L'Organisation démocratique du travail (ODT) observera demain, jeudi 6 février, une grève dans les collectivités locales. Le syndicat créé par le Parti socialiste qui a fusionné quelques mois auparavant avec l'USFP (Union socialiste des forces populaires) a appelé tous ses affiliés et sympathisants dans toutes les régions, les préfectures, les provinces et les communes urbaines et rurales à adhérer à ce mouvement de débrayage. Il s'agit du premier appel à la grève depuis l'activation par le gouvernement des retenues sur les salaires des grévistes. Dans un communiqué diffusé aux médias, le syndicat détaille ses motivations. «Nous protestons contre la gestion du dossier de la réforme des caisses de retraite ainsi que la politique unilatéraliste de la tutelle vis-à-vis des revendications des fonctionnaires de la collectivité et le gel du dialogue», lit-on dans le communiqué. Durant les années 2010 et 2011, des mouvements de débrayage répétés paralysaient les collectivités locales durant de longues semaines. Mais l'activation par le gouvernement de retenues sur les salaires des grévistes dans la fonction publique avait fini par limiter l'impact des grèves sur les établissements publics. Sur le plan des revendications, les syndicalistes de l'ODT demandent «l'adoption d'un statut fondamental équitable pour les fonctionnaires des collectivités, la création d'une fondation des œuvres sociales et la régularisation de la situation des fonctionnaires porteurs de licences et de masters». Il s'agit également pour l'ODT «de donner la possibilité aux fonctionnaires de se porter candidats aux élections dans les arrondissements dans lesquels ils exercent leurs fonctions». C'est donc pour toutes ces raisons que le syndicat veut observer une grève. Toutefois, l'appel de l'ODT à la grève dans le contexte actuel ressemble beaucoup plus à un test pour savoir si les fonctionnaires des collectivités locales répondront à cet appel au risque de perdre une journée de travail de leurs salaires. Ce fut un temps où la majorité des fonctionnaires répondait à n'importe quel appel à la grève mais, depuis, les choses ont considérablement changé. Le débrayage est en outre un test qui devra permettre de mesurer l'ampleur de la tension sociale actuelle suite aux changements opérés au niveau du système de compensation. L'ODT prend probablement le risque de subir un revers si l'appel à la grève n'est pas suivi par les fonctionnaires. Une grève ratée pourrait également être un désaveu pour l'opposition qui parle depuis des jours «d'un climat social tendu au bord de l'explosion». A noter que le secrétaire général de l'ODT, Ali Lotfi, est également membre du bureau politique de l'USFP. Il faut préciser par ailleurs que la grève dans les collectivités coïncide avec un appel lancé par l'Union syndicale des fonctionnaires, affiliée à l'Union marocaine du travail (UMT). Cette grève sera suivie d'une marche de protestation à Rabat. A noter que l'UMT et deux autres centrales syndicales, à savoir la Fédération démocratique du travail (FDT) et la Confédération démocratique du travail (CDT) viennent d'annoncer la création d'un front commun. Les trois syndicats vont également adresser un mémorandum au chef de gouvernement sur toutes les revendications.