Alors qu'une réunion d'appui au Polisario se tient en Afrique du Sud, Marrakech a accueilli une conférence avec la participation de 36 pays du continent, en soutien à la décision de l'Union africaine de garder la question du conflit du Sahara occidental exclusivement entre les mains des Nations unies. Parallèlement à la Conférence ministérielle concernant l'appui de l'Union africaine au processus politique des Nations unies sur le conflit régional au Sahara, tenue ce lundi à Marrakech, la capitale sud-africaine Pretoria organise une conférence de soutien au Front Polisario. Dimanche, le leader du mouvement, Brahim Ghali, a ainsi fait le voyage pour prendre part, les 25 et 26 mars, à la rencontre de soutien au Polisario, tenue au siège du ministère sud-africain des Affaires étrangères. Il a été reçu par le vice-chef de la diplomatie, Luilin Tyrone Landers. Cette conférence, la première du genre depuis la création de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) le 17 août 1992, est marquée par la participation d'invités tels que l'Algérie, à travers son vice-Premier et son chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, Ouganda via son président Yoweri Museveni, Cuba via sa vice-présidente, Ines Maria Chapman, et de représentants du Nicaragua et du Venezuela. Cette rencontre constitue la mise en œuvre d'une résolution du 37e Sommet des chefs d'Etat et des gouvernements de la SADC, tenu à Pretoria en 2017. A cette occasion, les participants ont annoncé l'adoption d'une «recommandation pour une conférence de solidarité avec le peuple sahraoui et la République démocratique arabe sahraouie, dont les résultats seront transmis à l'Union africaine». Selon un communiqué du ministère sud-africain des Affaires étrangères, ce sommet tend à souligner «le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination, conformément aux principes de la Charte des Nations unies et aux documents de l'Organisation de l'unité africaine puis de l'Union africaine». Le Sommet appelle également à «la mise en œuvre des résolutions des Nations unies, de l'Organisation de l'unité africaine et de l'Union africaine afin de permettre au peuple du Sahara occidental d'exercer son droit à l'autodétermination». A l'issue de cette réunion, les représentants des douze pays participants (sur les 16 membres du SADC) devraient signer une déclaration de soutien au Front Polisario. Un autre sommet au Maroc Parallèlement à cette réunion, Marrakech accueillait une conférence ministérielle à laquelle ont participé 36 pays africains, en plus du Maroc, en soutien à la résolution 693 de l'Assemblée générale de l'Union africaine, adoptée au 31e sommet des 1e et 2 juillet 2018 à Nouakchott. En vertu de la résolution est décidée la création d'un mécanisme africain incluant «la troïka» de l'Union africaine, à savoir les anciens présidents, les représentants actuels, les nouveaux membres et le président de la Commission. L'idée est de soutenir les efforts déployés sous l'égide de l'ONU et de limiter la gestion de la question du Sahara à ce cadre-là, éloignant tout processus parallèle. Le Maroc refuse toute intervention de l'Union africaine dans la recherche d'une solution au conflit du Sahara occidental, contrairement au Front Polisario qui, avec ses alliés notamment l'Algérie et l'Afrique du Sud, tente d'associer l'organisation continentale aux séries de négociations en cours depuis 1991. Sahara occidental : Deux tiers des pays de l'UA présents à la Conférence de Marrakech Une participation décevante Si le Front Polisario donne une grande valeur au sommet sud-africain en évoquant une «grande présence internationale» et de «nombreux chefs d'Etat africains», les pays membres de la SADC n'ont pas tous été présents. Si seulement 11 Etats sur 16 ont participé, nombreux sont ceux qui ont réduit leur représentation au niveau des ministres ou des diplomates. Au grand dam du Polisario, seuls les chefs de trois Etats ont fait le déplacement en sus du pays hôte : le Botswana, la Namibie et le Zimbabwe. Parallèlement à ces absences, certains Etats de la SADC ont préféré participer à la Conférence ministérielle de Marrakech. C'est le cas du ministre des Affaires étrangères des Îles Comores, ainsi que son homologue malgache, le royaume du Swaziland est représenté par son ministre de la Fonction publique, alors que la Tanzanie a envoyé le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. S'exprimant tantôt pour les propositions marocaines tantôt pour le Polisario, la Zambie a été remarquée par sa présence à travers son chef de la diplomatie, qui n'a donc par participé au sommet de Pretoria. Certains pays ont choisi de satisfaire à la fois Rabat et Pretoria. En témoigne la position de l'Angola, représenté en ce moment en Afrique du Sud par son président et à Marrakech par son ambassadeur. Il en est de même pour le Malawi, qui a envoyé son ministre de la Justice en Afrique du sud et celui des Affaires étrangères au Maroc. De son côté, la République démocratique du Congo (RDC) est représentée par son chef de la diplomatie dans la cité ocre et par un autre ministre dans la capitale sud-africaine. Ces deux réunions se tiennent simultanément, quelques jours après la fin de la Table ronde de Genève (Suisse) et peu avant les débats au Conseil de sécurité des Nations unies sur la question du Sahara occidental. Article modifié le 2019/03/27 à 12h11