Le gouvernement Rajoy est décidé à suspendre l'autonomie de la Catalogne pour, dit-il, rétablir l'«ordre constitutionnel». A l'exception de Podemos, les deux autres grands partis, Ciudadanos et le PSOE, sont en faveur de l'application de l'article 155 de la loi fondamentale de 1978. Curieusement, ces deux formations qui se prononcent encore pour l'autodétermination du «peuple du Sahara occidental» refusent d'accorder le même principe aux Catalans. Le jeu des échanges épistolaires entre Mariano Rajoy et Carles Puigdemont est sur le point de cesser. En cause, la teneur de la dernière lettre, envoyée ce matin par le président de la Catalogne, dans laquelle il écarte tout renoncement à l'option de l'indépendance. Pis, il menace, en cas de «suspension de l'autonomie» et de la «poursuite de la répression», de recourir à nouveau au parlement catalan pour «voter la déclaration de l'indépendance». Un texte que les députés de la Catalogne n'ont pas adopté lors de la session extraordinaire du 10 octobre. La missive de Puigdemont est arrivée au palais de La Moncloa vers 9 heures (GMT) ce jeudi. L'exécutif y a aussitôt répondu. Dans un communiqué, lu devant la presse par le porte-parole du gouvernement, il annonce «la poursuite des mesures prévues par l'article 155 de la constitution afin de restaurer la légalité de l'autogouvernement de la Catalogne». Le PP a la majorité au Sénat pour décréter la suspension de l'autonomie de la Catalogne A cet effet, le cabinet Rajoy tiendra, samedi 21 octobre, une réunion extraordinaire en vue d'adopter les décisions qu'il compte soumettre au Sénat afin de «protéger les intérêts généraux des Espagnols, dont les citoyens de la Catalogne, et l'ordre constitutionnel dans la communauté autonome», lit-on dans le texte. L'approbation de la suspension de l'autonomie est une question de temps. Au Sénat, le PP dispose d'une majorité confortable - 149 sénateurs contre 62 pour le PSOE et seulement 20 pour Podemos et ses alliés -, ce qui est à même de lui permettre de mener ses projets jusqu'au bout. Outre l'application de l'article 155, le gouvernement pourrait convoquer des élections générales anticipées en Catalogne, comme l'exige le parti Ciudadanos (centre droit), une composante de la majorité qui a une forte assise populaire dans la région. Des partis pour l'autodétermination des Sahraouis appuient «l'ordre constitutionnel» en Espagne A l'exception de Podemos, de grandes formations en Espagne comme le PSOE et Ciudadanos s'opposent à la volonté des Catalans de voler de leurs propres ailes. Ces deux enseignes politiques sont pourtant de ferventes partisanes de l'autodétermination du «peuple du Sahara occidental», comme elles le disaient et l'écrivaient. En avril 2016, les députés de Ciudadanos avaient déposé une proposition, non-contraignante, demandant au gouvernement de reconnaître le Polisario comme «le seul représentant légitime du peuple sahraoui» et de surcroît d'accorder à ses représentations en Espagne «le statut diplomatique». Ce deux poids, deux mesures n'est pas seulement le propre des partis ; le roi Felipe VI le pratique également. Le Maroc a quant à lui officiellement défendu l'unité territoriale de l'Espagne.