Alors que la question a été abordée lors de la réunion de son secrétariat général lundi soir, le Polisario organise en France une conférence sous le thème «la légitimité du Polisario et le projet du Sahara occidental». Une occasion pour les partisans de Brahim Ghali d'insister sur leur «légitimité», alors que des élus du Sahara sont de plus en plus présents pour représenter le Maroc lors de rendez-vous onusiens. La démission de l'Allemand Horst Köhler de son poste d'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental continue d'inquiéter le Polisario. Après s'être dit «profondément attristé d'apprendre» le départ de Horst Köhler, la question a été abordée de nouveau lors d'une réunion du secrétariat permanent du front séparatiste, organisée lundi à Tindouf. Une occasion pour le Front Polisario de mettre en avant les notions d'«autodétermination» et d'«indépendance» dans le communiqué issu de cette réunion. Le texte conclut en insistant, une fois encore, sur le fait que le Polisario «est le représentant unique et légitime du peuple sahraoui». Une conférence en France pour aborder la légitimité Une affirmation qui trouve son écho dans la conférence, organisée lundi et mardi à l'Université de Picardie d'Amiens (nord de Paris), par la représentation du Polisario en France. D'ailleurs, le thème de cette conférence n'est autre que la «légitimité du Polisario et le projet du Sahara occidental». A cette occasion, Abi Bouchraya Bachir, ténor du Polisario au sein de l'Hexagone, a exposé la thèse du Front devant «plusieurs experts en droit, en conflits internationaux, avocats et défenseurs des droits de l'homme», rapporte l'agence du front. Le représentant du Polisario a surtout réaffirmé «la légitimité juridique du Front comme représentant du peuple sahraoui», citant «le droit international, ainsi qu'une série de résolutions publiées par les Nations unies et la Cour de justice européenne récemment en 2016 et 2018, ainsi que d'autres résolutions sur l'Organisation de l'unité africaine et l'Union africaine et la Commission économique africaine des Nations unies». La décision des Nations unies exhibée à maintes reprises par le Polisario date de novembre 1979. Dans sa résolution numéro 34/37, l'Assemblée générale des Nations unies avait évoqué le dossier du Sahara occidental. Elle avait «recommandé que le Front Polisario, représentant du peuple du Sahara occidental, participe pleinement à toute recherche d'une solution politique juste, durable et définitive». Une résolution qui intervenait en pleine Guerre froide alors que les positions ont, depuis, changé. De plus, les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies ne sont pas contraignantes. Le Maroc de plus en plus représenté par les élus sahraouis Quant à l'intervention d'Abi Bouchraya Bachir, le représentant des partisans de Brahim Ghali, lorsqu'il mentionne la CJUE, oublie de rappeler que cette cour de l'Union européenne avait débouté son mouvement, pointant du doigt un «défaut de qualité pour agir» sur des accords qui évoquent pourtant le Sahara occidental. C'était notamment lors de sa fin de non-recevoir de juillet 2018 ainsi que lors du verdict de décembre 2016. L'inquiétude du Polisario quant à sa «légitimité de représentant» des Sahraouis trouvent ses origines dans la stratégie récente du Maroc d'opposer des élus originaires du Sahara aux représentants du Polisario. En mai dernier, lors du Séminaire régional du Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (C24), le Maroc était représenté par deux élus originaires du Sahara, comme lors de la rencontre en 2018. De plus, c'est depuis les premières rencontres avec le désormais ex-envoyé spécial pour le Sahara occidental, Horst Köhler, que le Maroc a mandaté ses élus. C'est à Lisbonne, en mars 2018, que Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine et Omar Hilale, représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, avaient été accompagnés par Hamdi Ould Errachid, Président de la région Laâyoune-Sakia El Hamra et Ynja Khattat, Président de la région Dakhla-Oued Eddahab. Les deux élus avaient aussi assisté, au côté de la Sahraouie Fatema El Adli, acteur associatif et membre du Conseil régional de Smara, aux deux tables rondes organisées à Genève sous les auspices de l'ONU.