La programmation des mises à niveau sectorielles n'a pas eu l'effet escompté sur l'emploi. L'amélioration du taux de chômage ne doit pas faire oublier celui des diplômés qui reste élevé. L'échec des politiques d'éducation-formation ne facilite pas la transition sur le marché du travail. Les défis majeurs de toute politique économique restent tributaires de la dynamique du marché du travail. C'est ce qui explique d'ailleurs pourquoi toute politique économique devrait être basée sur une croissance économique forte à même de générer des emplois. Les pouvoirs publics se targuent aujourd'hui d'avoir un taux de chômage qui se maintient au dessous de 9%. Toutefois, l'appréciation de ce taux ne fait pas l'unanimité et son mode de calcul reste pointé du doigt par bon nombre d'économistes. Les statistiques retenues par le HCP n'arrivent pas à convaincre parce qu'elles obéissent à des définitions précises. Et pour cause, le HCP ne considère comme chômeur que celui qui postule à l'emploi. Or, malheureusement, il existe des personnes qui sont sans travail, mais qui ne postulent pas. De cette manière on exclut les vendeurs ambulants et d'autres catégories sociales comme celles qui travaillent dans l'informel. Par ricochet, le calcul de la population active est souvent biaisé et donc fortement contesté. 19,2% est le taux de chômage des diplômés Ajoutons à cela le fait que nous avons 1,28 million de chômeurs dont 80% sont âgés de 15 à 24 ans. C'est d'ailleurs le grand problème à résoudre, à savoir le chômage des jeunes. L'autre chiffre inquiétant est le taux de chômage des diplômés qui est de 19,2%. Il s'agit surtout de jeunes ayant une formation qui, malheureusement, n'est pas en adéquation avec les besoins du marché du travail. Le chômage des diplômés constitue le noyau dur du chômage aujourd'hui. Il concerne de plus en plus les diplômés de l'enseignement supérieur. C'est un phénomène qui touche essentiellement les jeunes et le milieu urbain et qui, très souvent, se transforme en chômage de très long terme ou d'exclusion. C'est là où le bât blesse. Comme le disent les économistes, ce type de chômage persiste en raison du rythme peu soutenu de la croissance économique qui n'arrive pas à générer suffisamment d'emplois pour absorber les flux des diplômés qui arrivent chaque année sur le marché de l'emploi, mais aussi en raison de l'échec des politiques d'éducation-formation qui ne facilite pas la transition sur le marché du travail. Il reflète aussi l'inadaptation des politiques d'emploi menées jusque-là. Aujourd'hui encore, la situation risque d'être plus préoccupante. Avec l'arrivée de quelques 190.000 nouveaux demandeurs d'emploi par an et dans un contexte où le besoin de croissance est plus que jamais recherché, le Maroc va continuer à souffrir d'un taux de chômage élevé, notamment chez les diplômés. Les pouvoirs publics ont tablé sur les mises à niveau sectorielles, malheureusement leur programmation a révélé au grand jour l'inadéquation entre les besoins en qualifications appropriées aux nouveaux métiers et une offre disponible matérialisée par les diplômés chômeurs de l'enseignement supérieur en constante augmentation. Ajoutons à cela les branches formant le secteur primaire qui continuent, quant à elles, de connaître une détérioration accélérée en matière de création d'emplois dans l'attente d'une relance qui pourrait être impulsée par la mise en place du plan vert. Pis encore, les perspectives du secteur primaire semblent réellement assombries par la mauvaise année agricole, résultat d'une sécheresse non programmée. La dynamique enclenchée au Maroc à travers les grands chantiers au début des années 2000 avait une répercussion positive sur la tendance du marché, en termes d'évolution de la population active occupée, particulièrement dans les branches industrielles et de services. Des chantiers qui touchent des domaines aussi nombreux et variés que l'infrastructure, les filières émergentes de l'industrie, le tourisme... L'amélioration du taux de chômage ne doit donc pas faire oublier que celui relatif aux diplômés reste élevé. C'est surtout sa persistance qui inquiète à plus d'un titre avec toutes les conséquences qui en découlent au niveau économique et social. Cet état de fait remet en cause les politiques d'emploi menées jusque-là et, au-delà, les politiques d'éducation-formation et les politiques à l'adresse des entreprises marocaines. Une chose est sûre : l'ampleur du chômage apparaît comme un échec de la politique adoptée sur le marché de l'emploi qui n'est en fait que la résultante des politiques sectorielles qui manquent de coordination. Le rythme de création de 250.000 emplois en moyenne annuelle avec un taux de chômage de 7% à fin 2012 paraît loin d'être réalisable.