Quelque 1,19 million de réfugiés, dont de très nombreux Syriens, ne pouvant rester dans leur pays d'accueil pour des raisons notamment de sécurité ou de manque de places, devront être relocalisés dans des pays tiers en 2017, a annoncé l'ONU lundi. Ce chiffre représente une explosion des besoins de 72% entre 2014 et 2017, a relevé le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR) dans un communiqué. Un bond spectaculaire qui s'explique surtout par le conflit syrien qui a forcé des millions de personnes à quitter leur pays. D'après les projections de l'ONU, en 2017, les réfugiés syriens devraient représenter environ 40% des besoins en relocalisation, suivis des Soudanais (11%), des Afghans (10%) et des réfugiés de la République Démocratique du Congo (9%). Le nombre de places disponibles pour les relocalisations reste toutefois très largement insuffisant, déplore le HCR, qui se heurte au fait que très peu de pays acceptent de recevoir les réfugiés et que beaucoup de gouvernements mettent en place des quotas annuels d'admission. L'agence onusienne n'espère ainsi pouvoir relocaliser que 170.000 réfugiés l'an prochain (contre 143.000 cette année et plus de 100.000 en 2015). L'année dernière, comme les années précédentes, les Etats-Unis ont été le pays à recevoir le plus grand nombre de réfugiés (82.491) ayant besoin d'être relocalisés, devant le Canada (22.886), l'Australie (9.321), la Norvège (9.321) et le Royaume-Uni (3.622). «Il reste encore beaucoup à faire pour faire face au nombre croissant de ceux qui sont très vulnérables», a affirmé le Haut-Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi. D'après des estimations de l'ONU publiées en mars, au moins 480.000 Syriens, soit 10% du total des réfugiés et déplacés qui ont fui le conflit, auront besoin de trouver un pays tiers au cours des trois prochaines années. Les hotspots : des «zones de confinement forcé» De son côté, le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a dénoncé le fait que les centres d'enregistrement des migrants arrivant sur les îles grecques en provenance des côtes turques sont essentiellement de «vastes zones de confinement forcé» S'exprimant devant le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies à Genève, le haut-commissaire a expliqué que son personnel a observé une «augmentation inquiétante des détentions de migrants en Europe», y compris dans les centres d'enregistrement construits en Grèce et en Italie, également appelés «hotpots» «Même les enfants non accompagnés sont souvent placés dans des cellules de prison ou dans des centres entourés de barbelés», s'est insurgé M. Zeid Les camps d'enregistrement de migrants dans les îles grecques, comme celui de Moria, sont devenus des camps de rétention fermés depuis la mise en place de l'accord UE-Turquie le 20 mars qui prévoit le renvoi quasi-systématique des migrants irréguliers. Le haut-commissaire a demandé à l'Union européenne de mettre en place un système permettant de comptabiliser ces détentions. «Ces chiffres seraient, je le crains, choquants», a-t-il dit, déplorant par ailleurs la «réthorique antimigrants» qui se répand sur le continent européen et qui pousse à la violence, comme en Bulgarie. Il a en revanche loué les efforts réalisés par certaines villes européennes pour répondre aux besoins des migrants, citant Lampedusa et Paris. Il a par contre relevé que sur les 160.000 personnes que les pays européens s'étaient engagés à relocaliser en septembre 2015, moins de 1.600 l'ont été jusqu'à présent. Quelque 208.150 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe cette année en passant par la Méditerranée, et plus de 2.850 sont morts ou portés disparus, selon les chiffres du haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR) publiés lundi sur son site internet. La majorité (157.119) sont des Syriens, des Afghans et des Irakiens arrivés en Grèce depuis la Turquie. Près de 50.000 autres, en majorité des personnes venues de pays d'Afrique sub-saharienne, sont entrés en Italie en provenance essentiellement des côtes libyennes. Le chaos régnant en Libye depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011 profite aux trafiquants d'êtres humains et des milliers de migrants tentent chaque année de rejoindre l'Europe dont les côtes ne sont distantes que de 300 kilomètres. «Lors d'une visite dans un centre de migrants (en Libye, ndlr), le personnel de l'ONU a trouvé des dizaines de personnes entassées dans des salles sans même un espace pour s'allonger», a affirmé M. Zeid.