Le Maroc «tente d'isoler le Front Polisario dans l'Amérique latine, essentiellement dans l'Amérique hispanique», où les alliés des séparatistes s'estompent vite, écrit le quotidien espagnol El País. Le roi Mohammed VI pu obtenir la renonciation de plusieurs pays à l'idée de soutenir le Polisario pour s'engager du côté de Rabat. L'offensive diplomatique que mène le Maroc dans le monde entier relative au dossier du Sahara «se manifeste en Amérique latine par une nette victoire de Rabat», écrit le quotidien espagnol El País. «Au cours des cinq dernières années, les ambassades issus d'Amérique latine à Rabat sont passées de 5 à 12. Des pays comme le Salvador ou la Bolivie ont retiré leur reconnaissance de [la Rasd] au cours des deux dernières années rejoignant dans ce sens d'autres pays comme la Colombie ou le Guatemala». Le roi Mohammed VI est l'artisan de la stratégie marocaine dans cette région du monde consistant à accélérer la multiplication des ralliements qui provoquerait une véritable hémorragie dans les rangs séparatistes et rendrait de ce fait inutile leur volonté de promouvoir leurs thèses. Sur le terrain, «des événements majeurs ont consolidé la domination marocaine au Sahara» note le journal. «Rabat contrôle entièrement la zone de Guergeurat depuis novembre [2020], ce qui permet de sécuriser le passage routier vers la Mauritanie. Et en même temps, il confirme son ascendant naissant sur le continent américain». Les séparatistes essuient également des revers à l'ONU. Le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé mercredi 21 avril à accélérer les démarches pour nommer un nouvel émissaire onusien «afin de relancer dès que possible un processus politique bloqué» et les Etats-Unis, responsables du dossier au Conseil de sécurité et auteur des textes qui y ont trait, soutiennent le Maroc sans faille. «Le plus grand succès diplomatique que Rabat ait obtenu depuis 1975 est survenu en décembre 2020 aux mains du président des Etats-Unis de l'époque, Donald Trump. Son administration a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara» et programme d'ouvrir un consulat à Dakhla. «Son successeur, Joe Biden ne s'est pas levé contre cette décision» et les efforts du Maroc pour que l'Europe abonde dans le même sens continuent. «Pendant ce temps, la diplomatie marocaine continue de forger son réseau d'influences en Amérique latine. Chaque geste, aussi petit soit-il, compte» pointe El País. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue colombienne, Claudia Blum, ont tenu une réunion virtuelle le mardi 6 avril, au cours de laquelle les deux diplomates ont exprimé la volonté du roi Mohamed VI et du président colombien, Iván Duque, de «réaffirmer la solidité des rapports bilatéraux entre les deux pays». Un diplomate sud-américain confie : «Depuis l'arrivée du roi Mohammed VI sur le trône, Rabat mène une politique très active et efficace. Pour faire entendre sa voix en Amérique latine, elle désigne des diplomates qui parlent très bien l'espagnol, qui sont très bien documentés sur la région», expliquant par la même occasion qu'«avoir une présence diplomatique au Maroc est important. Et au final, nous sommes 12 pays d'Amérique latine qui ont une ambassade à Rabat». Un autre diplomate de la région ajoute dans des propos rapportés par la même source : «Les ambassadeurs marocains en Amérique latine sont très efficaces. La personne affectée à mon pays travaille avec la précision d'un horloger suisse. Il connaît tout les courants de la société et quand il le pouvait, avant la pandémie, il organisait des voyages à Laâyoune». Des sources diplomatiques marocaines ont indiqué au journal espagnol que les «succès notoires» sont dus à une approche globale, englobant «les relations bilatérales du Maroc avec les pays de la région, la présence diplomatique, les interdépendances économiques et commerciales, les relations sociales, ethniques et culturelles, et l'importance des échanges humains des deux côtés». Et tout cela, guidé par la «vision clairvoyante» du roi Mohammed VI, selon les mêmes sources. Le résultat de cette politique en chiffres, selon la diplomatie marocaine, se résume comme suit : 16 pays ne reconnaissent pas «l'entité fictive» séparatiste; 14 pays soutiennent le projet d'autonomie présenté par le Maroc au détriment du référendum d'autodétermination. Il est à notrer à partir des années 1990, «des pays comme la Colombie, le Guatemala, le Honduras, le Paraguay, la République dominicaine, Haïti et la Jamaïque ont retiré leur reconnaissance de la RASD. Les derniers ont été El Salvador (2019), la Guyane et la Bolivie (tous deux en 2020)» a-t-on noté.