La justice algérienne a condamné à la perpétuité par contumace, ce lundi, le président du Mouvement d'autonomie de la Kabylie, Ferhat Mehenni. Le même verdict a été prononcé à l'encontre de Ibrahim Belabés alors que Lafdal Zidan et Boutagrit Mounir, ont écopé de 20 ans de prison ferme. Mehenni et ses camarades sont poursuivis par le pouvoir algérien pour avoir commandité les incendies ayant ravagé, l'été 2021, les forêts de la Kabylie. Ils sont également accusés de «perpétuation d'actes terroristes et subversifs susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l'Etat, l'unité nationale, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions». Le Mouvement d'autonomie de la Kabylie (MAK) est classé comme organisation terroriste, depuis mai 2021. D'ailleurs, Mehenni est ses camarades sont poursuivis pour «création d'organisations terroristes dans le but de commettre des actes terroristes et subversifs tombant sous le coup de l'article 87 bis» du code pénal amendé en 2021. Un article 87 bis décrié, le 11 novembre, par les représentants notamment des Etats-Unis, l'Australie, la Belgique et le Royaume-Uni, lors de l'Examen Périodique Universel de l'Algérie devant le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU. Un examen marqué par la présence de Ferhat Mehenni qui était assis en face du ministre algérien de la Justice, Abderrachid Tebbi, venu défendre le dossier de son pays. A cette occasion, Mehenni a dressé un réquisitoire contre le pouvoir algérien, l'accusant de mener un «génocide du peuple kabyle», «coloniser la Kabylie» et d'avoir mis le feu dans les forêts de la province en 2021. Au CDH de l'ONU, le chef du MAK était accompagné par plusieurs membres de la diaspora kabyle installés en Europe, qui ont organisé un sit-in pour réclamer l'indépendance de la région. Hier, la justice algérienne a réitéré le lancement d'un mandat d'arrêt international visant le chef du MAK. Mehenni est accusé, également, par le pouvoir algérien d'être à la solde du Maroc et d'Israël. Le royaume avait défendu, depuis la tribune des Nations unies, le droit du peuple kabyle à l'autodétermination. La dernière en date remonte à mai 2022 lors de la réunion du Comité des 24 de l'ONU, organisée en République de Sainte Lucie. «Vous demandez l'autodétermination pour les 20.000 personnes que vous séquestrez dans les camps de Tindouf, mais vous la déniez à un peuple de 12 millions d'habitants. Le peuple kabyle a subi trois colonisations : ottomane, puis française et maintenant algérienne», avait dénoncé le représentant du Maroc auprès de l'ONU, l'ambassadeur Omar Hilale.