Pour s'assurer le soutien de Podemos lors de l'investiture en tant que chef de l'exécutif, prévu le 23 septembre, Pedro Sanchez pourrait sacrifier ses relations avec le Maroc. Il plaide, désormais, pour un élargissement de la mission de la MINURSO à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara. Sommes-nous en face d'un tournant dans les relations maroco-espagnoles ? Le PSOE de Pedro Sanchez à opéré une révision profonde de sa position sur le Sahara occidental. Le parti au pouvoir a exhumé une vieille revendication du Polisario déclarant : «Le gouvernement espagnol soutient les processus de négociations sur le Sahara occidental, tant aux niveaux des Nations unies que dans d'autres cadres, basé sur un total respect des obligations du droit international.» Et au risque de susciter à Rabat des grincements de dents, voire même plus, le PSOE s'est engagé officiellement à élargir les prérogatives de la MINURSO. «Nous appuierons un élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l'Homme» dans la région. Lâcher du lest sur la question du Sahara pour s'assurer le vote de Podemos Une mesure inscrite dans le document «Proposition ouverte pour un programme commun progressiste», élaboré par les socialistes et révélé le mardi 3 septembre à Madrid. Elle constitue une nouveauté par rapport à la ligne observée jusque là par la gauche classique mais également par le PP quand il était au pouvoir. En effet aux élections anticipées du 28 avril, ils avaient plutôt plaidé pour une «solution du conflit qui soit juste et mutuellement acceptée» entre les parties. Premier constat, la nouvelle proposition du PSOE ne fait que reprendre une promesse électorale du programme d'Unidas-Podemos au dernier scrutin. Une consession de la part des socialistes en direction des 40 députés que compte Podemos à la Chambre basse alors que Pedro Sanchez se soumettra à nouveau le 23 septembre, à l'épreuve du vote de confiance des députés au projet de son investiture pour former un nouveau gouvernement. Tirant les leçons de son échec du 25 juillet dernier, le chef du PSOE parait disposé à lâcher du lest sur une question prioritaire pour les camarades de Pablo Iglesias, d'ailleurs très engagé dans la préparation des campagnes de mobilisation du Polisario aussi bien en Espagne qu'au Parlement européen. Même dans les pires phases de crise entre Rabat et Madrid, aucun parti espagnol au pouvoir ne s'est engagé à soutenir publiquement la surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental par la mission onusienne. Pour mémoire en 2013, au Conseil de sécurité, le voisin ibérique, alors dirigé par le PP de Mariano Rajoy, avait pris ses distances concernant le projet de résolution de l'administration Obama d'élargir les prérogatives de la MINURSO.