En Espagne, Podemos exige des ministres dans le prochain gouvernement. La qualité des relations entre Rabat et Madrid pourrait pâtir d'une entrée des camarades de Pablo Iglesias au sein de l'exécutif présidé par Pedro Sanchez. Après les communales du 26 mai, Pedro Sanchez a démarré les discussions officielles avec certains chefs de partis politiques en vue de parvenir à une majorité à la Chambre basse (176 sièges), lui assurant de prolonger pour quelques années supplémentaires son bail au palais de la Moncloa. Néanmoins, les choses ne s'annoncent guère faciles pour le leader du PSOE, notamment avec Unidas-Podemos. Jusqu'à présent les négociations buttent sur la ferme volonté du parti d'extrême gauche d'intégrer l'exécutif. Pablo Iglesias a clairement fait savoir dans une interview accordée le 16 juin à El Pais qu'il veut des postes clés au sein du prochain gouvernement qui correspondent au poids réel de sa formation sur l'échiquier politique partisan en Espagne. Pour rappel, Unidas-Podemos a glané 42 députés aux élections législatives du 28 avril alors que le PSOE en a remporté 123. Iglesias exige donc un tiers des ministères. L'entrée des camarades d'Iglesias, menace pour le Maroc ? Pour l'instant le PSOE semble faire la sourde oreille à ces revendications. Les médias ibériques indiquent que Pedro Sanchez aurait mis sur la table des négociations une offre de «postes intermédiaires dans l'administration et non pas au conseil des ministres», rapporte ce mercredi la chaîne Canal Sur et le quotidien El Pais. La perspective de voir Iglesias ou d'autres membres de Podemos à la tête de ministères n'enchantent guère certaines forces politiques et économiques en Espagne, y compris au sein du PSOE ; et bien entendu au Maroc. En effet, le parti d'extrême gauche a des positions contradictoires avec la politique marocaine suivie par Pedro Sanchez depuis son accession à la primature en juin 2018, et ce, sur de nombreux dossiers. Sur la question du Sahara occidental, l'accord de pêche entre le royaume et l'Union européenne, Podemos est résolument contre le Maroc. Il en est de même sur la question du Hirak du Rif et du rôle joué par Rabat dans la lutte contre les réseaux d'immigration. Des positions que les camarades de Pablo Iglesias ne se lassent pas de réitérer au Parlement espagnol, dans les Assemblées des régions autonomes et au Parlement européen. Sanchez tient à la bonne entente avec Rabat Dans ce cas comment les concilier avec les axes directeurs de la politique étrangère de Pedro Sanchez ? Sans doute un défi majeur pour le chef du PSOE, d'autant que celui-ci a affirmé dans une tribune publiée à la veille des législatives du 28 avril que les relations entre Rabat et Madrid «ont une dimension humaine et stratégique, comme pays voisins et amis qui coopèrent de manière étroite dans des secteurs prioritaires dont (…) la gestion des flux migratoires» «Le progrès et la prospérité du Maroc constituent un élément décisif pour la stabilité de la Méditerranée occidentale et particulièrement pour l'Espagne.» Pedro Sanchez Outre la question migratoire, il y a lieu de rappeler également la coopération entre les deux pays dans la lutte contre les cellules terroristes islamistes et le trafic de drogue. La participation de Podemos au sein du gouvernement Sanchez, pourrait donc constituer le grain de sable dans les relations renforcées entre Rabat et Madrid.