À l'horizon 2016, l'actuel gouvernement prévoit un taux de chômage de 8%. Pour remédier à la problématique de l'emploi, de nouveaux programmes ont vu le jour. Le droit de grève est un moyen de lutte pour les travailleurs, mais encore faut-il qu'il soit semblable à celui des autres pays démocratiques. Le principe de l'Indemnité pour Perte d'Emploi a été retenu lors du dernier Conseil d'Administration de la CNSS. La problématique de l'emploi ne cesse de susciter des inquiétudes dans un contexte de révision du taux de la croissance à la baisse. La réduction de ce taux a pour corollaire un ralentissement de l'activité de certains secteurs qui se traduit ipso facto par une raréfaction des opportunités de travail. Aussi, le mode de calcul du taux de chômage ne fait pas l'unanimité chez bon nombre d'opérateurs. Afin de répondre à certaines préoccupations de ses adhérents, la Chambre Française de Commerce et d'Industrie a invité dernièrement A. Souhail, nouveau ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle. En matière de législation du travail, à quelle logique ou philosophie obéit l'actuel gouvernement? Telle a été la question posée par le ministre de l'Emploi en guise d'introduction. D'après A. Souhail, le Maroc dispose d'un code du travail qui n'est pas vieux mais déjà assez contesté. Ledit code suscite des polémiques en ce qui concerne certains détails dans la mesure où les patrons veulent plus de flexibilité et les travailleurs aspirent à plus de sécurité. Les pouvoirs publics sont ainsi appelés à respecter les libertés individuelles et les droits des uns et des autres (employeurs et employés). Le ministre explique à ce sujet que le «travail» ne se limite pas à une fiche de paie, mais à un statut social au sein de la société. Les pouvoirs publics sont ainsi appelés à intégrer cette variable dans leur politique de l'emploi. «Nous n'avons malheureusement pas encore assez de filets sociaux afin de récupé rer tous ceux que le monde du travail met sur la marge», s'inquiète Souhail. Dans ce sillage, il vient d'être décidé au niveau du Conseil d'Administration de la CNSS, tenu récemment, le principe de l'IPE (Indemnité pour Perte d'Emploi). Les concernés viennent d'arrêter les différents scénarios possibles et qui sont encore au stade de la réflexion. Probablement, nous aurons des indemnités qui représentent dans un premier temps 4 à 6 mois de travail. C'est extrêmement faible, mais il va falloir commencer. «Aussi, l'ultime enjeu est de pouvoir pérenniser cette indemnité», annonce le ministre. Sur le plan des relations professionnelles, il précise que son département travaille actuellement sur un projet: les relations entre les salariés et les employeurs peuvent être gérées sans l'intervention de l'Etat. Elles peuvent être gérées au niveau des entreprises, des secteurs d'activité par la négociation ou la médiation. L'interventionnisme de l'Etat devrait se limiter à la mise en place d'un cadre juridique à même de défendre les intérêts des deux parties. «Nous allons essayer d'avancer dans le cadre de cette législature dans ce sens-là. Je suis heureux que la CGEM a signé avec un certain nombre de syndicats les accords de médiation et d'arbitrage», annonce-t-il. Une autre préoccupation qui taraude l'esprit du ministre est l'amélioration de textes structurants sur la santé et la sécurité au travail parce qu'il faut reconnaître que dans ce domaine, nous avons un sacré retard. Le ministre précise qu'il faut travailler également sur le droit de grève. Dès son arrivée au ministère, il a mis de côté le texte existant et a envoyé aux différents syndicats un memorendum pour les informer que le ministère compte mettre en place une législation comme le stipule la Constitution sur l'organisation de l'exercice du droit de grève qui est un moyen de lutte pour les travailleurs, mais encore faut-il l'adopter d'une manière semblable à celle des autres pays démocratiques. Il faut devoir mettre en place les conditions nécessaires afin de pouvoir en bénéficier et de voir quelles sont les garanties des employeurs et des employés. À ce sujet, il a été envoyé aux syndicats un choix de législations surtout des pays nordiques. Tout ceci plaide pour une harmonisation des textes avec ceux des pays démocratiques. L'autre point abordé est l'Etat de droit dans le domaine social. D'après l'Organisation Internationale du Travail (OIT), le Maroc progresse par rapport aux autres pays d'Afrique. Toutefois, il y a un certain nombre d'articles qu'elle nous reproche, notamment celui relatif au code pénal qui est érigé contre les casseurs mais qui est également utilisé contre les grévistes. Avec la nouvelle loi sur la grève, le ministère de l'Emploi va remédier à ce problème parce qu'on ne peut pas mettre en prison des grévistes sous prétéxte qu'ils sont des casseurs. Promotion de l'emploi : une politique volontariste En ce qui concerne l'emploi proprement dit, le ministre a avancé des chiffres : 1,28 million de chômeurs, 30% de femmes sont au chômage dans une population active qui représente moins de 50%. Des chiffres qui se révèlent préoccupants parce que les statistiques retenues par le HCP obéissent à des définitions précises. A titre d'exemple, le HCP ne considère comme chômeur que celui qui postule à l'emploi. Or, malheureusement, il existe des personnes qui sont sans travail, mais qui ne postulent pas. De cette manière, on exclut les vendeurs ambulants, ceux qui travaillent dans l'informel, ainsi le calcul de la population active est souvent biaisé. Ajoutons à cela le fait que nous avons 1,28 million de chômeurs dont 80% sont agés de 15 à 24 ans. C'est pour nous le grand problème à résoudre, à savoir le chômage des jeunes. L'autre chiffre inquiétant est le taux de chômage des diplômés qui est de 16,7%. Pour la plupart d'entre eux, il s'agit de jeunes qui ont une formation qui n'est pas en adéquation avec les besoins du marché du travail. En matière de politique d'emploi, il y a ce que l'on appelle les politiques volontaristes de l'emploi. La première expérience est celle de Moukawalati relative à l'auto-emploi qui, faut-il l'avouer, s'est soldée par un échec. Ce programme est destiné à développer les capacités entrepreneuriales des jeunes promoteurs par un accompagnement à la création et à la gestion de leurs propres entreprises. Ce programme a été renforcé par l'élargissement de son champ d'application aux non diplômés pour mieux répondre aux besoins du marché. Ainsi, le nombre de projets financés et autofinancés de 2007 à 2011 s'est élevé à près de 3.800. Le gouvernement dispose également de deux autres projets: il s'agit d'Idmaj qui aide à l'acquisition d'une première expérience pour les jeunes diplômés. Ce programme a pu insérer 58.740 en 2011 portant le nombre total des bénéficiaires au titre de la période allant de 2007 à 2011 à 254.074, avec l'objectif d'atteindre près de 300.000 en 2012. Les entreprises acceptent de donner à ces jeunes chômeurs une première expérience et en contrepartie, les pouvoirs publics prennent en charge les charges sociales. Taehil se veut une autre formule qui vise l'amélioration de l'employabilité des chercheurs d'emploi via l'ANAPEC. Ce programme a bénéficié en 2011 à 18.136 jeunes qui ont suivi un cycle de formation pour faciliter leur insertion dans le marché du travail portant le nombre total des bénéficiaires au titre de la période allant de 2007 à 2011 à 68.753. (voir entretien). Trois idées sont sous-jacentes au programme gouvernemental : la première est de trouver des emplois dans l'économie sociale, la seconde est de penser à des formations-reconversions et la troisième est de mettre en place un dispositif d'intégration pour le secteur informel. Toutes ces mesures font que les pouvoirs publics ont l'intention d'étendre le champ de droit aux actions sociales. Elles ont pour principal dessein la réduction du taux de chômage à 8% à l'horizon 2016.