L'année 2019 a été marquée par plusieurs annonces de gel et de retrait de la reconnaissance de la «RASD», en plus d'ouverture de consulats au Sahara. Mais si le Maroc a de l'espoir de voir d'autres pays latino-américains changer leurs positions quant à ce dossier, le processus onusien pour le règlement de cette question reste en suspens, en attendant la nomination d'un successeur de Köhler. Bien que le dossier du Sahara n'ait pas connu d'importantes avancées pour l'année que nous nous apprêtons à quitter, le Maroc ne peut qu'être rassuré pour ses actions diplomatiques. En effet, Rabat a commencé cette année une victoire. En janvier 2019, le royaume remportait sa bataille d'intégrer le Sahara dans ses accords commerciaux avec l'UE. Un mois plus tard, le Hirak algérien démarre en février, provoquant instabilité politique et climat d'inquiétude dans les camps de Tindouf. Les manifestations contre le cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika frapperont le Front Polisario de pleins fouets, les dirigeants algériens devenant plus attentifs aux problèmes internes qu'à la question du Sahara occidental. Bien que l'année 2019 se termine avec l'élection d'Abdelmajid Tebboune en tant que président en Algérie, les manifestations du Hirak se poursuivent, chaque vendredi. De l'espoir pour l'Amérique latine Les vents du changement souffleront dans plusieurs pays en Amérique latine, où le mouvement séparatiste disposait, jusque-là, de plusieurs soutiens historiques. Au Venezuela, les manifestations contre le deuxième mandat de Nicolas Maduro et l'autoproclamation du chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido, comme président par intérim, sera du pain béni pour le Maroc. D'ailleurs, le royaume n'hésitera pas à le soutenir ouvertement, en accueillant, en mars 2019, Jose Ignacio Guedez, envoyé spécial de Guaido à Rabat. En Bolivie, pays qui reconnaît la «RASD» depuis 37 ans, le président Evo Morales a jeté l'éponge, annonçant quitter ses fonctions, au lendemain d'une vague de contestation qui a secoué le pays après sa réélection. De plus, en Uruguay, les amis du Polisario au sein de la coalition du gauche «Frente Amplio» (Front élargi), ont perdu cette année l'élection présidentielle, après 15 ans au pouvoir. Un espoir pour Rabat de voir Montevideo changer de position. C'est en 2019 aussi et sur ce même continent que Nasser Bourita a effectué sa tournée, ayant permis au Maroc de décrocher un retrait de reconnaissance de la «RASD» par le Salvador puis par la Barbade, en juin. Vers de nouveaux retraits de la reconnaissance de la «RASD» en Amérique latine en 2020 ? Plusieurs victoires en Afrique De retour au sein de l'Union africaine, en janvier 2017, le Maroc a mené ses offensives diplomatiques en Afrique aussi. Alors que l'Afrique du Sud et l'Algérie réunissaient, dans la capitale Pretoria, les pays de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) dans le cadre d'une conférence de soutien au Polisario, le Maroc organisait sa propre rencontre. La Conférence ministérielle concernant l'appui de l'Union africaine au processus politique des Nations unies sur le conflit au Sahara, tenue en mars 2019 à Marrakech, a permis au Maroc d'entériner la décision prise par le Sommet de l'UA de juillet 2018 à Nouakchott. La participation de certains pays aux deux conférences alors que d'autres avaient boycotté le Sommet de Pretoria, provoquera des divisions au sein de la SADC. Une divergence qui s'est concrétisée avec l'annonce du Lesotho, pays enclavé à l'intérieur de l'Afrique du Sud, de geler sa reconnaissance de la «RASD». De plus, si les gels se poursuivent, aucun pays n'a annoncé une nouvelle reconnaissance de la «RASD» depuis 2011. C'est aussi durant l'année en cours que plusieurs pays ont annoncé l'ouverture de consulats au Sahara, à commener par la Côte d'Ivoire en juin à Laâyoune. Les Îles Comores lui emboiteront le pas en décembre. Une bonne nouvelle qui sera suivie par celle de la Gambie et l'ouverture de son consulat à Dakhla. Sur le plan diplomatique, le Maroc a continué à tendre la main aux pays soutenant le Polisario en Afrique, à commencer par l'Afrique du Sud où le Maroc a dépêché Youssef Amrani en tant qu'ambassadeur à Pretoria. Un processus onusien en suspens en attendant le successeur de Köhler Toutefois, les victoires diplomatiques du Maroc se heurtent à l'absence de toute avancée concernant le différend territorial au niveau des Nations unies et de son conseil de sécurité. Malgré la détermination, en début d'année, des Etats-Unis afin de mettre plus de pression sur les parties du conflit, la situation ne change pas, même après la tenue, en mars, de la deuxième table ronde près de Genève. D'ailleurs, le départ de Horst Köhler en mai 2019 puis le limogeage, en septembre, de John Bolton, l'instigateur de l'idée d'une prolongation de six mois seulement quant au mandat de la MINURSO, freineront la dynamique insufflée par l'ancien président allemand, donnant ainsi du grain à moudre à l'ONU dans ce dossier. En octobre, le conseil de sécurité prolongera d'un an le mandat de la MINURSO, marquant ainsi un retour à la situation du départ. Au grand dam des Etats-Unis qui déclaraient que ce renouvellement n'est pas «un retour à la normale», le processus onusien semble suspendu, en attendant celui ou celle qui succèdera à Horst Köhler. L'année 2020 sera-t-elle ainsi marquée par des changements majeurs dans le dossier du Sahara occidental, contrairement à 2019 ?