16% de notre population a moins de 24 ans, ce qui représente 6 millions des nôtres ! Ce qui est énorme... C'est ce qu'il ressort d'une étude publiée par le HCP à l'occasion de la Journée internationale de la jeunesse. Hélas ! les chiffres qui peuplent cette étude sont effrayants : – Le taux de chômage de cette tranche d'âge en milieu urbain atteint 46,7% – 64,6% d'entre eux ont un diplôme de niveau moyen, 20,6% un diplôme de niveau supérieur et 14,8% n'ont aucun diplôme. – 73% de jeunes salariés n'ont aucun contrat de travail, 13% ont un contrat à durée déterminée, 7% disposent d'une ''entente verbale'' et seulement 6,5% possèdent un contrat à durée indéterminée... – Le taux de chômage au niveau national est de 31,8% chez les jeunes de 15 à 24 ans. – 26% de ces jeunes, soit 1,5 million, ne travaillent pas, ne vont pas à l'école et ne suivent aucune formation. Je pourrais continuer cette litanie de chiffres révélés par le HCP, tous plus déprimants les uns que les autres, si je le voulais, mais je vous avoue que tel n'est pas mon but, en fait tout au contraire je veux voir cette proportion de jeunes parmi nous comme une chance, comme un atout et surtout je veux donner à ces jeunes des raisons d'espérer. Or ces raisons d'espérer c'est d'abord à nous de leur permettre de les avoir: nous, c'est-à-dire les ''responsables'', les élus, les politiques, les chefs d'entreprises, les intellectuels, la société civile... Croyez-moi ces jeunes ne demandent que ça : ''y croire'' ! Alors, si bien sûr les chantiers prioritaires susceptibles d'offrir des opportunités d'avenir à ces jeunes sont l'éducation, l'instruction, l'enseignement, la formation, l'accès à l'emploi... il ne faut cependant pas oublier les autres leviers pourvoyeurs de débouchés. Un jeune sans emploi, sans formation, ''sans niveau'' comme le disent certains -alors que chacun a bien évidemment un ''niveau'' en quelque chose – ne doit pas être considéré comme perdu, comme un sous-citoyen, comme un condamné à une vie médiocre, Dieu merci de nos jours des voies jusqu'alors inconnues ou en tout cas inexploitées sont à investir. Parlons épanouissement personnel tout d'abord sans lequel la confiance en soi ne peut exister, prenons conscience du fait que la culture, les sports émergents ne sont pas ''que des loisirs'' ils sont une pépinière d'emplois, ils sont porteurs de réussite, pas seulement personnelle mais aussi sociale. Les temps changent, évoluent, cessons de dévaloriser toutes ces branches, donnons de la visibilité à ceux qui réussissent ''autrement'', donnons-leur la valeur qu'ils méritent, la reconnaissance à laquelle ils ont droit. Je peux prendre un exemple concret pour bien me faire comprendre : il existe aujourd'hui toute une nouvelle génération de jeunes artisans qui apportent modernité et renouveau à ce que nous devons considérer comme un art : ainsi sont nées de nouvelles ''babouches'', à la forme, aux couleurs, au design totalement inédits. De jeunes génies de l'informatique ne cessent d'inventer, de créer ; de jeunes artistes réinventent notre musique, notre théâtre, notre poésie, notre cinéma... de jeunes sportifs émergent et seraient déjà ''pris en main'', coachés, sponsorisés dans d'autres pays... Bien souvent, trop souvent nous ne leur opposons que condescendance ou mépris. Alors oui bien sûr l'emploi est la clé de l'insertion sociale mais dans une époque où nous savons que le plein emploi n'est pas pour demain, où notre enseignement laisse sur le bord de la route tant de nos enfants, où les entreprises considèrent trop souvent la jeunesse comme une main-d'œuvre bon marché, explorons les nouvelles voies, les nouveaux débouchés, ils existent encore, il faut cesser de les dévaloriser, de les ignorer : soyons audacieux, pionniers et alors oui nos jeunes -tous nos jeunes seront un véritable atout. Cessons de les classer dans la catégorie des '' NEET'' (not in éducation, employment or training), sorte de cage dont ils sont condamnés à ne pas sortir, l'emploi aujourd'hui a des formes multiples, encore faut-il que nous les reconnaissions pour leur donner les moyens d'être bancables et alors nous verrons notre jeunesse sous un autre jour... si nous le voulons !