Après un début de saison marqué par des conditions météorologiques défavorables, la campagne agricole 2024-2025 connaît un redressement significatif. Portée par les pluies abondantes de mars et début avril, la production prévisionnelle des principales céréales atteint désormais 44 millions de quintaux, un volume en forte progression par rapport à l'année précédente. Le démarrage de la campagne avait pourtant de quoi inquiéter les professionnels du secteur. Si des précipitations précoces au mois d'octobre avaient favorisé une bonne implantation des cultures d'automne, la suite de la saison a été marquée par un déficit pluviométrique persistant de novembre à février. Cette période sèche, aggravée par une hausse anormale des températures en novembre, a entravé la croissance des céréales à un moment crucial de leur développement. C'est à partir de mars que la tendance s'est inversée. Les pluies soutenues et les chutes de neige enregistrées sur plusieurs massifs montagneux ont permis une nette amélioration des conditions hydriques. Le cumul pluviométrique national a atteint 293 millimètres, en hausse de 19 % par rapport à la campagne précédente, bien que toujours inférieur de 18 % à la moyenne d'une année normale. Ce retour des précipitations a eu un effet décisif sur la reprise végétative des cultures. Portée par cette embellie climatique tardive, la production prévisionnelle des principales céréales – blé tendre, blé dur et orge – est estimée à 44 millions de quintaux pour la campagne 2024-2025. Cela représente une hausse de 41 % par rapport aux 31 millions de quintaux enregistrés lors de la campagne précédente. Lire aussi : Dessalement de l'eau: Le Maroc a réalisé des avancées « majeures » Dans le détail, le blé tendre devrait représenter à lui seul 24 millions de quintaux. Le blé dur, quant à lui, atteindrait 10,6 millions de quintaux, tandis que l'orge, culture souvent plus résiliente aux conditions climatiques extrêmes, devrait contribuer à hauteur de 9,5 millions de quintaux à cette performance globale. La superficie semée en céréales principales a également connu une progression, atteignant 2,62 millions d'hectares contre 2,47 millions lors de la campagne 2023-2024, soit une augmentation de 6 %. Ce regain de confiance des agriculteurs traduit une amélioration des perspectives agricoles à l'échelle nationale. Trois régions en tête de la production La répartition régionale de la production céréalière confirme le rôle stratégique de certains bassins agricoles. À elles seules, les régions de Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima concentrent 80 % de la production nationale. La région de Fès-Meknès arrive en tête avec une contribution de 36 %, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (28 %) et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (16 %). Ce poids régional reflète à la fois des conditions agro-climatiques favorables et une structuration plus avancée des filières céréalières dans ces zones, bénéficiant d'infrastructures et d'un encadrement technique plus soutenus. L'amélioration des conditions climatiques et la mobilisation des acteurs du secteur agricole portent déjà leurs fruits sur le plan économique. Après une contraction de -4,8 % enregistrée lors de la campagne précédente, la valeur ajoutée agricole devrait enregistrer une croissance prévisionnelle de 5,1 % en 2024-2025. Ce rebond est le résultat des efforts conjoints du ministère de l'Agriculture et des professionnels, qui ont œuvré à maintenir les capacités de production malgré les aléas climatiques. Il traduit également la résilience d'un secteur agricole marocain qui continue de jouer un rôle central dans l'économie nationale, en dépit des pressions accrues liées au changement climatique.