Abassi Madani est une figure emblématique de l'islamisme algérien. Militant depuis son jeune âge, il ne sera pourtant connu que vers la fin des années 80. Portrait. La majorité des Marocains ne l'ont connu qu'à partir de 1989, c'est-à-dire avec la création du Font islamiste du salut (FIS) dont il était le président. Pourtant, cet ancien professeur de sociologie de l'éducation à l'Université d'Alger (il avait passé une thèse sur l'éducation), a toujours été un fervent activiste dans son pays. Né en 1931 à Sidi Okba d'un père imam, il est formé dans une école coranique, tout en recevant une formation élémentaire francophone. Il s'engage en 54 dans la lutte pour l'indépendance et rejoint le FLN, (Front de libération nationale) mais passe les sept années de la guerre en prison puisqu'il fut arrêté en 1955. Une fois libéré, il bénéficie de l'aide accordée aux moudjahidines et étudie la philosophie, ce qui ne l'a pas empêché de dénoncer la « dérive anti-islamique » du FLN. Il écopera de deux ans de prison en 1982 à cause de ses activités islamistes au sein de l'université. Son point fort est la modération. Au fil des années, il finira par créer le FIS vers la fin des années 1980. Cependant, son entourage comptait quelques personnalités connues pour leurs tendances radicales-comme Ali Belhadj- que le nouveau leader pensait contrôler tout en ralliant à sa démarche leur diverses mouvances. Sa tentative, basée sur un consensus assez flou, se révélera être un échec deux années plus tard, époque de graves dissensions au sein du FIS. Toutefois, les élections municipales permettent au FIS de remporter sa première grande victoire électorale. Sa stratégie est alors clairement de prendre le pouvoir grâce aux urnes. Ce passage dans la légalité révéla à l'opinion publique internationale l'existence d'une importante opposition islamiste au régime algérien . Le FIS participe donc aux élections législatives de décembre 1991, malgré l'arrestation, quelques mois plus tôt, de ses deux fondateurs, Abassi Madani et Ali Belhadj. Il obtient au premier tour 46,27 % des suffrages. A la suite de ce succès électoral, le FIS est interdit. Une « instance exécutive du FIS à l'étranger », dont le porte-parole est Rabah Kébir, s'installe en Allemagne d'où elle poursuit son action politique. Arrêté en 1991, libéré de prison et mis en résidence surveillée en 1994, Abassi Madani semble avoir été débordé par ses troupes et ne garder qu'une influence limitée sur les orientations du FIS clandestin. M. Madani, qui vit depuis quelque temps au Qatar, demeure tout de même le chef historique du Front islamique du salut. D'un esprit ouvert, il continue de communiquer et de faire des déclarations aux médias, chaque fois qu'il est sollicité, avec modestie et clarté.