Le divorce est consommé entre le gouvernement catalan et l'Exécutif espagnol. La situation vécue durant cette journée du 1er octobre en Catalogne ne peut être résumée que par le fameux tableau de Goya, «duel au gourdin». Le référendum d'autodétermination a creusé davantage le fossé entre Madrid et la Catalogne et a ôté le voile sur la profondeur de la fracture qui sépare les deux camps. A quelques heures seulement de l'ouverture du vote, le Govern a annoncé qu'il interpellera le Parlement européen et la Commission européenne pour défendre les Catalans contre l'intervention musclée des agents espagnols dans plusieurs points de cette région. De fait, la violence policière n'a eu d'égale que la détermination des votants à prendre part à ce scrutin, considéré illégal par le Tribunal Constitutionnel espagnol. Cela n'a pas empêché, dés l'aube, des milliers de Catalans de patienter fermement devant les bureaux de vote. Au terme de la journée, la Generalitat a déposé une plainte auprès du tribunal contre les agents de la Guardia Civil et la Police nationale espagnole, pour trouble à l'ordre public. De son côté, des magistrats catalans ont ouvert des enquêtes, suite à une plainte civile dénonçant la passivité des Mossos D'Esquadra, la police catalane. Quant au bilan de ces affrontements, le ministère de l'Intérieur parle de 19 policiers et 14 Guardia Civil blessés durant les altercations de ce dimanche, au moment où les services sanitaires catalans ont recensé 844 blessés, dont deux graves toujours hospitalisés. Après un silence pesant, Mariano Rajoy s'est exprimé en fin de journée, à la clôture du vote, pour rappeler que l'Espagne est un Etat de droit. «Nous avons fait ce qu'il fallait faire (...) Nous avons agi dans le cadre de la loi et seulement la loi». Loin de faire amende honorable, Rajoy a jeté toute la responsabilité des incidents survenus aujourd'hui sur le dos du président du gouvernement catalan, Carles Puigdemont et son équipe. «Il n'y a pas eu de référendum, nous avons assisté à une simple mise en scène», a martelé Rajoy. Dans cette comparution où le chef du gouvernement espagnol a refusé les questions de la presse, Rajoy n'a, en aucune occasion, fait référence aux interventions musclées des forces de l'ordre. De même, et après les déclarations des principaux partis politiques, aucune issue ne semblait poindre à l'horizon. Or, si a priori le référendum n'avait aucune valeur juridique, au vu des multiples irrégularités ayant taché cet exercice, les événements ont pris une tournure inespérée après le discours de Puigdemont. Sans se soucier de dévoiler le résultat du vote, Puigdemont a fait un discours qui s'apprête à une déclaration unilatérale d'indépendance. Le chef du gouvernement catalan a indiqué qu'il soumettra au Parlement catalan les résultats de cette consultation, afin d'initier le processus d'indépendance. Rajoy a convoqué les partis politiques pour un débat au congrès des députés. Des élections générales ne sont pas à écarter dans les prochains jours.