Intéressante à plus d'un titre, cette technique de financement n'a pas atteint ses lettres de noblesse. Opacité, déficit de communication, etc. Telles sont les caractéristiques d'un marché qui n'arrive toujours pas à décoller. «L'argent ne fait plus défaut, ce sont les bons projets qui manquent ». Ce sont les termes qui reviennent souvent dans le discours des capital-risqueurs pour justifier leur refus de s'engager avec des entreprises qui, à leurs yeux, ne répondent pas aux critères. Auprès d'un bon nombre d'opérateurs économiques, on estime que même en présentant un plan d'affaires bien affiné, il est difficile d'accéder à ce genre de financement. Quelle est alors l'alternative pour les entreprises ayant un projet de développement ambitieux et qui n'arrivent pas à convaincre les banques à les suivre ? Se rapprocher d'une société de capital-risque est certes une démarche intéressante. Il faudra alors s'armer de patience. Le résultat n'est pas toujours à la hauteur des ambitions des entreprises. C'est le cas d'une société spécialisée dans les technologies de l'information et la communication qui, après avoir négocié pendant six mois avec un capital-risqueur, ce dernier a jugé inutile de s'engager avec elle alors qu'au départ il a affiché son intérêt pour ladite entreprise. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres qui renseignent sur la réalité du capital-risque. Force est donc de constater que cette technique de financement est à vocation élitiste. Chose que certains capital-risqueurs revendiquent sans la moindre gêne, alors que sous d'autres cieux, notamment aux Etats-Unis, le capital-risque a été à l'origine du développement de la nouvelle économie. De même que son décollage s'explique par l'engagement des sociétés de capital-risque qui ont parié sur des secteurs à fort potentiel de croissance. Si de l'avis des sociétés de capital-risque, les fonds dédiés au capital investissement existent et ne demandent qu'à être affectés, force est de constater qu'on n'en est qu'aux balbutiements. Les chiffres fiables sur la situation du capital-risque au Maroc n'étant pas disponibles, il est difficile d'avoir une idée sur son évolution. Au moment où le discours dominant sur le capital-risque laisse croire qu'il y a une offre large, il n'est pas aussi aisé de faire le point sur l'adéquation de celle-ci par rapport à la demande. D'où l'utilité de s'interroger sur le niveau de risque pris par les intervenants en matière de sélection des entreprises et de modalités financières d'investissement. Là aussi, il est difficile de connaître les rouages d'un tel système. A en juger par la structure du tissu économique national composé essentiellement de PME-PMI, les investisseurs en capital soulignent que c'est leur cible prioritaire. Celles-ci sont appelées à affiner leurs programmes de développement pour pouvoir bénéficier de l'appui d'un capital-risqueur. Un business plan présentant le projet au bailleur s'avère indispensable. Avant de franchir le cap, il faut savoir qu'une société de capital investissement cherche avant tout le profit. Elle est censée jouer le rôle d'un partenaire de l'entreprise en accompagnant son intervention financière de conseils et d'appui. Au-delà de l'appui financier, la société de capital investissement apporte également au chef d'entreprise plusieurs prestations. Tout dépend alors de son plan de développement et des moyens dont il dispose. On peut citer à titre d'exemple, l'ingénierie financière (relations privilégiées avec les Banquiers et les institutions financières), le conseil stratégique, la mise en relations avec d'autres entrepreneurs (clients, fournisseurs, autres pays), voire le rapprochement d'entreprises, l'aide au recrutement des cadres principaux, l'assistance en matière de gestion comptable et financière de l'entreprise. En tant qu'actionnaire, le capital-risqueur ne bénéficie pas de garanties pour son intervention, en cas de liquidation de l'entreprise dans la mesure où il n'est pas assimilé aux créanciers prioritaires. Etant donnés les risques importants, le capital investissement ne s'intéresse qu'aux projets d'entreprises porteurs d'une forte croissance actuelle ou potentielle du chiffre d'affaires, des parts de marché et surtout de la rentabilité. La plupart des sociétés de capital investissement sont des partenaires financiers minoritaires, qui détiennent des participations laissant au chef d'entreprise la liberté et la responsabilité de la conduite des affaires. Les règles définissant le partenariat sont reprises dans un protocole d'actionnaires. La principale rémunération de la société de capital investissement s'effectue sous forme de plus-value lors de la cession (appelée aussi sortie) de la participation. Mais elle recherchera un rendement régulier sous forme de dividendes. Ceci pour la partie théorique. Sur le plan pratique, le développement des fonds de capital-risque fait face à plusieurs contraintes, notamment au niveau de la réglementation. Quant à la pratique du métier lui-même, il s'agit d'instaurer la transparence et de communiquer sur les opérations réalisées, à l'image des autres pays.