L'avenir de la Catalogne est désormais marqué par le sceau de l'incertitude au lendemain d'un référendum qui a jeté davantage de confusion sur le conflit. Ignoré par l'Europe, la Catalogne cherche à internationaliser sa cause. Une fragile lueur d'espoir a été entrevue lors de la conférence de presse donnée par le chef de l'Exécutif catalan, Carles Puigdemont, au lendemain du référendum d'autodétermination banni par Madrid. Plus serein, Puigdemont a laissé entrevoir un nouveau visage, aux antipodes de celui affiché hier à quelques heures de la fermeture des bureaux de vote. Tout en récriminant les interventions musclées des forces de l'ordre, Puigdemont a appelé au retrait des effectifs de renfort mandatés par Madrid. «La violence a été vue par tout le monde et l'Union européenne n'a rien à dire à ce sujet», s'est exclamé le chef de l'Exécutif catalan. La Commission européenne n'a pas attendu longtemps pour réagir. «Le référendum d'autodétermination est illégal», a-t-elle tranché. Pour la CE, ce qui se passe en Catalogne est une affaire interne qui devrait être gérée selon le droit constitutionnel. La CE a rappelé aussi qu'en cas d'auto-proclamation d'indépendance, la Catalogne sera, de facto, un territoire exclu de l'UE. Toutefois, la CE a appelé «à l'unité et la stabilité et à laisser de côté la fragmentation et la division», ajoutant que la violence ne peut être un instrument en politique et a appelé au dialogue au lieu de la confrontation. «Nous faisons confiance au leadership de Mariano Rajoy pour gérer cette situation dans un respect total des droits des citoyens de la Constitution espagnole», a ajouté la CE. Un schisme ibérique Plusieurs partis politiques, dont le PSOE accuse le PP et son leader d'avoir envenimé les relations entre Madrid et la Catalogne. Comment Rajoy pourrait-il être une partie de la solution ? = C'est d'ailleurs ce qui a poussé Puigdemont à réclamer une médiation internationale pour sortir de cet embourbement politique. La fracture n'a épargné aucun secteur de la société et a même touché les titres de presse. Le journal conservateur Abc a accusé de trahison la police catalane, et los Mossos d'Esquadra, selon ledit quotidien de passivité et manquement au devoir, tandis que le titre édité en Catalogne, la Vanguardia accuse le gouvernement central de répression à l'égard des votants. Les exactions des agents ibériques ont faut réagir le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), Zaid Ra'ad El Houssein. Celui-ci a appelé au dialogue et a demandé l'ouverture d'une enquête impartiale sur la violence policière perpétrée par certains effectifs de la Guardia Civil et de la Policia Nacional. Toutefois, les inquiétudes exprimées par le Haut-commissaire jordanien ne sont pas partagées par le ministre espagnol de la Justice, Rafael Catala. Selon ce responsable, ce sont les manifestants qui ont provoqué les agents, et ces derniers ont fait preuve de beaucoup de retenue. Cet imbroglio politique pourrait avoir un coût financier exorbitant et faire chanceler la fragile économie espagnole. Plus loin : Selon les analystes financiers, l'instabilité peut porter préjudice aux indicateurs économiques de l'Espagne et altérer la croissance économique. Les analyses de Citigroup ont imaginé un scénario catastrophique en cas de déclaration unilatérale d'indépendance et de l'application de l'article 155 de la Constitution espagnole de la part du gouvernement (intervention de l'Etat espagnol en Catalogne). En témoigne d'ailleurs la chute de 1,35% de l'indice boursier Ibex 35 dès son ouverture hier lundi. Et les plus affectées seront, justement, les banques catalanes.