Après plusieurs années d'exil en Europe, trois dirigeants du Front islamique du salut (FIS) ont regagné l'Algérie. En revanche, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) poursuit sa lutte armée. Trois dirigeants du Front islamique du salut (FIS) ont mis fin à l'exil qu'ils avaient choisi en 1992, peu après l'annulation par le gouvernement et l'armée des élections législatives. Rabah Kébir, Abdelkrim Ghemazi et Ould Akla viennent de rentrer en Algérie. Un retour attribué à la politique de la «main tendue» du président Bouteflika, couronnée par le lancement d'une «Charte nationale pour la paix et la réconciliation». Mais ce retour est loin d'être une «reddition», il s'agit pour les islamistes de renouer avec le combat politique. En fait, ils essayeront de remporter par la politique ce qu'ils n'ont pu obtenir par la lutte armée. L'armée algérienne a livré, depuis l'annulation des législatives de 1992, une lutte sans merci, souvent critiquée par les ONG internationales des droits de l'Homme, contre les rebelles retranchés. Le seul et néanmoins redoutable groupe armé à continuer à résister est le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui a fait entendre parler de lui ces derniers jours à travers un communiqué dans lequel il a renouvelé son allégeance à Al Qaïda et réitéré son engagement à poursuivre le djihad en Algérie. Planqué derrière les montagnes escarpées de la Kabylie, ce groupe, prolongement de l'ex-GIA (Groupe islamique armé), a refusé de renoncer à ses armes en contrepartie de l'amnistie proposée par le président Bouteflika. Fort de près de 600 combattants, il est encore capable de faire encaisser de lourdes pertes à l'armée algérienne. La majorité des attentats perpétrés en été dernier ont, d'ailleurs, été revendiqués par ce groupe. Hormis le GSPC, la tendance semble revenir à la case départ. «Les islamistes font désormais partie de la scène politique et culturelle. C'est une nouvelle réalité en Algérie», commente le politologue algérien Azzeddine Layachi, cité par l'agence de presse Reuters. En renonçant à la lutte armée, près de 300 combattants se sont rendus depuis février dernier, les islamistes s'engagent dès à présent sur le front politique pour faire aboutir leur idéologie. «Nous allons faire tout ce qui est possible par des moyens démocratiques pour instaurer un Etat islamique. L'aspect positif de la guerre (des années 90) c'est qu'elle a permis aux islamistes de comprendre leurs limites (…) et de discuter avec les autres même s'ils ne sont pas d'accord avec eux», explique Madani Merzak, connu pour avoir négocié la reddition de l'Armée islamique du salut (AIS, bras armé du FIS) à la fin des années 90. Reste à s'interroger sur l'avenir de la reconversion politique des islamistes. Le président Bouteflika, ainsi que son armée, accepteront-ils cette fois le diktat des urnes ?