Les avancées réalisées par le Maroc en matière des droits de l'Homme durant les deux dernières décennies sont indéniables. Partie à la grande majorité des conventions internationales régissant les droits de l'Homme, en particulier les sept principaux instruments, le pays a fait le choix de tourner la page sur des années noires. Aujourd'hui, le Maroc peut s'enorgueillir d'avoir emprunté, depuis une vingtaine d'années déjà, le chemin de la reconnaissance et de la protection des droits de l'Homme avec en prime la consolidation d'un Etat de droit. Sur ce registre, justement, les faits ne manquent pas. Le processus de réformes débute en 2000 par la consécration du nouveau concept de l'autorité. Puis viendra la réforme de la Moudawana, initiée par Feu Abdelhadi Boutaleb. Le 17 octobre 2001, SM le Roi Mohammed VI prononce un discours à Ajdir où le Souverain consacre la composante amazighe comme partie indivisible du contexte pluriculturel marocain, dans ses dimensions de langue, de culture et d'histoire. Le discours sera suivi de l'annonce officielle de la création de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM). L'installation de l'Instance équité et réconciliation (IER) en 2004, quoique certaines voix avancent toujours que ses recommandations n'aient pas été suivies à la lettre, a été l'expérience qui allait marquer un tournant majeur dans l'établissement du principe des droits de l'Homme au Maroc. Les essais vont alors suivre en chaîne. Certains réussis, comme l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), dirigée de près par le Souverain lui-même, la création du Conseil national des droits de l'Homme et ses antennes (aujourd'hui avérées louables d'ailleurs), ou encore l'installation du Conseil économique et social (puis environnemental) qui allait désormais avoir comme mission de collaborer à l'élaboration d'une charte sociale entre les différentes composantes du tissu politico-socio-économique. Pourtant, et malgré l'avènement d'une nouvelle Constitution en 2011 qui a fait le choix irréversible de faire du pays un Etat de droit, avec comme base le respect des droits de l'Homme dans leur universalité, d'autres expériences attendent toujours de rejoindre le chemin de la réussite. Pour les ONG, c'est d'abord la volonté politique qui décidera de la consécration définitive du principe des droits de l'Homme dans le pays. Sur un ton de désolation, Khadija Ryadi, ancienne présidente de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) et qui devrait recevoir aujourd'hui même le Prix des Nations Unies des droits de l'Homme, a déclaré à ALM que «l'impunité est la grande tache noire qui entrave aujourd'hui le travail réalisé en matière de consécration du principe des droits de l'Homme». Si l'allusion de Ryadi paraît rejoindre les propos du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui avait déclaré il y a un peu plus d'un an qu'il n'y aurait pas de suites aux grandes affaires de dilapidation des deniers publics, il n'en demeure pas moins que la fin de l'impunité est reprise comme leitmotiv par les défenseurs des droits de l'Homme. L'élection du Royaume au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU est certes une reconnaissance des efforts consentis en la matière. Elle devra, de l'avis des droits-de-l'hommiste, être suivie d'une stratégie claire du gouvernement pour accélérer les réformes vers l'installation définitive d'un Etat de droit.