En Espagne, la droite classique, le centre-droit et l'extrême gauche ont mis sous le boisseau leurs profondes divergences pour dénoncer le soutien manifesté par le chef du gouvernement à la solution de l'autonomie proposée par le Maroc. L'appui du chef de Pedro Sanchez à la solution d'autonomie du Sahara occidental, proposée depuis 2007 par le Maroc, a été rapidement contesté aussi bien par l'opposition que par ses alliés au sein du gouvernement. Le parti Podemos, membre de la majorité au pouvoir depuis janvier 2020 à Madrid, dénonce un «virage» qui marque «l'abandon de la position de neutralité (de l'Espagne) et du consensus autour des résolutions des Nations Unies». La formation d'extrême gauche considère que «la seule solution est le référendum». Des sources au sein de Podemos indiquent à RTVE que cet alignement sur la position de Rabat «sera rejeté de facto, puisque ni le Polisario ni l'Algérie n'accepteront cette solution». La secrétaire général de Podemos et ministre des Droits sociaux et de l'Agenda 2030, Iona Belerra, ne partage pas la décision prise par son chef du gouvernement. Elle la critique en puisant des passages dans les résolutions de l'instance exécutive de l'ONU : «Le conflit du Sahara Occidental nécessite une "solution politique juste, durable et acceptable pour toutes les parties" conformément aux résolutions du Conseil de sécurité qui "prévoit l'autodétermination du peuple sahraoui". L'Espagne ne doit pas déroger au droit international.» El conflicto del Sahara Occidental exige una "solución politica justa, duradera y aceptable para todas las partes" de acuerdo con las Resoluciones del Consejo de Seguridad que "prevea la libre determinación del pueblo saharaui". España no debe apartarse del derecho internacional. — Ione Belarra (@ionebelarra) March 18, 2022 Le Parti populaire dénonce aussi, Vox prend son temps Une fois n'est pas courume, l'extrême gauche et la droite plurielle ont joué la même partition. Outre le rejet de Podemos, fidèle allié du Polisario, le Parti Populaire est monté au créneau pour demander la comparution de Pedro Sanchez devant la plénière de la Chambre des représentants afin qu'il explique «ce changement», a exigé la porte-parole du groupe des députés du PP, Cuca Gamarra. «Nous considérons qu'il est intolérable que ce changement d'une position politique de consensus traditionnel -sans aucun doute une politique d'Etat- se fasse sans en informer le principal parti d'opposition, ce qui met en évidence la manière dont Pedro Sanchez comprend la "politique d'Etat". Nous exigeons du sérieux et de la prudence dans tout ce qui concerne la politique étrangère de l'Espagne», a-t-elle souligné dans un communiqué. Le texte du parti de la droite traditionnelle a mis en garde contre les «répercussions de cette décision sur la politique énergétique, d'autant que l'Espagne dépend de l'Algérie pour son approvisionnement en gaz. Nous voulons donc savoir si le président du gouvernement a informé au préalable l'Algérie de cette décision». La formation Ciudadanos s'est également prononcée pour la comparution devant les députés du chef du gouvernement et du chef de la diplomatie : «Sanchez et Albares doivent comparaître de toute urgence devant le Parlement espagnol afin de clarifier la position du gouvernement concernant le Sahara.» Dans un communiqué, le parti de centre-droit a martelé que «la politique étrangère est une affaire d'Etat et il y a trop d'enjeux pour qu'ils se comportent de cette manière. C'est inacceptable». Seul Vox n'a pas commenté à chaud le soutien du chef de l'exécutif à la solution de l'autonomie proposée par le Maroc. Il fera connaitre sa position ce lundi à l'issue de la réunion de son Comité d'action politique. Le communiqué publié, hier soir, par la présidence du gouvernement espagnol insiste sur l'élaboration d'une «feuille de route claire et ambitieuse devant garantir la stabilité, la souveraineté, et l'intégrité territoriale et la prospérité de nos deux pays».