Le Maroc demeure relativement épargné par le terrorisme mais l'évolution des menaces dans la région impose une vigilance accrue. Selon le Global Terrorism Index 2025, publié par l'Institute for Economics & Peace, le royaume ne figure pas parmi les pays les plus affectés par ce fléau et n'a connu aucun attentat ces cinq dernières années. Une situation qui contraste avec celle de plusieurs Etats du Sahel et du Maghreb où l'activité de groupes djihadistes s'étend. Une stabilité préservée malgré un environnement régional instable Selon le document qui se décline en 111 pages, le nombre de pays ayant enregistré au moins un attentat terroriste en 2024 est passé de 58 à 66. Le Maroc, lui, se distingue par l'absence d'incidents majeurs sur son territoire. À titre de comparaison, le Burkina Faso, le Pakistan et la Syrie comptent parmi les pays les plus touchés, enregistrant respectivement 1 532, 1 081 et 930 décès dus au terrorisme en 2024. La région du Sahel, qualifiée dans le rapport de «nouvel épicentre mondial du terrorisme», concentre désormais 51 % des morts liées aux attaques terroristes, un chiffre dix fois supérieur à celui de 2019. L'étude met en évidence une augmentation de l'activité des principales organisations djihadistes, notamment l'Etat islamique (EI) et ses affiliés, Jamaat Nusrat Al-Islam wal Muslimeen (JNIM), Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) et Al-Shabaab, responsables ensemble de 4 204 morts en 2024, soit une hausse de 11 % par rapport à l'année précédente. L'influence de ces groupes s'étend désormais à 30 pays, contre 29 en 2023. Une menace qui évolue à l'échelle mondiale Si le nombre total de victimes dues au terrorisme a baissé de 13 % en 2024, s'établissant à 7 555, cette baisse s'explique en grande partie par le recul de la violence en Birmanie. En revanche, hors de ce cas particulier, les attaques terroristes auraient augmenté de 8 % à l'échelle mondiale. L'Europe, longtemps préservée d'attaques de grande ampleur, a vu le nombre d'attentats doubler, passant de 34 en 2023 à 67 en 2024, notamment en Allemagne, en Suède, aux Pays-Bas, en Finlande, au Danemark et en Suisse. Le rapport souligne que 20 % des personnes arrêtées pour terrorisme sur le continent européen sont des mineurs, un phénomène inquiétant qui traduit l'impact croissant de la radicalisation en ligne. Un positionnement stratégique pour le Maroc Dans ce contexte, le Maroc s'emploie à soutenir ses dispositifs de prévention et à élargir sa coopération avec ses partenaires régionaux et internationaux. Le royaume joue un rôle central dans la lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord, notamment grâce à son Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), qui a déjoué plusieurs tentatives d'attentats ces dernières années. L'un des défis majeurs réside dans la gestion des flux migratoires, que les groupes djihadistes exploitent pour recruter et infiltrer des combattants. Le rapport met en lumière une hausse des violences à l'encontre des migrants en Europe et en Amérique du Nord, notamment en raison de la montée des tensions liées au conflit à Gaza. Aux Etats-Unis, les crimes haineux visant la communauté juive ont bondi de 270 % en deux mois après le début de la guerre, et des phénomènes similaires ont été observés en France, en Allemagne et en Australie. Si le Maroc est aujourd'hui l'un des pays les mieux classés en matière de sécurité dans la région, il n'en demeure pas moins confronté aux défis liés à l'instabilité de ses voisins et à l'évolution des menaces transnationales.