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Les limites du système Benmoussa
Publié dans L'observateur du Maroc le 17 - 08 - 2009


hakim arif
Ce n'est quand même pas banal, puisque cela intervient après une semaine où tout le ministère était sur la sellette. Mounir Chraïbi paie les approximations et la mauvaise gestion qui a caractérisé l'après élections du 12 juin dernier. Serait-il le premier d'une longue liste ? Beaucoup d'observateurs regardent du côté de Walis et gouverneurs, notamment ceux d'Oujda, de Tanger et de Rabat. D'autres montrent du doigt Chakib Benmoussa, patron du ministère, à qui on reprocherait l'image catastrophique qui a collé à ces élections.
Le ministre de l'intérieur était loin de maîtriser son art. Pendant la campagne électorale, il se fait étrangement très discret face aux multiples accusations qu'adressent à son département plusieurs formations politiques. Il se fait taper dessus tour à tour par le PAM et le PJD. Benmoussa ne réagit pas et certains observateurs n'hésitent pas à mettre sa réserve sur le compte de la «peur» plutôt que sur celui de la retenue. Difficile à savoir, tellement les murailles de l'Intérieur sont épaisses et ne laissent transparaitre aucun écho. Ce qui est certain par contre, c'est que Chakib Benmoussa a du mal à se faire respecter par les partis politiques dont il est normalement l'interlocuteur naturel, mais également par les autres agents d'autorité dont il est le patron.
Au lendemain de la consultation du 12 juin 2009, le comportement de plusieurs walis et gouverneurs est qualifié par des chefs de parti de «lamentable». Certains marquent une neutralité douteuse face aux notables qui usent et abusent de l'argent. D'autres s'alignent carrément sur les candidats dont ils sont proches. Les doléances des partis se multiplient et quelques partis politiques apportent même des preuves. Le ministre se contente d'observer. Ainsi, après la proclamation des résultats, le spectacle donné lors de la désignation des présidents des communes et des bureaux est tragico-burlesque. A Tétouan, les agents d'autorité empêchent pendant plusieurs jours la coalition formée par l'USFP et le PJD d'accéder au siège de la mairie pour élire le président. Cela fait désordre d'autant plus que le même manège se répète dans d'autres villes devant les yeux réprobateurs des citoyens et de la presse qui transcrit au quotidien et dans les détails les situations de chaque ville. Mais le sommet de l'improvisation est atteint à Oujda. Là, le comportement des autorités atteint un degré d'amateurisme sans précédent. Pendant trois semaines le blocage est total. La ville n'a pas de maire et le PJD transforme la bataille qui l'oppose aux autres partis en une bataille contre le ministère de l'Intérieur… Et il commence à engranger les points gagnants devant l'étrange passivité du ministre et les maladresses des autorités locales. La crédibilité de tout le processus électoral commence à battre de l'aile. En fin de compte la situation trouvera un dénouement en queue de poisson, mais laissera une grande amertume chez tout le monde. A Marrakech, les choses semblaient réglées. Le Maroc assiste admiratif à l'élection de la première maire d'une grande ville. La presse internationale salue cette grande avancée, sauf que quelques jours plus tard, le tribunal administratif annule les élections dans la circonscription Marrakech-Menara où a été élue Fatima-Zahra Mansouri, nouveau maire de la ville. Une commission d'enquête est dépêchée en urgence à Marrakech et les conclusions à laquelle elle aboutit sont sans appel. La responsabilité incombe aux agents d'autorité relevant de la wilaya qui n'ont pas été à la hauteur de leur mission. Elle incombe également à «l'ingénieur en chef» qui n'a pas su mettre en marche harmonieusement sa machine. La grande fête de la démocratie tant attendue se transforme en un vulgaire banquet où le ridicule le dispute à l'insensé.
Conscient que sa performance laisse beaucoup à désirer, Chakib Benmoussa tente un come-back tonitruant. Il publie un communiqué martial à l'encontre du PJD dont un des députés a saisi l'ambassade de France. Si l'acte de l'islamiste est hautement répréhensible, l'on se demande pourquoi c'est le ministre de l'Intérieur qui prend les devants et non pas le président de la Chambre des représentants ou le Premier ministre. De toute façon, cette péripétie démontre qu'en voulant se replacer, Benmoussa renoue quelque part avec le style honni qui était celui du ministère sous Driss Basri. A cette époque, les Marocains n'appelaient-ils pas ironiquement le ministère de l'Intérieur «La mère des ministères» en raison d'un excessif interventionnisme qui nuit à l'image du pays et tétanise les autres institutions. Nous sommes alors loin de ce ministère qu'on voulait «normalisé» et s'occupant seulement de «ce qui le regarde».
Intérieur
La fin d'un système ?
Ahmed Charaï
Depuis plusieurs mois, le ministère de l'Intérieur est sur la sellette. Ce qu'il convient d'appeler l'affaire Mounir Chraïbi vient couronner un processus mis en branle avant les élections.
La tentative de Chakib Benmoussa d'appliquer l'article 5 de la loi sur les partis avait déjà suscité un branle-bas de combat qui s'est terminé par une défaite cuisante du ministre, obligé de se conformer à une décision de justice et désavoué par la primature.
Depuis, tous les partis, sans exception, l'ont accusé d'ingérence dans la constitution des bureaux, avant que n'éclate l'affaire de Marrakech où le wali a été accusé d'ingérence dans la gestion, puis viré.
Ce qui est en cause, ce sont les survivances du passé. L'administration territoriale continue à vouloir régenter les alliances, ou tout au moins favoriser celles qui lui conviennent quand elle le peut. C'est ce qui ressort des communiqués et déclarations des différents partis, y compris le PAM, le vainqueur du scrutin.
Il ne s'agit pas d'un épiphénomène. Nous sommes face à une contradiction majeure. La construction démocratique a atteint un stade où une telle ingérence est inacceptable. La transparence des élections est incompatible avec le soutien, même discret, à une alliance plutôt qu'à telle autre. D'autant plus que les nouvelles missions, orientées vers le développement, les nouveaux profils des gouverneurs, celui de gestionnaires, ne sont pas en adéquation avec les attitudes de l'ancienne ère.
D'autres manquements ont été constatés à l'occasion de l'INDH. Certains gouverneurs ont un bilan très mitigé parce qu'ils n'ont pas suscité de véritables projets de développement, qu'ils ont financé des associations bidons et que l'évaluation de leur travail est très négative.
Sans mettre en doute la compétence ou le dévouement de quiconque, il faut faire le constat. La mise en place du nouveau concept de l'autorité a abouti à des contradictions entre le système du ministère de l'Intérieur tel qu'hérité de l'ère Basri et les nouvelles missions qui lui sont assignées. Exacerbées, ces contradictions mettent en porte à faux l'administration territoriale qui se retrouve contestée par les politiques, les hommes d'affaires, les ONG et même les simples citoyens.
Une remise à plat est nécessaire. Elle ne peut aboutir qu'à la normalisation définitive de ce ministère qui doit abdiquer toute volonté de régenter les autres sphères, une redéfinition de l'ordre territorial est nécessaire et elle ne peut qu'aller dans le sens d'une diminution des prérogatives des gouverneurs et walis. En politique bien sûr, mais aussi en ce qui concerne les investissements.
Benkirane Vs Benmoussa
L'excessif et l'indécis
Mohamed Semlali
On la sentait venir la guerre… Ce n'était plus qu'une question de semaines, voire de jours. Entre le ministère de l'Intérieur et le PJD, les choses n'ont pas cessé de se dégrader depuis quelques mois. En filigrane, les élections communales et, surtout, le choix des présidents de communes. Mais l'affaire remonte au dernier congrès du parti islamiste qui a vu la victoire surprise et sans ambages d'Abdelilah Benkirane à la tête du secrétariat général du parti. Alors que tout le monde, y compris les services du ministère de l'Intérieur, croyait que Saad-Eddine El Othmani, secrétaire général sortant, allait rempiler pour un second mandat, les congressistes islamistes ont pris tous les observateurs de court et propulsé l'ancien membre de la Chabiba Islamiya pour conduire les affaires du parti. Dans les petits papiers de l'Intérieur, Benkirane a une place à part.
Redoutable polémiste au verbe facile et aux envolées lyriques outrancières, Abdelilah Benkirane est le plus politique, au sens politicien du terme, des leaders du PJD. L'homme a fait ses premières classes au sein de la gauche marocaine avant de virer de bord et de se consacrer à l'«Islam politique». Son étoile monte rapidement et il se fait remarquer par son sens de l'organisation et sa capacité à mobiliser. Quand Driss Basri, mandaté par Hassan II pour trouver des interlocuteurs afin d'intégrer une partie des islamistes dans le jeu politique, celui-ci fait naturellement partie des personnes contactées. Benkirane fait parvenir au palais un check-up détaillé de la situation des islamistes marocains, de leurs références, de leurs tendances, mais aussi de leurs ambitions. Quelque temps après, c'est feu docteur Abdelkrim El Khatib qui convoque Benkirane et commence un long processus d'intégration avec le chef du mouvement de la Réforme et du renouveau (Al Islah wa Attajdid). Un processus qui sera ouvert également aux islamistes de Rabitat Al Moustakbal Al Islami qui regroupe de jeunes intellectuels islamistes moins versés sur la chose politique. Le parti qui voit le jour sous la houlette d'El Khatib est un véritable patchwork qui, après le retrait d'El Khatib, fait la place belle aux cadres issus de la Rabita aux dépens de ceux d'Al Islah wa Attajdid. L'Etat est rassuré quand c'est El Othmani qui est «démocratiquement» porté à la tête du PJD. L'homme n'a rien d'un politique chevronné, encore moins d'un politicien roublard ou d'un tribun hors pair. Saad-Eddine Othmani est plutôt taciturne, plus théologien que politicien. Sous sa conduite, le PJD apaise ses relations avec l'Etat, malgré les soubresauts de l'après 16 mai 2003 qui ont failli emporter le parti. Jusque-là, l'Etat, qui gère les relations avec le PJD à travers le ministère de l'Intérieur, s'en sort à merveille. La touche de Fouad Ali El Himma est aisément reconnaissable. Le ministre délégué à l'Intérieur sait à qui il a affaire et réussit la prouesse d'obtenir la tête de Mohamed Raissouni, flamboyant théologien aux idées radicales, et de Mustapha Ramid, ombrageux avocat au verbe acerbe. Il arrive même à marginaliser Benkirane. El Himma joue merveilleusement bien sur les rivalités internes et le PJD est obligé de rester tout le temps sur la défensive.
Opportunité
La donne change quand Abdelilah Benkirane arrive à la tête du PJD au lendemain des élections législatives de septembre 2007 qui ont banalisé les islamistes. Le nouveau secrétaire général veut redorer le blason de son parti. Les communales sont l'occasion rêvée. Même si au bout de la consultation le PJD n'est que le sixième parti, Benkirane la joue fine. Pratiquement absent du monde rural, il se focalise sur les grandes villes. Les islamistes passent à l'offensive bille en tête. Sous la houlette d'un tandem jusque-là impensable, Benkirane-Ramid, le PJD profite de l'inconséquence des autres partis politiques pour se positionner au cœur du jeu politique dans les villes. Seul un homme s'aperçoit de la manœuvre. El Himma, encore lui, a assez de métier pour lire dans les desseins des islamistes qui multiplient les alliances à droite et à gauche pour remporter le maximum de villes. En deux jours, le PJD verrouille Rabat, Salé, Tanger, Agadir, Tétouan et Oujda… Le ministère de l'Intérieur observe de loin et ne réagit point. La situation est ubuesque. Le sixième parti en termes de sièges allait devenir en l'espace de quelques jours celui qui gère les principales villes du Maroc.
En outre, le PJD a recours a une stratégie bien rodée. Dès l'annonce des résultats du 12 juin, le parti d'Abdelilah Benkirane sort communiqué sur communiqué, accusant le ministère de l'Intérieur et les autorités locales de favoriser certains candidats et de combattre les élus PJD. Le ministère est dans l'embarras. Benmoussa est tétanisé par l'offensive des islamistes qui semblent promis à une grande victoire. D'ailleurs, les cafouillages de l'Intérieur se multiplient et tous les partis, sans exception, fustigent le comportement du ministère. Alors qu'on croyait que les walis et gouverneurs n'interféraient plus directement dans le processus électoral, la surprise est générale quand on voit les imbroglios qu'ont vécus les villes de Rabat, Agadir, Tétouan, Oujda, et surtout Marrakech. Les approximations du ministère l'Intérieur débouchent sur une guerre ouverte contre le PJD. Sentant les choses lui échapper, Benmoussa essayera de récupérer du terrain… Il le fera d'une manière précipitée et très peu «professionnelle», estiment certains. A Tétouan, les autorités locales ont recours à plusieurs manœuvres dilatoires pour retarder le sacre du PJD. A Oujda, la situation est autrement plus compliquée. La ville est devenue le symbole de la résistance du PJD face à un interventionnisme supposé, à peine voilé, du Wali. L'effet en termes d'image est très négatif. De régulateur, le ministère de Benmoussa devient «faiseur de maires»… Des mœurs d'une autre époque font observer plusieurs organisations de la société civile. Même s'il perd la bataille d'Oujda, le PJD serait en voie de remporter la guerre de l'image. Sauf que Benkirane, à cause de ses excès, tend plutôt à enfoncer plus le parti qui ne se différencie plus des autres, même de ceux appelés partis de l'Administration.
Et cela ne s'arrête pas là. Dans la commission de l'Intérieur de la Chambre des représentants, la réunion entre les parlementaires et le ministre tourne au pugilat. Les députés du PJD mènent la vie dure à Benmoussa qui, une fois de retour à son département, se fend d'un communiqué incendiaire dénonçant les propos «outranciers» des députés islamistes. Dans le feu de l'action, Benmoussa oublie que les réunions des commissions, d'après la loi interne de la Chambre des représentants, sont confidentielles. Le PJD riposte, soutenu par un communiqué dénonciateur du bureau politique de l'USFP. Ainsi est pris celui qui croyait prendre… Mais le vent va vite tourner. Les amis de Benkirane commettent une grave erreur. Le député islamiste d'Oujda, Abdelaziz Aftati, fer de lance de la contestation contre le ministère de l'Intérieur, envoie une lettre à l'ambassadeur français à Rabat demandant l'intervention de la France pour sauver un autre député PJD victime d'un coup de matraque sur la tête. Enfin, le PJD offre une prise… L'occasion est trouvée pour piéger Benkirane et ses amis «grâce» au «recours à l'ancien colonisateur». Alors que l'on attendait que ce soit le Premier ministre ou le président de la Chambre des représentants qui montent au créneau, c'est encore une fois Benmoussa qui convoque Benkirane et sort un autre communiqué pour dénoncer l'attitude de l'élu islamiste… Pourquoi est-ce le ministre de l'Intérieur qui le fait? Personne ne sait, mais cela brouille les cartes et laisse un goût d'inachevé. Chakib Benmoussa aurait-il péché, face au PJD, par excès d'amateurisme ? Plusieurs anciens cadres du ministère de l'Intérieur ne le disent pas trop haut, mais le pensent tout bas.
Gestion électorale
Benmoussa a-t-il convaincu ?
H. A
Les élections législatives de 2007 ont été largement boudées par les citoyens. Avec un taux de participation de 41%, on ne pouvait pas dire qu'il y a eu mobilisation. Une grande part de ce désintéressement est due aux partis politiques eux-mêmes pour avoir perdu la confiance des électeurs. Mais aussi, il ne faut pas oublier que le ministère de l'Intérieur a engagé une campagne médiatique nationale pour inciter les Marocains à voter. Cette campagne n'avait rien donné. Le ministère de l'Intérieur avait ainsi obtenu le résultat de son premier choix. Chakib Benmoussa était alors responsable de cette défaillance démocratique. Cependant, rien ne pouvait l'inquiéter. Il allait gérer tant bien que mal les élections communales du 12 juin. Cette fois, le taux de participation était plus important sans l'intervention du publicitaire. Ce qui est déjà un enseignement judicieux. Chakib Benmoussa a tout préparé pour que le processus se déroule dans de bonnes conditions. Néanmoins, le processus était ponctué par des débats, parfois très chauds, entre le ministre et les partis politiques. Le découpage électoral a été largement contesté, certains partis ayant senti la manœuvre qui allait leur être fatale. De la même manière, l'inscription sur les listes électorales, qui a amené près d'un million de nouveaux électeurs, n'était pas un parfait exercice de liberté individuelle. Les auxiliaires des autorités, les Moqadems, n'attendaient pas que les citoyens venaient récupérer leurs cartes, ils les distribuaient eux-mêmes en faisant du porte à porte. Avant la campagne, lors du dépôt des dossiers de candidature, le ministère de l'Intérieur était confronté à l'interprétation de l'article 5 de la loi sur les partis politiques. Le moment est très important. Le parti le plus concerné par cet article est le PAM. Le parti de Fouad Ali El Himma s'est tellement bien défendu que le gouvernement avait décidé de ne pas recourir au fameux article contre les candidats itinérants qui avaient rejoint ce parti. Le ministère de l'Intérieur a, peut-être à partir de ce moment, perdu la confiance des partis. La suspicion est générale. Le parti de F. Ali El Himma n'y allait pas de main morte en critiquant les représentants du ministère de l'Intérieur dans les régions où il les soupçonnait de vouloir torpiller son élan électoral. Le ton était parfois très sévère contre le ministère. Mais surprise : le jour de l'annonce des résultats, le ministre de l'Intérieur, qui donnait une conférence de presse, devait répondre à un journaliste qui demandait pourquoi une formation nouvelle, le PAM, était devenue le premier parti à l'issue des communales. C. Benmoussa a très calmement répondu que le PAM avait conduit une «campagne dynamique» et qu'il avait présenté de bons candidats. Comment le ministre de l'Intérieur, celui-là même qui avait tant subi de la part du PAM, pouvait-il s'exprimer ainsi et jeter le doute sur ses véritables intentions envers le parti d'El Himma ? C'était pour le moins curieux. Plus tard, les mises en garde du PAM allaient trouver leur justification. A Marrakech, la maire élue, Fatima Zahra Mansouri, fait face à une décision du tribunal administratif qui a invalidé les élections de la circonscription de Ménara. Elle allait devoir quitter son siège. Le wali a été expressément mis en cause. La commission de l'Intérieur, dépêchée en urgence, devait donner raison à l'élue puisque le wali a été débarqué le lundi qui a suivi le week-end de l'enquête.
Au départ, rien n'indiquait qu'il puisse y avoir un quelconque malentendu entre la maire du PAM fraîchement élue, Fatima Zahra Mansouri, et le wali de Marrakech, Mounir Chraïbi. Les élections à la circonscription de Ménara s'étaient déroulées normalement, du moins personne ne les avait contestées immédiatement. Plus tard, quand il s'est agi d'élire le maire de Marrakech, les alliances se sont tissées et le PAM a remporté la bataille. Là non plus, il n'y avait aucune contestation. La nouvelle responsable de la ville ne pouvait rien craindre. Or, peu de jours après, Fatima Zahra Mansouri a reçu le choc de sa vie politique. La Justice a invalidé les élections dans sa circonscription, ce qui remettait en jeu le poste tant convoité de maire. C'est le branle-bas de combat au Parti authenticité et modernité qui a répondu d'une manière violente à la décision. Mardi 14 juillet, le parti a rassemblé la presse dans son siège de Rabat pour expliquer les tenants et aboutissants de cette histoire encore floue. La maire n'a pas mâché ses mots. Selon elle, rien ne pouvait prévoir ce revirement de situation au lendemain de son élection à la mairie. Ses problèmes ont commencé lorsqu'elle a refusé les «ordres» de Mounir Chraïbi. Le wali voulait que la maire octroie certaines commissions à des personnes précises. Plus particulièrement, il voulait qu'Abdelaziz Albanine, riche homme d'affaires du Rassemblement national des indépendants, prenne en main la commission de l'urbanisme. L'épisode laissera des traces. Le fait que l'ancien maire Omar Jazouli accepte de discuter avec le PAM laisse penser que le dénouement de l'affaire sera encore une fois politique et non pas judiciaire. Mais là, il faudrait reconnaître que le ministère de l'Intérieur y a été pour beaucoup. Jusqu'à preuve que le wali avait agi en liberté totale par rapport à son ministre. Son limogeage va dans ce sens. Benmoussa n'en a pas moins attendu la réaction dure du PAM pour aller voir de plus près.


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