Avec une popularité en berne par rapport à 2015 et 2016, Podemos aborde l'échéance électorale du 28 avril avec la promesse de reconnaître la «RASD». Une promesse qui avait pourtant disparu de son programme publié en 2016. En Espagne, l'extrême droite et l'extrême gauche sont au moins d'accord sur leur hostilité à l'égard du Maroc. Pour Rabat, c'est d'ailleurs le principal enseignement à tirer de la campagne électorale des législatives anticipées du 28 avril prochain. Si Santiago Abascal, le chef du parti d'extrême droite Vox, a réclamé au royaume de payer la facture de la construction des «murs» à Ceuta et Melilla, Podemos a choisi de revenir à ses premières amours en agitant la carte de la reconnaissance de la «RASD». Une revendication qui figure en effet au programme électoral du parti de Pablo Iglesias, au même titre que «l'élargissement du mandat de la MINURSO à la protection et à la promotion des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de la population sahraouie». Les camarades appellent le gouvernement de Madrid à «établir des relations diplomatiques avec la RASD» et à permettre aux «Sahraouis résidents [en Espagne] d'accéder à la nationalité espagnole». En 2016, Podemos avait fait fi du Polisario Ces revendications s'inscrivent en droite ligne avec la littérature de Podemos, marquée par son alignement sans concession sur les thèses du Polisario aussi bien en Espagne qu'au Parlement européen. Néanmoins en 2016, la formation s'était montrée opportuniste en mettant sous le boisseau son traditionnel appui au Front. En témoigne ses promesses électorales publiées le 15 février 2016, où tous les engagements pris par les camarades de Pablo Iglesias pour appuyer l'«indépendance du Sahara occidental» avaient été définitivement mis sous le tapis. Pire encore pour les intérêts du Polisario, le terme de «Sahara occidental» ne figurait même plus dans les 95 pages du texte, alors qu'ils s'étaient montrés disposés à reconnaître l'Etat de Palestine en cas d'accès au pouvoir. Une modération envers le Maroc qui répondait aux impératifs d'un contexte particulier : il y a trois ans, Podemos et le PSOE de Pedro Sanchez avaient scellé une alliance pour le partage du pouvoir. Mais actuellement, c'est devenu chacun pour soi. En attendant les résultats du scrutin du 28 avril et le dépouillement des voix, les sondages prédisent une victoire du bloc de gauche formé par le PSOE et les deux ramifications de Podemos (Unidos Podemos et En Comú Podem (catalan)) grâce notamment à la forte poussée des socialistes qui devraient occuper, sauf surprise majeure, la première position avec 138 sièges. En revanche les camarades de Pablo Iglesias enregistreraient une baisse d'environ 7% par rapport aux législatives de juin 2016. Une perspective qui devrait rassurer le Maroc. Article modifié le 2019/04/09 à 18h12