La nouvelle de la construction d'un Parlement pour le Polisario devient de plus en plus persistante. Pour le capitaine Ali Najab, ex-détenu dans les geôles du polisario, il s'agit d'un piège tendu au Maroc. ALM : D'après vous, que viserait le Polisario en décidant la construction d'un Parlement à Tifariti ? Ali Najab : Le Polisario a déjà décidé de s'implanter dans cette localité de Tifariti et Bir Lahlou avec tentes, bétail et population civile. C'était juste avant le cessez-le-feu et ils faisaient cela de nuit. Il ne faut pas oublier que ce sont les prisonniers marocains qui étaient chargés des tâches ingrates et, entre autres, celle de transporter des ordures pour les déposer à Tifariti pour donner l'impression qu'il y a une population et une vie. Pour les mercenaires du Polisario, une fois les accords signés, ils se trouveraient sur place, avec une population civile occupant des bâtisses érigées auparavant. Cela voulait dire mettre le Maroc devant le fait accompli au moment de la signature des accords d'Houston. L'Algérie, elle, savait pertinemment que personne ne pouvait toucher à tout ce qui serait installé et construit avant ces accords. C'est d'ailleurs pour cela que l'armée marocaine avait réagi via un ratissage quelques jours avant la signature desdits accords en forçant le Polisario à déménager les tentes. A ce moment-là, la population civile n'était pas encore installée. Maintenant, en voulant construire ce parlement, rien n'empêchera le Polisario d'amener des populations civiles, forcées, et les installer. Personne ne pourra l'en empêcher.Ce qui est risible dans toute cette histoire est que le Polisario n'a jamais disposé d'un Parlement, que ce soit à Tindouf ou ailleurs. C'est une bande qui a toujours concentré tous les pouvoirs entre ses mains et qui continue de le faire. Dans cette nouvelle provocation, quel est le rôle de l'Algérie ? L'Algérie, complice et protectrice du Polisario, veut provoquer le Maroc. Ce dernier, du fait de la construction d'un Parlement à Tifariti, sera amené à faire l'un des deux choix. D'abord celui de demander aux Nations Unies d'empêcher le Polisario de le faire et d'amener des populations civiles par une intervention de la Minurso. Ou alors intervenir militairement et c'est ce que cherche exactement l'Algérie. On ne sait pas ce qu'elle a en tête et peut-être que c'est le but qu'elle recherche. Sinon, comment nous expliquer les achats d'armes pour plusieurs milliards de dollars. N'oublions surtout pas qu'il y a le piège de la population civile. Une intervention militaire du Maroc serait synonyme de graves atteintes aux vies de cette population et le reste du scénario, on le devine : des associations par-ci, l'ONU par-là et surtout une opinion publique internationale devenue très sensible aux questions humanitaires. La population civile pourrait être utilisée par le Polisario comme une sorte de bouclier humain. Vous qui connaissez la région, est-ce vraiment un coin assez vivable pour y installer une population de manière durable? Tifariti, à près de cent kilomètres du mur de protection, est riche en puits d'eau potable comme Tindouf, Mahbess ou Smara. On peut facilement y construire une ville comme Laâyoune ou l'une des grandes villes du Sahara marocain. Là n'est pas la question. L'enjeu, comme je l'ai dit, est celui d'un fait accompli que cherche le Polisario et qui n'arrangerait en rien la position du Maroc qui serait pris entre le marteau et l'enclume. Ne serait-ce pas plutôt des préparatifs pour que le Polisario quitte Tindouf, sur le territoire algérien ? C'est un leurre que d'ajouter foi à une telle hypothèse. Tindouf et les séquestrés, ne l'oublions pas, sont la monnaie d'échange du Polisario et de l'Algérie. Sans populations civiles, ils n'auraient plus rien entre les mains. D'ailleurs, la population de Tindouf gardée par l'ONU à Tifariti serait une chose vraiment extraordinaire. L'Algérie et le Polisario ne peuvent parler qu'en maintenant les populations civiles à Tindouf, ces mêmes populations dont une grande partie a été enlevée de force par des bataillons de l'armée algérienne. Sans population civile à Tindouf, le Polisario perdra une grande partie des aides qui vont dans les poches de ses dirigeants. Que faire alors, selon vous ? Si la nouvelle de la construction dudit Parlement, ce que laissent entendre plusieurs sources, est vraie, il faut intervenir auprès des Nations unies. Il est à rappeler dans ce sens le contenu de l'accord de Houston qui interdit au Polisario de construire quoi que ce soit au-delà du mur de protection érigé par le Maroc, mais il n'est pas impossible que les mercenaires défient tout le monde, y compris les Nations-Unies. Si on se tait, ce sera le Parlement, puis d'autres infrastructures, l'émergence d'une vraie ville. Ce sera Mohamed Abdelaziz qui recevra des successions de délégations de politiques et journalistes hostiles au Maroc. A quelques kilomètres du mur, la chose serait un développement vraiment très grave.