L'instance de régulation audiovisuelle alerte sur les effets délétères d'une surcharge d'annonces commerciales, appelant à un équilibre entre exigences économiques et respect du public. Dans un communiqué publié à l'issue de son conseil du 25 mars, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) dénonce avec fermeté l'«accumulation publicitaire» constatée sur les antennes des radios et télévisions marocaines au cours du mois de ramadan. L'autorité pointe une «saturation» qui altère l'expérience du public et influe sur sa perception des contenus diffusés, qu'ils relèvent de la fiction, de l'information ou du divertissement. Notant que cette période est traditionnellement marquée par un afflux d'investissements publicitaires, la HACA reconnaît que la captation de ces ressources constitue une «nécessité économique évidente» pour les diffuseurs. Toutefois, elle insiste sur l'impérieuse nécessité d'un cadre qui «tienne compte de l'intérêt supérieur du public», en particulier des «catégories les plus exposées et les plus vulnérables, telles que les enfants et les jeunes.» Un risque pour la crédibilité des médias L'instance met en garde contre les répercussions d'un tel excès, estimant qu'il nuit à la relation de confiance entre le public et les médias audiovisuels, y compris ceux investis d'une mission de service public. Elle rappelle que les plaintes et saisines émanant des citoyens et des associations traduisent une attente pressante en faveur d'une régulation plus stricte des pratiques en matière de communication commerciale. Parmi les dérives les plus fréquentes, la HACA cite «la publicité clandestine, l'irrégularité de certaines formes de parrainage, l'amalgame entre messages promotionnels et contenus éditoriaux, ainsi qu'un manque de transparence dans la mise en avant de certains produits.» L'instance juge ces pratiques préjudiciables à la qualité et à la fiabilité des contenus audiovisuels, estimant qu'elles doivent être «exclues avec la plus grande rigueur.» Un modèle économique à repenser Si la HACA réaffirme sa détermination à user de son pouvoir de sanction lorsque cela s'avère nécessaire, elle souligne que «le risque d'érosion de la crédibilité des médias audiovisuels marocains ne saurait être résolu par la seule action du régulateur.» Elle en appelle ainsi à une réflexion collective pour «instaurer des pratiques publicitaires innovantes et éthiques, conciliant les impératifs économiques des diffuseurs avec le respect de l'indépendance éditoriale et des attentes du public.» Au-delà de la seule question publicitaire, la HACA élargit le débat à l'avenir des médias audiovisuels nationaux alors que les bouleversements du paysage médiatique mondial posent avec acuité la question de la «souveraineté culturelle et informationnelle.» Un «chantier devenu pressant», conclut-elle, à l'heure où la mutation des usages et la montée en puissance des plates-formes numériques redessinent les équilibres du secteur.