Revigorés par le retour d'exil de leur «frère d'armes» Rabeh Kébir, les fanatiques de l'ex-Front islamique du salut (FIS), Abbassi Madani et Ali Belhadj en tête, veulent créer un nouveau parti islamiste. Le président Bouteflika serait-il en train de jouer avec le feu islamiste ? Le rapprochement avec le parti dissous (Front islamique du salut, FIS) ne sera pas sans danger. Après avoir bénéficié de la fameuse «amnistie», plusieurs dirigeants de l'ex-FIS haussent aujourd'hui le ton. Le retour de Rabeh Kébir, suite à 14 années d'exil en Allemagne, semble avoir donné de nouvelles forces à ses « frères d'armes » : Abbassi Madani, Ali Belhadj et Mezrag, au point de militer pour la renaissance de leur parti dissous sous une appellation autre que FIS. S'agit-il d'un retour à la case départ? Les pontes de l'ex-FIS tiennent aujourd'hui un langage d'une virulence qui rappelle cruellement celle des années 1990. La presse algérienne a réservé ses manchettes des derniers jours aux récentes déclarations fracassantes des leaders de l'ex-FIS. Dans une récente interview à la chaîne de télévision «Al-Hiwar», Ali Belhadj a affirmé que nul ne pourrait lui interdire de poursuivre son militantisme politique. Affirmation jugée par la presse algérienne comme une nouvelle «déclaration de guerre» à l'Etat. Les stratèges de «l'intégrisme en général, et de la barbarie en particulier», comme l'avait si bien décrit l'écrivain algérien défunt Rachid Mimoun, rêveraient toujours de voir leur macabre projet se concrétiser, à savoir la création d'un Etat islamiste pur et dur. L'absolution accordée par le président Bouteflika à des islamistes qui ont encore du sang sur les mains risquerait de produire des effets contraires à l'objectif escompté par la fameuse « Charte nationale pour la paix et la réconciliation ». Selon les familles des victimes du terrorisme, les islamistes en question devraient d'abord répondre de leurs actes. Lesquels ont coûté la vie à plus de 200.000 personnes. Mais, paraît-il, le pouvoir de Bouteflika cultive l'amalgame entre « amnistie » et «amnésie», au mépris de plusieurs milliers de vies innocentes tombées sous le feu de la terreur. L'opération d'indemnisation des familles des victimes de la violence, qui a débuté récemment, n'est pas pour apaiser la psychose algérienne à propos d'un retour au processus qui a induit le terrorisme. L'enveloppe budgétaire de 15,6 milliards de dinars, débloquée par le pouvoir en guise d'indemnisation au profit des familles des victimes, se révèle un coup d'épée dans l'eau. L'espoir de « paix » et de « réconciliation » est d'autant plus fragile que les dirigeants de l'ex-FIS n'ont jusqu'ici fait aucun geste de contrition. Dans leurs récents discours, aucun des « champions » des années de fer et de sang n'a daigné s'excuser auprès des victimes. «On ne peut pas parler du passé, car on ne peut pas le changer», a déclaré dernièrement Rabeh Kébir, qui a fui l'Algérie après avoir été condamné par contumace à la peine capitale. Pour ce dirigeant, « les morts et les malheurs de la décennie 90, sont les faits d'une période révolue». Or, « cette période révolue » semble ressusciter aujourd'hui de ses cendres. « Nous lutterons pour atteindre » ce que l'ex-FIS n'a pu atteindre par le passé, indique Rabeh Kébir, en promettant «d'être actif religieusement et politiquement». Ce retour en force des dirigeants de l'ex-FIS n'a, de l'avis de plusieurs observateurs, qu'une seule et unique explication : la faiblesse du pouvoir algérien. En réhabilitant les dirigeants du FIS, le président Bouteflika a redonné une nouvelle légitimité à leur parti dissous. Une contradiction, une de plus, à mettre au passif de l'actuel locataire du palais Al Mouradia.