Anouar Haddam, ancien dirigeant du Front islamique du salut (FIS), réfugié aux Etats-Unis, a annoncé vouloir créer un nouveau parti politique, le Mouvement pour la liberté et la justice sociale (MLJS). Décidément, les anciens dirigeants du Front Islamique du Salut (FIS, parti dissous) semblent bien déterminés à revenir à la vie publique en dépit de l'interdiction du gouvernement algérien. Après l'ex-numéro 2 Ali Belhaj, qui avait revendiqué à maintes reprises son droit d'exercer la politique, c'est au tour d'Anouar Haddam de sortir de l'ombre en annonçant la création d'un nouveau parti politique. Le parti s'appelle Mouvement pour la liberté et la justice sociale (MLJS). L'ex-responsable de la délégation parlementaire du FIS à l'étranger se dit vouloir «participer au règlement de la crise politique» en Algérie. Selon la presse algérienne, Anouar Haddam, exilé aux Etats-Unis, affirme que parti s'est fixé comme objectif de «contribuer à la réussite d'une véritable réconciliation nationale et à sa promotion, enterrer les haines, tourner la page du passé et ouvrir une nouvelle ère pour sortir de la crise (…) en vue d'instaurer de sécurité, la stabilité, la liberté, la justice sociale et le développement» dans le pays. L'annonce d'Anouar Haddam de créer son propre parti coïncide avec la commémoration du 15ème anniversaire de la démission de Chadli Bendjedid de la présidence de la République après que le FIS ait remporté les élections législatives. «Hormis la référence à l'opposition à l'arrêt du processus électoral, l'initiateur du mouvement, qui a revendiqué les attentats du boulevard Amirouche n'évoque ni l'ex-FIS ni ses dirigeants. Ce qui donne à son projet l'aspect d'une initiative personnelle», souligne le quotidien "Liberté". Dans une lettre, dont le contenu a été relayé par le journal "El Khabar", Anouar Haddam a appelé le président de la République Abdelaziz Bouteflika à tenir un congrès fédérateur en faveur de la réconciliation nationale. Il a également appelé les forces et personnalités nationales à «intensifier le travail loin des comptes et des agissements politiques, pour parvenir à un accord national pour rétablir les équilibres nationaux actuels». Anouar Haddam figurait parmi les élus du FIS au premier tour des législatives de décembre 1991, avant l'annulation du processus électoral. Il est considéré comme l'un des «durs» du mouvement, et un proche du Groupe islamique armé (GIA). D'ailleurs, il a, plusieurs fois, revendiqué ou approuvé les actions du GIA depuis Washington. L'ancien dirigeant du FIS avait été condamné par la justice algérienne à la prison à perpétuité pour avoir créé un réseau d'information hostile au pays et pour trafic d'armes. Ces derniers temps, M. Haddam avait déclaré avoir l'intention de retourner en Algérie. Mais récemment, et dans un entretien au quotidien "El Khabar", il a affirmé que cette décision a été reportée pour des raisons inconnues. Il a souligné que des milieux du pouvoir étaient opposés à ce retour, sans toutefois les spécifier. La charte pour la paix et les islamistes En élaborant la charte pour la paix et la réconciliation nationale, le président algérien Abdelaziz Bouteflika voulait à la fois enterrer un dossier épineux, celui de la décennie noire, mais aussi et surtout rallier à ses côtés les anciens dirigeants du FIS. Rien de cela n'est fait. Au contraire, Ali Belhadj, Abassi Madani et compagnie n'ont cessé de monter au créneau exigeant leurs implications dans la vie politique qu'ils considèrent comme un droit constitutionnel. Pire encore, l'insécurité en Algérie augmente de jour en jour et le GSCP, qui rejette catégoriquement la fameuse charte, multiplie les actions terroristes. Des actions qui n'épargnent aucune région du pays.