Plus de 10.000 étudiants et étudiantes en médecine (générale, dentaire, pharmacie) ont participé ce jeudi 30 mai, à la marche nationale, organisée à Rabat, par la coordination nationale des étudiants en médecine (CNEM). La marche a démarré du ministère de la Santé jusqu'au Parlement. Toutefois, les étudiants d'Agadir ont été interdits de participer à la marche. Les détails. Malgré l'appel de Said Amzazi et d'Anass Doukkali aux futurs médecins à reprendre les études en vue de passer les examens, les étudiants en médecine sont attachés plus que jamais à la totalité de leur dossier revendicatif et ne semble pas vouloir céder face à la pression de leurs deux ministères de tutelle. Déterminés à obtenir et faire valoir leurs droits « académiques et légitimes » et ne craignant absolument pas le spectre de l'année blanche, les étudiants en médecine des 9 facultés publiques du Royaume ont d'abord tenu un sit-in devant le ministère de la Santé où ils n'ont pas manqué de créativité pour faire entendre leur voix. « 2015 : Service obligatoire – 2019 : Privatisation des facultés publiques. What's Next ? (Que se passera-t-il après ?) », « Ma dignité avant mes examens » ou encore « Mort de la faculté publique dans 3,2,1 BOOM ». Pour Salma, étudiante en médecine dentaire à la faculté de Rabat et membre de la CNEM, qui s'est exprimée au micro de Hespress Fr « le ministère de la Santé et le ministère de l'Enseignement supérieur ne font que reformuler les mêmes points dans leurs communiqués et projets d'accords qu'ils proposent, mais concrètement, rien ne se passe surtout du côté des points de non-retour que les étudiants ne souhaitent pas céder ». Et de poursuivre que «cela fait 2 mois que nous boycottons les cours, les TP-TD, stages médicaux et maintenant les examens. Si Said Amzazi et Anass Doukkali voulaient vraiment qu'on regagne nos classes, ils auraient pu répondre à nos revendications légitimes. Mais au lieu de ça, ils optent pour les menaces et la pression. Nous ne lâcherons pas. Les étudiants de médecine sont convaincus plus que jamais par leurs revendications». Interrogée sur la décision du ministre de l'Enseignement supérieur de maintenir la date des examens, prévue du 8 au 15 juin, malgré le boycott des étudiants, Salma a expliqué que « le ministre Said Amzazi dit que les étudiants qui ne passeront pas les examens à la date prévue seront considérés comme redoublants. Comment peut-on considéré un étudiant qui boycotte les TP – TD et stages hospitaliers comme redoublant. 91% des étudiants en médecine du Maroc ont décidé de maintenir le boycott dans le cadre d'un mouvement de lutte qu'il mènent pour, justement, protéger leur formation et la faculté publique ? ». En ce qui concerne le concours d'internat et de résidanat, les étudiants en médecine des facultés publiques ont été clairs et nets sur ce point. Ils refusent catégoriquement que les étudiants en médecine privée viennent le passer au sein des centres hospitaliers universitaires (CHU)». «Les CHU publics appartiennent aux étudiants en médecine des facultés publiques, du moment où c'est nous qui nous battons pour élargir les terrains de stages, c'est nous qui nous battons pour que les CHU soient bien équipés afin que le citoyen marocain puisse être bien reçu et soigné. Les étudiants de la faculté privée ont leur propre CHU, ils ont qu'a passé leurs internat et résidanat là-bas » a-t-elle soulevé. Les étudiants en médecine de la faculté d'Agadir ont, quant à eux, été interdits de participer à la marche, souligne Salma. «Ils ont réservé trois autocars pour hier, afin qu'ils puissent se rendre à Rabat et participer à la marche. À leur grande surprise, on leur annonce à la dernière minute que leur réservation a été annulée suite à des ordres reçus (d'en haut). Quelques étudiants seulement ont pu venir en faisant des auto-stops», a-t-elle expliqué. Rappelons que le gouvernement s'est dit disposé à poursuivre le dialogue avec les représentants des étudiants de médecine et de pharmacie et de médecine dentaire en vue d'aboutir à des solutions, appelant les étudiants à reprendre les études en vue de passer les examens. Lors d'un point de presse tenue à Rabat, mercredi 29 mai, où le ministre de l'Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi, et le ministre de la Santé, Anas Doukkali ont souligné que leurs départements ont répondu favorablement à la majorité des points soulevés dans le dossier revendicatif des futurs médecins, avec un taux de 90%. Toutefois, les étudiants en médecine exigent de leurs ministères de tutelle de répondre à la totalité de leurs revendications.