Le taux moyen de remplissage des barrages marocains s'établit à 38,3 % au 31 mars, pour un volume total de 6,41 milliards de mètres cubes. Derrière cette moyenne nationale se cachent de profonds contrastes entre les bassins où certaines retenues affichent un niveau rassurant tandis que d'autres frôlent l'assèchement, soulevant des enjeux cruciaux de répartition et de gestion de l'eau. Le bassin du Loukkouss, avec un taux de remplissage de 61,6 % et un volume stocké de 1 177,6 millions de mètres cubes, figure parmi les mieux pourvus. Plusieurs barrages y sont à leur capacité maximale, notamment Oued El Makhazine (672,9 millions de mètres cubes), Nakhla (4,2 millions), Chefchaouen (12,2 millions) et Charif El Idrissi (121,7 millions). D'autres, à l'image de Smir (78 %, soit 30,5 millions), Tanger Med (71 %, soit 15,8 millions) et Kharroub (55 %, soit 104,4 millions), conservent des niveaux honorables. En revanche, certaines infrastructures enregistrent des taux préoccupants, à l'instar de Dar Khroufa et 9 Avril 1947, chacun limité à 23 % de leur capacité, avec respectivement 114,5 millions et 69,9 millions de mètres cubes. Le bassin du Sebou, qui joue un rôle central dans l'irrigation du nord du pays, affiche un taux de remplissage global de 51,5 %, soit un volume de 2 863,3 millions de mètres cubes. Si certains barrages frôlent la saturation, comme Bouhouda (100 %, soit 44,8 millions), Allal El Fassi (99 %, soit 63,4 millions) et Garde Sebou (98 %, soit 39,5 millions), d'autres affichent des niveaux plus modérés. Le gigantesque Al Wahda, plus grand réservoir du Royaume, atteint 57 % de sa capacité, avec 2 005,3 millions de mètres cubes, un niveau encore confortable mais qui demeure sous surveillance. Idriss Ier, essentiel à l'approvisionnement en eau de Fès et Meknès, tombe à 35 %, ne retenant plus que 399,9 millions de mètres cubes, tandis que El Kensera, autre infrastructure clé, chute à 34 %, avec seulement 73 millions stockés. À l'autre extrémité du spectre, le bassin d'Oum Erbiaa connaît une situation alarmante, avec un taux de remplissage global de 10,6 %, pour un volume de 527,4 millions de mètres cubes. Les grands barrages structurants affichent des niveaux dramatiquement bas : Bin El Ouidane (11 %, soit 138,2 millions), Al Massira (4 %, soit 116,2 millions) et Ahmed El Hanssali (18 %, soit 123,7 millions). Ces chiffres laissent augurer de fortes tensions hydriques pour les mois à venir, notamment pour l'alimentation en eau potable des grands centres urbains comme Casablanca et Marrakech. Face à ces écarts substantiels, la gestion interbassins et la planification des ressources apparaissent comme des défis majeurs. Tandis que certaines régions disposent encore de marges de manœuvre, d'autres se trouvent d'ores et déjà sous tension, appelant à des ajustements immédiats pour garantir un accès équitable à l'eau et préserver l'équilibre fragile des écosystèmes.