grand recul du M.P. Cette Mouvance réunifiée perd les grandes villes qu'elle dirigeait, Rabat et Salé par exemple, mais aussi des régions comme Ouarzazate où elle était la première force politique. Beaucoup de notables l'ont quittée pour le PAM, mais elle est surtout affectée par les dissensions internes. Les enseignements seront sans doute marquants durant la période qui s'ouvre. Une alliance PJD-USFP, si elle est formalisée, signifie que les socialistes s'apprêtent à quitter la Koutla et la majorité gouvernementale, ce qui posera la question de la viabilité du cabinet El Fassi. Le PAM devra gérer sa victoire et fixer ses alliances en vue de l'échéance de 2012. Cela suppose d'arrêter de «plumer la volaille». Les nouvelles têtes qu'il a réussi à imposer, en particulier à Tanger et à Marrakech, devront se montrer irréprochables, pour participer au renforcement de la confiance chez les jeunes. Enfin, le Mouvement populaire joue sa survie comme parti important sur l'échiquier. Il n'est plus le parti traditionnel des campagnes où il perd pied. Il lui faut redéfinir une image, une identité propre. Sinon il ne peut être qu'un appendice du PAM, ce qui se profile à l'horizon. En tout cas, c'est la gestion des communes qui renforcera l'adhésion ou approfondira l'indifférence des électeurs. C'est la proximité qui fait vivre la politique. De cela aussi les partis sont comptables. Election des conseils La nuit des longs couteaux HAKIM ARIF Bref, il est venu, il a soulevé le couvercle en verre et a soufflé sur la flamme déjà vacillante de la lampe. Le PJD a vécu. Fouad Ali El Himma a utilisé toutes les armes contre lui. Ce n'est pas la faute au fondateur du Parti authenticité et modernité. C'est l'erreur impardonnable du secrétaire général Abdelilah Benkirane qui a voulu se mesurer à plus populaire que lui. Forte gueule, A. Benkirane s'est attiré les foudres de presque tout le monde. Résultat, toutes les alliances pour l'élection des maires se sont faites sans lui, ou contre lui, c'est pareil. La flamme s'est éteinte ce 20 juin. Le parti des islamistes ne peut qu'enregistre «ce gros échec» comme le dit un pijidiste, rencontré à la Wilaya de Casablanca où s'est déroulé le vote. Un vote sous haute surveillance, avec beaucoup de perturbations dues en majorité aux élus du PJD qui n'ont pas apprécié la tournure des événements. Alors qu'ils croyaient la donne en leur faveur, l'alliance qui a intronisé le maire sortant Mohamed Sajid s'est faite sans eux. Ils ont alors protesté. Par conséquent, le processus a été arrêté plusieurs fois. Il le sera encore, mais pas à cause des pijidistes cette fois-ci. L'élection de Mohamed Sajid s'est faite sans problème. Il a eu le nombre de voix suffisant pour passer. Le premier vice-président, Mohamed Brija, n'a pas eu de problèmes non plus. Le président du conseil de Sidi Moumen, qui est passé au PAM entre les élections du 12 et celles du 20 juin, est très bien apprécié par tout le monde étant donné le gros travail qu'il a accompli dans sa circonscription. Le feu a pris dès l'élection du deuxième vice-président. Là, les étincelles ont fusé entre le PJD et le Parti de l'Istiqlal. Au début, c'est le candidat islamiste qui a gagné. D'où la fronde des Istiqlaliens qui voulaient faire élire le fils de Abbas El Fassi, le Premier ministre. La situation s'est tellement envenimée qu'on a dû suspendre le processus et remplacer l'urne qui a été brisée sous l'effet d'un acte de nervosité extrême. Les Casablancais veulent pourtant des gestionnaires, pas des voyous. L'analyse des événements faite sur place par les élus pijidistes est d'une très grande simplicité. Le coupable c'est Fouad Ali El Himma, le grand ordonnateur de tout ça. «C'est El Himma qui nous a foutu dans la m » analyse un élu. «Nous étions pourtant bien partis pour un autre mandat avec Sajid». El Himma était la vedette de la soirée. Tous les noms lui ont été collés. Les pijidistes ont même dépassé les règles de bienséance. Leurs insultes frisaient le langage de rue contre celui qui était leur ennemi supposé. Plus encore, le représentant des autorités locales qui est le gouverneur secrétaire général de la wilaya a été empêché de faire son travail. Mouad Jamai a dû user de son sang froid et de son sens du devoir pour éviter l'escalade. Plus tard, les manifestants sont décidés cette fois-ci à interrompre l'opération parce que, disent-ils, Mohamed Sajid, qui était leur allié «dans le succès comme dans l'échec», s'était allié avec les «moufsidoune». Dans la terminologie pijidiste, le terme est fort. C'est ainsi qu'ils nomment les corrompus, ceux qui profitent de leurs postes pour s'enrichir, etc. Mais leur bête noire est sans conteste F. A. El Himma. Toute leur colère s'est déversée sur lui. Il faut dire que le PJD, par le biais de son secrétaire général Benkirane, avait dépassé les règles du débat sain en en arrivant à des insultes personnelles contre le fondateur du PAM. Celui-ci n'avait d'ailleurs jamais montré le moindre signe d'animosité contre le parti des islamistes. Il les critique certes, mais sans en arriver aux insultes personnelles. A l'opposé de ses critiques politiques, le PJD utilisait des expressions populaires, sans doute pour se rapprocher des citoyens et des autres partis qui n'en pouvaient plus de supporter le PAM. L'effet a été aux antipodes des attentes des pijidistes. Personne n'aime en arriver là. Par conséquent, aucun parti n'a voulu s'associer au PJD, sauf dans de rares exceptions. Maintenant, les choses sont claires à Casablanca. Le PJD a reçu un autre choc à Rabat où l'USFP a pris la mairie en la personne de Fathallah Oualalou. L'ancien ministre des Finances a pu faire tomber Omar Bahraoui du Mouvement populaire, qui était convaincu de pouvoir remporter à nouveau le siège sans problème. Il a aussi enlevé ses chances au pijidiste Lahcen Daoudi qui y croyait jusqu'au bout. A Salé, Noureddine Lazrak, du RNI, a été élu avec 85 voix (10 bulletins nuls) président de la commune urbaine de Salé en remplacement de Driss Sentissi, lui aussi du Mouvement populaire. Surprise L'Istiqlalien Hamid Chabat a été réélu quant à lui la tête du Conseil de Fès au terme d'une séance de vote houleuse, marquée par le retrait des représentants de plusieurs formations politiques. Il a obtenu 63 voix sur les 97 que compte le Conseil de la ville, représentées par les partis de l'Istiqlal (57 membres), le Front des forces démocratiques (2) et le Rassemblement national des indépendants (4). 10 vice-présidents ont été élus. L'Union socialiste des forces populaires, le Parti authenticité et modernité, le Parti du progrès et du socialisme et le Parti de la justice et du développement, qui ont boycotté le vote, ont réclamé l'ouverture d'une enquête sur "les violations enregistrées lors des différentes étapes de l'opération électorale" à Fès. Manuvre qui n'ira certainement pas très loin. A Marrakech, la surprise est douce. Fatima Zahra Mansouri, du PAM, a été élue présidente du conseil. Elle a recueilli 54 voix contre 36 voix pour l'ancien président du Conseil de la ville, Omar Jazouli, de l'Union constitutionnelle. F-Z Mansouri a fait part de sa fierté d'avoir été élue à la présidence du Conseil de la ville, ce qui "est une grande responsabilité", émettant l'espoir d'être à "la hauteur des attentes des habitants de Marrakech". Elle a promis d'autre part qu'elle va "uvrer au traitement des grands dossiers de la ville, sur la base des études requises, d'idées et de visions nouvelles qui répondent aux aspirations de la population". Promesse enregistrée. Néanmoins prudente, elle précise qu'elle "ne prétend pas disposer d'une baguette magique pour trouver toutes les solutions". Native de Marrakech, Fatima Zahra Mansouri est avocate de profession. Spécialisée en droit commercial et experte en affaires immobilières, elle a fait ses études en France. Gérer la ville qui compte le plus d'étrangers et le plus de célébrités est sans doute une des tâches les plus difficiles. Marrakech garde quand même des quartiers vivants dans l'anarchie la plus totale. Les hommes du PAM H.A Le PAM a gagné. Pourtant, rien dans sa rhétorique ne laissait prévoir un tel ras de marée. Le discours a toujours été mesuré. Jamais les cadres du parti n'ont pronostiqué le moindre résultat en leur faveur. Tout le monde travaillait dans la discrétion la plus totale, sans plus de remous. Par contre, il y a eu des réponses à chaque attaque, et elles étaient nombreuses, émanant pour l'essentiel du PJD, du PI et du PPS. Le patron de ce dernier avait même qualifié les membres du PAM de gamins. Il s'est retrouvé dans le peloton qui ferme la marche. Le PJD et le PI n'ont pas non plus été tendres avec le PAM. Qu'est ce qui a donc fait le succès de ce parti ? La réponse a été donnée par Chakib Benmoussa, le ministre de l'Intérieur lui-même, lors de sa conférence de presse d'annonce des résultats : le PAM a conduit une campagne dynamique. C'est vrai de bout en bout. La gestion de la communication et de l'information a été très performante. Tous les événements ont été choisis au jour près par l'équipe de la com dirigée par le désormais fameux stratège Karim Bouzida. Ména Média qu'il dirige a fait du boulot de professionnels sans tomber dans les débats stériles qui font perdre du temps et aussi des points de sympathie. K. Bouzida sait comment gérer une campagne avec ses annonces intempestives, ses teasers et ses mystères. Il a réussi un grand coup alors que la plupart des partis en sont encore aux bonnes vieilles méthodes éculées. A chaque rencontre avec les citoyens dans les régions, Fouad Ali El Himma a fait une annonce, a lancé une critique ou a décidé quelque chose. Par conséquent, même ceux qui ne s'intéressaient pas à la politique ont commencé à en parler. Autrement dit, si le taux de participation a été assez élevé, c'est grâce au dynamisme du PAM et des stratèges de la com qui étaient derrière. Le PAM a fait mieux que le malheureux Noureddine Ayouche qui a englouti des millions de dirhams dans une campagne inutile lors des élections législatives de 2007. Les stratèges du PAM ont misé sur les électeurs actifs et sur les abstentionnistes. Ils ont gagné chez les deux. A côté, les bisbilles des autres partis, hormis l'USFP, sont des anecdotes. Le PAM a aussi fait tourner une grosse machine électorale qui peut être illustrée par le cas Ilias Omary. Au moment de la défection du parti Al Ahd de Najib Ouazzani, le PAM pouvait craindre une perte dans l'électorat du Nord. Ouazzani y était bien implanté. Il fallait donc remettre très vite en selle quelqu'un de très futé qui puisse avoir assez d'influence dans la région. Ilias El Omary sera l'homme de la situation. Il a fait bouger ses réseaux, il a battu la campagne et le résultat ne s'est pas fait attendre. La modernité du PAM est déjà manifeste dans la gestion. Chacun son domaine. Reste encore l'influence de Fouad Ali El Himma et celle de Mohamed Cheikh Biadillah qui étaient bien entendu déterminantes. FAH n'intervenait qu'en cas de difficulté majeure ou lorsque la situation était sans issue. Comment le PAM a écrasé le PJD Mohamed Semlali C'est une guerre des tranchées que se sont livrée le PAM et le PJD à l'occasion de la désignation des maires des villes. Cet affrontement était prévisible depuis plusieurs mois. Quand Fouad Ali El Himma passe le lendemain de sa triomphale élection à Benguerir en septembre 2007 sur l'écran de 2M, il ne laisse aucun doute sur ses intentions. L'ancien homme fort de l'Intérieur ne laisse pas passer l'occasion pour prendre l'opinion publique nationale à témoin et désigner le PJD comme l'ennemi numéro un. Depuis ce passage, jamais les relations ne se sont apaisées entre les deux adversaires. Depuis, et malgré quelques moments de répit, l'affrontement a continué entre El Himma et le PJD. Il a cependant atteint son apogée lors des élections communales qui ont eu lieu le 12 juin dernier. Au lendemain de l'annonce des résultats et du très bon score réalisé par le PAM, les islamistes dégainent les premiers. Ils sortent un communiqué où ils accusent à peine El Himma d'avoir recours à des moyens «musclés» pour remporter les suffrages. Ils savent qu'ils ne peuvent être le premier parti dans les villes sans nouer des coalitions, difficiles. Ils se retournent alors vers l'USFP, un parti complètement aux abois après une ultime déconfiture électorale. Les premières alliances commencent à voir le jour. Le PJD est au cur de la manuvre. Il a des visées sur Rabat, Tétouan, Agadir, Tanger, Oujda et Kénitra. Pour le PAM, ce sont des manuvres de basse politique. El Himma organise alors la riposte. Dans un premier temps elle sera dévastatrice. Mohamed Sajid qui avait construit sa majorité avec le PJD se désiste à la dernière minute et s'allie au PAM. A Tanger, la coalition RNI/ PJD tombe à l'eau et c'est Samir Abdelmoula de l'Authenticité et modernité qui est adoubé maire. A Salé, le PJD longtemps favori pour diriger la ville doit se contenter des seconds rôles. La défaite du PJD est, selon les premiers indicateurs, totale. Elle tourne même à l'humiliation quand la coalition anti-Bahraoui à Rabat qui promettait la capitale au membre du bureau politique du PJD Lahcen Daoudi s'effrite. Les islamistes sont désarçonnés. Lors d'une conférence de presse improvisée, Abdelilah Benkirane, dérape et qualifie El Himma de «terroriste». Lundi 21 juin, le PJD est sur le carreau, groggy, et le PAM savoure son triomphe d'autant plus qu'il met à la tête de Marrakech une jeune femme, politiquement novice et en phase avec le Maroc moderne promu par le PAM. Toutefois, lundi dans la soirée, les premiers signes d'un dramatique retournement de situation se précisent. Le premier acte a lieu à Casablanca même. Là où le PAM a forgé le début de sa victoire sur les islamistes. Lors de l'élection des membres du bureau du conseil de la ville, un islamiste se fait élire deuxième vice-président avec 98 voix. Les islamistes raflent également la cinquième vice-présidence. Le PAM et l'Istiqlal se retirent et laissent le champ libre au PJD qui jubile. A Rabat, c'est Omar Bahraoui, indéboulonnable maire de la capitale depuis deux législatures, qui trinque à son tour. Les voix des conseillers islamistes et des istiqlaliens portent Fathallah Oullalou à la présidence du Conseil de la ville. Le PJD sera associé à la gestion de Rabat en tant que troisième vice-président. Et c'est la théorie des dominos. Dans la même journée, Kénitra tombe entre les mains du PJD qui voit son étoile montante Abdelaziz Rebbah se faire élire maire de la ville avec le soutien de l'Istiqlal. Aujourd'hui, chacun des belligérants compte ses prises et panse ses plaies. Le PAM demeure tout de même le principal gagnant de ces échéances. Il se permet le luxe de porter à la tête de Marrakech et Tanger, deux nouvelles figures qui rompent avec l'image qu'on a voulu lui coller : le parti des notables. Le PJD , lui, a su limiter la casse et s'en tirer à bon compte. Il a pu résister et figurer au sein des majorités qui dirigent plusieurs villes importantes du royaume. Paradoxalement, il entraîne dans son sillage son ennemi historique, l'USFP, auquel il offre sur un plateau d'argent la ville de Rabat.