* Le taux de chômage des personnes ayant un diplôme -à ne pas confondre avec une qualification- est presque trois fois supérieur à celui des demandeurs demploi qui nont aucun diplôme. * Leffet désastreux de la déperdition scolaire continue : sur dix étudiants qui commencent les études supérieures, un peu moins de six arrivent jusquau bout. * Les chances de se retrouver sans emploi augmentent avec lélévation du niveau du diplôme. 9,9% est le taux de chômage actuel dévoilé par le HCP. A la même période de lannée dernière, le taux frôlait les 10,1%. La baisse, à elle seule, nest pas très significative; mais avoir un taux de chômage au-dessous des 10% augure, selon les pouvoirs publics, quune nouvelle ère commence. Le gouvernement sortant a mis à son actif un taux de chômage de 10% et le nouvel exécutif table sur une création de 16.000 emplois en 2008. Il y a quelques années, la baisse du chômage au-dessous de la barre des dix points était un leurre. Aujourdhui, à en croire les dernières statistiques, le Maroc pourrait se targuer dune politique demploi en parfaite adéquation avec les nouveaux enjeux. Rien nest pour autant sûr. Si on décortique le tableau de bord du HCP, on remarque que la baisse du taux de chômage nest en fait que larbre qui cache la forêt. Daprès les statistiques du HCP durant les troisièmes trimestres de 2006 et de 2007, 111.000 emplois nets ont été créés dont 93.000 rémunérés. Les 111.000 emplois constituent une bonne chose sachant que lannée 2007 a connu une mauvaise campagne agricole. Et surtout que lagriculture tire vers le haut les autres secteurs. «Ces emplois ont bien entendu profité à tous les secteurs dactivité économiques, excepté celui de lagriculture qui a été à lorigine du recul du nombre de chômeurs de 20.000 et du taux de chômage de 10,1% à 9,9%. Cette création nette demplois sest répartie entre 63.000 postes en zone rurale et 48.000 en zone urbaine», apprend-on dans le communiqué du Haut Commissariat au Plan. Alors que lagriculture a été frappée de plein fouet par la sécheresse, subissant ainsi une perte de 20.000 postes, lensemble des autres secteurs ont bénéficié dune création nette demplois de 132.000 répartis en effectifs et en taux de croissance comme suit : (Industrie (3,3%), BTP (3,2%) et les services (1,8%)). Toujours selon le HCP, le taux de chômage a quasiment stagné en milieu urbain, passant de 16% à 15,9% et a baissé en milieu rural de 3,9% à 3,5%. Cette baisse a profité essentiellement aux femmes dont le taux de chômage est passé de 10,6% à 9,7%, aux jeunes âgés de 15 à 24 ans de 17,5% à 16,7% et aux diplômés de 19,9% à 19,2%. En dessous de 9,9% Les données que vient de diffuser le HCP sur le marché du travail au troisième trimestre de lannée 2007, confirment quelques tendances presque structurelles. Les deux les plus préoccupantes tiennent sans aucun doute à lincapacité chronique de léconomie de créer des emplois dans les autres secteurs autres que le BTP et à la persistance dun chômage endémique des jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans (16,7%) est de 6,8 points au-dessus de la moyenne nationale. Idem pour la tranche un peu au-dessus, celle des 25-34 ans ; cest cette catégorie de la population qui regorge le plus gros contingent de sans-emploi dans le pays avec un taux de chômage de 14,8%. Ces statistiques mettent en exergue les difficultés du marché de lemploi. Le chômage des diplômés de lenseignement supérieur est loti à la même enseigne. Lexplication fournie est leffet désastreux de la déperdition scolaire : on sait que sur dix étudiants qui commencent les études supérieures, un peu moins de six arrivent jusquau bout. Donc, des milliers de jeunes quittent le système scolaire sans aucune qualification et sont exposés au risque de chômage et à la précarité. Pendant ce temps, les promesses annoncées en grande pompe lors des Initiatives Emploi tardent à se concrétiser. La dernière mesure relative à la baisse de lIR tarde à avoir leffet escompté en matière de recrutement des cadres pour dautres considérations. Les chefs dentreprise ont qualifié dinsuffisante cette mesure et estiment que dautres relatives à lexemption des charges sociales doivent voir le jour. Pis encore, les PME qui sont la composante principale du tissu économique sont quasiment exclues des marchés publics et internationaux et donc ont du mal à générer de la richesse. Ce qui par ricochet nuit à la création demplois. La fameuse inadéquation On ne cessera jamais de répéter que le diplôme nest pas du tout une assurance contre le chômage à cause dune inadaptation des profils produits par le système éducatif aux besoins dune entreprise en quête de compétitivité. Les chances de se retrouver sans emploi avec laugmentation du niveau du diplôme sont légion. LUniversité conserve toujours cette image de machine de fabrication de chômeurs. En effet, le caractère récurrent de linadéquation formation-emploi, quelle que soit la configuration macro-économique, met à nu la trop faible coordination entre des objectifs de nature nationale et publique dune part, et les préférences individuelles et privées des entreprises, dautre part. Une telle discordance semble aujourdhui dautant plus irréversible que lAdministration a, depuis le début des années 80, cessé de constituer un débouché principal pour les jeunes diplômés. En zone urbaine, le taux de chômage des personnes ayant un diplôme -à ne pas confondre avec une qualification- est presque trois fois supérieur à celui de demandeurs demploi qui nont aucun diplôme. Les personnes sans diplôme (ce qui ne veut pas dire forcément sans qualification) sont relativement épargnées par le chômage, soit 5,1%. Une chose est sûre : en dépit des réformes déployées dont la plupart nont pu aboutir, le Maroc, comme de nombreux pays en développement, souffre dun chômage urbain. Le Maroc est un pays dont la majorité des chômeurs est en quête de leur premier emploi. Et cest malheureusement les relations personnelles qui continuent de jouer un rôle dans lobtention dun emploi. La conjugaison de ces éléments fait que le taux de 9,9% annoncé par le HCP reste dépourvu de tout sens.