Le dirigeant historique du FIS algérien, Abbassi Madani, estime que la question du Sahara est une question artificielle et plaide en faveur d'une paix civile en Algérie. «Je visiterai le Maroc, je suis un frère pour les Marocains et j'ai une confiance totale en le Maroc ». C'est en ces termes que Abbassi Madani, dirigeant du Front islamique de Salut (FIS) dissous, a évoqué ses rapports avec le Royaume après avoir souligné que la question du Sahara est «une question artificielle» qui relève d'un «plan colonial dont les germes ont été semés par ceux-là mêmes qui y ont renoncé dans leur propre pays». Dans un entretien accordé au journal «Attajdid», publié vendredi, le numéro un du FIS indique qu'il s'agit d'une «question anachronique, qui n'a pas de raison d'être, car nos intérêts sont convergents et notre destin est commun». La question du Sahara est tout aussi artificielle que celle des frontières «qui est une création de Sykes-Picot mais pas de feu SM Mohammed V, que Dieu ait son âme, qui était le porte-drapeau du mouvement de libération au Maroc», a dit M. Abbassi Madani. «Notre affection envers nos frères marocains est une vertu qui témoigne de la profondeur des liens, dans le passé, le présent et le futur», a-t-il dit, soulignant que «l'illustration en a été donnée lors de l'épreuve du colonialisme durant laquelle le Maroc frère s'est tenu aux côtés du peuple algérien et l'a fermement soutenu dans sa révolution libératrice». Il a tenu à souligner que «notre avenir sera hypothéqué sans l'union», en insistant sur la communauté de destin qui unit constamment les deux pays. Les mêmes positions ont été exprimées, il y a plus d'une dizaine d'années, soit avant l'arrestation de M. Madani, dans un entretien publié à l'époque par notre confrère «L'opinion», sachant que lors des émeutes du 5 octobres 1988, qui ont secoué Alger et d'autres villes algériennes et hissé le FIS au rang d'une que force montante en Algérie, les émeutiers ont saccagé aussi bien les Bureau du FLN (Front de libération nationale), le parti unique de l'Etat, à l'époque, et le Bureau des séparatistes du Polisario, considéré comme le symbole d'une supercherie «historique» qui n'a plus de raison d'être et qui survit aux dépens des ressources du peuple algérien. Une attitude qui, en son temps, n'a pas plu à la junte militaire qui voyait déjà d'un mauvais œil l'avènement de l'UMA, annoncée en 1989. Lors d'une rencontre avec feu Hassan II, Abbassi Madani avait clairement tendu la main au Maroc. Le FIS devait donc payer les frais de ses positions, particulièrement à partir de 1991, année des élections, qui l'ont consacré première force politique du pays. Bien entendu, les années de prison et le déclenchement d'une guerre civile, qui a laissé derrière elle plus de 150.000 morts, ont certainement eu des effets sur les positions de M. Madani. Dans son analyse de l'expérience politique marocaine, il estime que le Maroc constitue «un pilier de la Oumma islamique de par son génie créateur» ; en ce qui concerne la situation interne dans son pays, il appelle à l'arrêt de l'effusion du sang. Cette initiative, a-t-il souligné, «n'est pas partisane et n'a pas de connotation idéologique ou religieuse, mais se propose de faire cesser l'hémorragie et de trouver une solution radicale et sérieuse de la problématique politique». Mais, reste encore à savoir si les autres protagonistes sont prêts à accepter le prix de la paix chez eux et chez leurs voisins marocains ?