Lundi, au lendemain de la publication de l'accord en 14 points passé entre les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, le texte a été snobé par les étudiants en médecine et médecine dentaire à l'échelle nationale. Les examens de fin d'année ont été boycottés en début de semaine… et les étudiants n'ont pas dit leur dernier mot. Hamza Karmane, étudiant en 5ème année à la faculté de médecine publique de Rabat, a confié à Panorapost que les revendications de l'ensemble de ces apprentis médecins se résument principalement en trois axes. 1- Améliorer la qualité de la formation ; 2- Protéger le service public ; 3- Elargir le terrain de stage. Ces étudiants en médecine, qui se comptent par milliers au Maroc, insatisfaits par la manière dont les départements de la santé et de l'enseignement supérieur au gouvernement gèrent la formation, continuent de réclamer l'établissement d'un nouvel accord plus convaincant. Egalement membre de la Commission nationale des étudiants en médecine et médecine dentaire (CNEMMD), Hamza Karmane précise que « protéger la faculté de médecine publique consiste à séparer les deux systèmes d'enseignement ». Il défend alors l'idée que « les deux formations doivent être parallèles ». S'agissant de l' « extension du terrain de stage », il est demandé au gouvernement d'agrandir les centres hospitaliers universitaires (CHU), équiper de nouvelles structures, interdire aux étudiants des facultés privées d'effectuer leur stage aux CHU publics, étant entendu qu'au départ, en 2014, il était entendu que les privés disposeraient de toutes leurs infrastructures. Un accord en 14 points snobé Après avoir été dans la tourmente à cause de la crise des professeurs contractants, le ministre de l'enseignement supérieur se retrouve quelques mois après dans la même situation, mais avec les étudiants en médecine cette fois. Critiqué, le texte proposé par Anas Doukkali et Saïd Amzazi dimanche, reste opaque selon ces futurs médecins très remontés car ayant perdu confiance. Dans le texte, les deux ministres affirment que les conditions d'examen de l'internat et du résidanat, n'ont pas été changées. Hamza affirme que ses camarades « veulent qu'on leur promette qu'il n'y aura aucun changement », concernant ces deux examens qui décident de la suite du cursus universitaire. Actuellement, que ce soit pour le résidanat ou pour l'internat, les inscrits en faculté privée ne font pas partie des « appelés ». Pour rappel, en 2015, un premier accord avait été conclu entre les deux ministères tenus à l'époque par Houcine El Ouardi et Lahcen Daoudi. Celui-ci avait calmé les étudiants après plusieurs semaines de négociations infructueuses. Il y a donc quatre ans, la principale revendication des futurs médecins et dentistes était liée au projet de loi du service sanitaire sans oublier les multiples demandes liées au désengorgement des CHU et celles de l'allègement du portefeuille des étudiants en médecine dentaire. Cette conclusion avait été fêtée dans les facultés de médecines à travers le pays. Le problème est qu'aujourd'hui, les étudiants relèvent d'étranges similitudes entre les deux textes. Selon eux, les décisions d'il y a quatre ans n'ont pas été respectées. Ceci est donc la « cause du manque de confiance des étudiants envers le gouvernement », a relevé Hamza. Pour l'heure, Hamza et ses camarades campent sur leurs positions, ils se disent prêts à entamer des négociations, qui aboutiraient à un nouvel accord. Répondant à la question sur le devenir de cette année marquée par des perturbations, ce sera à Said Amzazi de trancher si oui ou non il y aura année blanche. Et puis, pour compliquer encore plus les choses qui le sont déjà, le ministère de l'Enseignement supérieur a suspendu, avec gel de leurs salaires, trois enseignants universitaires de médecine, ce qui a immédiatement déclenché un vaste mouvement de solidarité de leurs confrères. Amzazi et Doukkali devraient le savoir : la contestation des étudiants en médecine est rude, et très difficile à calmer sans bonne foi, confiance et efficacité des décisions.