La profanation, dans la nuit de dimanche à lundi, de la tombe du policier espagnol mort dans l'explosion de l'appartement de Leganes, augmente les craintes de la communauté marocaine établie en Espagne. Les craintes de la communauté marocaine établie en Espagne ne cessent de s'accroître. La nouvelle de la profanation de la tombe du policier, tué dans le suicide à l'explosif de sept islamistes, augmente les appréhensions de quelques 378 979 Marocains, en situation légale. La police espagnole, qui a établi un important dispositif autour du cimetière sud de Madrid, dans le quartier de Carabanchel, n'a pas fourni de détails sur cette profanation. Mais la nouvelle de la profanation s'est très vite propagée. Son onde de choc terrifie la communauté marocaine. Mustapha El Mrabet, président de l'Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (ATIME), ne veut pas céder à la panique. Mais il explique que cet «acte innommable va apporter de l'eau au moulin des extrémistes». Il ajoute qu'aucune action hostile à la communauté marocaine n'a été signalée jusque-là. «Il faut croire que des personnes ont intérêt à ce que cette situation change», dit-il. Qui sont-elles ? Mustapha El Mrabet refuse d'émettre des hypothèses sur leur identité. Il attend les conclusions de l'enquête de la police. «Quel que soit l'auteur de cet acte abject, il est clair qu'il veut embraser la situation, montrer que tout n'est pas fini. Nous sommes conscients de cela et n'allons pas céder aux provocations», ajoute-t-il. Le policier qui gisait dans la tombe profanée s'appelle Javier Torrontera. Il avait le grade d'inspecteur au sein des Groupes d'opérations spéciales (GEO) de la police nationale espagnole. Il avait trouvé la mort le 3 avril lors du suicide collectif à l'explosif, à Leganés (banlieue de Madrid), de sept extrémistes islamistes, considérés comme les auteurs des attentats du 11 mars à Madrid qui ont fait 191 morts et plus de 1.900 blessés. La triste nouvelle de la profanation de sa tombe n'est pas la seule à intéresser les Marocains. Le quotidien espagnol «El Pais» a rapporté dans son édition de dimanche, qu'au moins cinq des auteurs matériels ou collaborateurs des attentats du 11 mars à Madrid étaient fichés par les services de police et de renseignements comme islamistes radicaux. Quatre d'entre eux sont marocains : Amer Azizi, Jamal Zougam, Kounjaa Abdennadi et Jamal Ahmidan. Le cinquième fiché est le Tunisien Serhane Ben Abdelmajid considéré comme le cerveau des attentats de Madrid. Ce dernier s'est fait exploser dans l'appartement de Leganes, en compagnie des Marocains Kounjaa Abdennadi et Jamal Ahmidan. Jamal Zougam a été, pour sa part, placé en détention par le juge espagnol chargé de l'enquête, Juan del Olmo. Quant à Amer Azizi, il est en fuite. Les enquêteurs sont à ses trousses, parce qu'il est qualifié «de chaînon manquant entre le 11 septembre et le 11 mars». Amer Azizi est en fuite depuis le démantèlement de la cellule espagnole d'Al Qaïda en novembre 2001. Son arrestation ne fera pas toutefois taire les critiques contre les services de la police espagnole. Le journal «El Pais» l'appelle à faire une «autocritique inévitable et nécessaire».