En Espagne, Podemos fait tout pour organiser une réunion sur le Sahara occidental au Parlement espagnol. Même après l'interdiction de la rencontre par le bureau de la chambre basse, le parti politique résolument anti-marocain vient de saisir la Cour constitutionnelle. Nouveau rebondissement dans l'affaire de la réunion pro-Polisario interdite, fin octobre dernier, par le bureau du Congrès des députés, l'équivalent de la Chambre des représentants du Parlement espagnol. Vendredi, le porte-parole adjoint du groupe Unidos Podemos-En Comú Podem-En Marea, Txema Guijarro, et le député de Podemos, Sergio Pascual ont présenté un recours devant la Cour constitutionnelle espagnole «Nous saisissons la Cour parce que nous estimons que le bureau du Congrès a outrepassé ses fonctions en empêchant une réunion d'élus, de parlementaires européens, de membres des autres chambres régionales et de ceux du congrès lui-même», a confié dimanche le député de Podemos au média espagnol Cuartopoder. «Notre travail consiste à délibérer et à façonner l'opinion afin de préparer le travail législatif qui nous correspond en tant qu'élus», a-t-il ajouté. L'élu de Podemos ne manque pas d'impliquer le royaume, expliquant que «le refus d'organiser l'événement était spécifiquement lié à ce dernier, parce que c'est quelque chose qui concerne le Sahara occidental, un sujet qui rend le Maroc très nerveux». «Jamais il n'y a eu d'interdiction jusqu'à ce que la question du Sahara survienne», enchaîne-t-il, accusant «le PP et le PSOE de prendre toutes les mesures nécessaires, même pour enfreindre tout principe fondamental de l'état de droit, tel que la séparation des pouvoirs, lorsqu'il s'agit de leurs relations avec le Maroc». Aquí el documento del registro ? pic.twitter.com/Vs0cLHA9qs — Sergio Pascual (@pascualsergio) 11 janvier 2019 Un rapport de la diplomatie espagnole derrière l'interdiction L'interdiction, par le bureau du Congrès des députés, d'une réunion sur le Sahara date d'octobre dernier. Alors que les élus de Podemos se préparaient à recevoir, le 16 novembre 2018, plusieurs personnalités et hauts responsables du Front Polisario, à l'image de M'Hamed Khaddad et Bachir Mustapha Sayed, au sein du Parlement espagnol, les députés socialistes (majorité gouvernementale), et ceux du Parti Populaire (opposition), ont mis de côté leurs divergences pour voter contre cette rencontre. Une décision émanant d'un rapport élaboré par la diplomatie espagnole suite à la demande des députés du PSOE et du PP, dans lequel les services de Josep Borrell, ministre de l'Intérieur, mettaient en garde contre les conséquences d'une telle rencontre. Le bureau de la chambre basse a donc fini par se prononcer contre la tenue de cette dernière. Podemos, qui disposait pourtant du soutien des députés de Ciudadanos (centre-droit), avait alors demandé au bureau de la chambre de revoir sa position. Le 15 novembre, sa saisine afin de réexaminer le verdict rendu le 31 octobre avait été rejetée. C'est d'ailleurs sur ce recours que la Cour constitutionnelle doit se prononcer dans les jours qui viennent. Ce n'est pas la première fois que le parti de Pablo Iglesias critique ouvertement le Maroc et affiche son soutien au Front Polisario. Podemos mentionne clairement sur son site officiel son soutien à «l'autodétermination du Sahara occidental et l'attribution de la nationalité espagnole à la population sahraouie vivant en Espagne». Le parti propose même la «nomination d'un représentant spécial de l'Union européenne pour le Sahara occidental [pour] surveiller régulièrement le règlement du conflit au niveau communautaire».