Après avoir établi un rapprochement avec le Mozambique en mars dernier, et s'être assuré de l'accord de principe de sept membres de la SADC, le Maroc a entériné vendredi en Afrique australe avec la décision du Lesotho d'adopter une neutralité positive dans le conflit du Sahara occidental. A l'exception de l'Afrique du Sud, seuls la Namibie, le Botswana et le Zimbabwe s'attachent à leur soutien inconditionnel du Front Polisario. Dans le cadre de sa politique étrangère, visant les derniers remparts du Front Polisario en Amérique latine et en Afrique, le Maroc a annoncé vendredi une nouvelle victoire : le changement de position du Lesotho. Dans une note adressée au ministère des Affaires étrangères, l'Etat enclavé dans le territoire de l'Afrique du Sud a annoncé s'engager désormais à «soutenir activement le processus politique mené par les Nations unies» pour parvenir à trouver une solution au conflit du Sahara occidental. Les autorités de Maseru affirment aussi qu'elles adopteront, sur cette question, «une neutralité positive dans toutes les réunions sous-régionales, régionales et internationales». Un revirement de taille pour le Lesotho Le changement de taille a de quoi inquiéter les partisans de Brahim Ghali. Pour cause, le Lesotho réaffirmait, il y a huit jours seulement, ses positions pro-Polisario devant la 74e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Le 27 septembre dernier, le premier ministre du Lesotho appelait «à la fin de l'occupation marocaine du Sahara occidental» en «réitérant le droit inaliénable à l'autodétermination du peuple sahraoui». Mais alors que Tom Thabane se faisait l'avocat du Polisario devant l'Assemblée générale de l'ONU, son ministre aux Affaires étrangères, Lesego Makgothi, a rencontré son homologue marocain Nasser Bourita. D'ailleurs, la note du vendredi fait suite à une conversation téléphonique entre les deux chefs de la diplomatie. Ce revirement n'est pas un cas isolé. Il confirme même une politique marocaine visant la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC). En mars dernier, le Maroc a réussi à s'assurer de l'alignement de huit pays du groupe régional africain pour qui le soutien du Polisario et sa «RASD» est une priorité, sur la question du Sahara. En effet, en mars 2019, le royaume organisait sa Conférence ministérielle africaine sur l'appui de l'UA au processus onusien sur le différend du Sahara occidental», sanctionnée par une Déclaration finale. Ainsi, les Etats signataires, dont ceux de la SADC, avaient convenu de soutenir la Troïka présidentielle, la seule habilitée à aborder la question du Sahara, conformément à la décision de la 31e session ordinaire de la Conférence de l'Union africaine, tenue les 1 et 2 juillet 2018 à Nouakchott. Une conférence qui a failli créer une crise au sein de la SADC, puisque huit Etats membres étaient à la fois à Marrakech et à Pretoria, où un sommet était organisé pour soutenir la «RASD». Diplomatie économique et geste humanitaire pour l'Afrique du Sud et le Mozambique Dans son offensive diplomatique , le Maroc veut aussi viser l'Afrique du Sud, dont le poids à la SADC dépasse de loin la simple influence régionale. C'est ainsi que le royaume a fini par dépêcher, cet été, son nouvel ambassadeur à Pretoria, Youssef El Amrani. Le royaume mise surtout sur la coopération économique. Rabat et Pretoria tentent, depuis une année, d'emprunter cette voie, comme en témoigne la participation d'un proche du président sud-africain Cyril Ramaphosa à une rencontre organisée, le 15 juillet dernier, à Casablanca, par la CGEM ou encore la présence d'une délégation du patronat marocain au Forum africain d'investissement organisé en novembre 2018 à Johannesburg. Maroc-Afrique du sud : Le rapprochement par l'économie Rabat garde également un œil sur la Namibie, le Botswana et le Zimbabwe, les trois membres fondateurs de la SADC maintenant, pour l'heure, leur position de soutien au Polisario. Quant au cas du Mozambique, le rapprochement avec le Maroc semble être sur la bonne voie. Après le boycott, par le président Filipe Nyusi, du sommet de la SADC en mars dernier, il a dépêché son ministre des Affaires étrangères, José Condungua Pacheco, au Maroc pour remercier le roi Mohammed VI du soutien matériel aux victimes du cyclone Idai, ayant frappé le Mozambique les 14 et 15 mars 2019.