Depuis quelques années, les exportations marocaines d'agrumes font grise mine. Le produit le plus impacté reste l'orange. Jusqu'en 2009, les opérateurs en écoulaient 400 000 tonnes sur le marché international. Aujourd'hui, le volume export des oranges n'est que de 150 000 tonnes. Et pour cause, la qualité du produit ne satisfait pas toujours les exigences des marchés étrangers. Avec une production agrumicole actuellement de 2 millions de tonnes, les professionnels marocains s'attendent à exporter 550 000 à 600 000 tonnes d'agrumes cette année. Mais «tout dépendrait du comportement du marché des oranges», a indiqué à l'Economiste Ahmed Darrab, secrétaire général de l'Association des producteurs d'agrumes(Aspam). Alors que l'orange portait autrefois les exportations marocaines d'agrumes, le produit est devenu le maillon faible du secteur. Et pour cause, la modification de la structure sectorielle ces dix dernières années, couronnée par une forte concentration sur les petits fruits, la clémentine en l'occurrence. Ce fruit représente aujourd'hui, le gros des ventes à l'étranger d'agrumes. D'après les derniers chiffres de l'Etablissement autonome de contrôle et de coordination (Eacce), arrêtés au 12 février dernier - indique le quotidien économique - les sorties de clémentines sont de 300 000 tonnes sur 420 000 tonnes d'exportations globales. La qualité, un problème fondamental de l'orange marocaine Pourtant, jusqu'en 2009, le volume export des oranges s'élevait à 400 000 tonnes. Il n'est actuellement que de 150 000 tonnes, une baisse importante. Un opérateur a expliqué cet état des choses, indiquant que «c'est l'effet d'un marché local plus lucrative et moins exigeant en termes de qualité». Résultat : plus de 85% de la production d'oranges est écoulée sur le marché local. Simple paresse de nos professionnels ou situation irréversible ? Il est vrai que les marchés étrangers, européens notamment, sont pointilleux concernant la qualité. D'ailleurs en 2010, les importateurs néerlandais se plaignaient de la basse qualité des agrumes marocains. Mais les choses ne se sont pas tellement améliorées par la suite, puisqu'en décembre 2013, la mauvaise qualité gustative a encore pénalisé les exportations agrumicoles. Outre cela, le Maroc fait face à une forte concurrence, sur le marché international, de l'Afrique du Sud, de la Turquie ou encore de l'Egypte. Ce dernier, à titre d'exemple, dispose d'une superficie cultivée d'oranges trois fois plus élevée que celle du royaume (44 500 ha), selon L'Economiste. De plus, les Egyptiens se sont imposés sur le marché européen (UE) grâce à une production abondante, de bonne qualité, et une politique de prix bas, soit moins de 2 dirhams le kilo d'orange. Le Maroc est quant à lui réputé pour pratiquer des prix plus élevés. Et même sur le marché russe, qui a déjà «absorbé cette saison entre 55 et 60% du volume exporté jusqu'à présent», comme l'a souligné M. Darrab, l'orange marocaine ne fait pas le poids. Les professionnels, en quête de solutions Cherchant des solutions palliatives à la situation qui prévaut, les professionnels marocains entendent explorer d'autres marchés. Mais selon Maroc Fruit Board qui vise déjà le Canada, les Etats-Unis, l'Asie et l'Afrique, «l'accent doit être mis sur le marketing pour proposer un produit Maroc de qualité et différencié». Pour réaliser cela, Ahmed Darrab estime que les différents opérateurs devraient mettre un point d'honneur à l'harmonisation des processus de production et de conditionnement. Car, le dérapage d'un seul influe automatiquement sur l'image du «Made in Morocco». Par ailleurs, les pays du Golfe où le Maroc est quasi-absent sont d'autres pistes à explorer pour relever les exportations d'orange. Mais il s'agit là encore, des marchés bien fournis par les farouches concurrents du royaume. Du coup, nos professionnels devraient user de beaucoup de tact pour s'y positionner.